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LA LETTRE : MIROIR DE L'ÂME ?

Publié le 20/01/2020

Extrait du document

> QUESTION [4 points]

Après avoir observé les caractéristiques des lettres de ce corpus, vous dégagerez l’image que Flaubert s’attache à donner de lui-même à chacun de ses correspondants.

> TRAVAIL D'ÉCRITURE [16 points]

I - Commentaire

Écrites le même jour à deux correspondantes, les lettres du 8 octobre 1859 constituent deux discours à la fois proches et différents.

Comparez ces deux lettres sous la forme d’un commentaire organisé (textes 3 et 4).

Il - Dissertation
Dans quelle mesure l’art épistolaire, qu’il s’agisse de lettres authentiques ou fictives, permet-il une construction de l’image de soi, à la fois adaptée au destinataire et choisie par l’épistolier ?
Vous répondrez à cette question en un développement composé, prenant appui sur les textes du corpus, ceux que vous avez étudiés en classe et vos lectures personnelles.
III - Écrit d'invention
Rédigez à l’intention d’un écrivain contemporain, que vous nommerez, une lettre pour lui dire votre admiration pour une de ses œuvres que vous venez de lire. Vous écrirez ensuite un bref billet à un camarade pour commenter cette lettre.
Vous pourrez vous inspirer plus particulièrement des textes 1 et 2 du corpus. N.B. : Vous ne signerez pas cette lettre.

> CORPUS

1. G. FLAUBERT, Lettre à Victor Hugo, Croisset, 15 juillet 1853.

2. G. FLAUBERT, Lettre à Louise Colet, Croisset, 15 juillet 1853.

3. G. FLAUBERT, Lettre à mademoiselle Leroyer de Chantepie, Croisset, 8 octobre 1859.

4. G. FLAUBERT, Lettre à Jeanne de Tourbey, Croisset, 8 octobre 1859.

Plan de la dissertation

I - Certes, la lettre propose une image maîtrisée du scripteur

II - Mais la lettre peut aussi trahir le scripteur

III - Enfin, la lettre peut avoir d'autres fonctions que la fonction émotive et ne pas être centrée sur le scripteur

> QUESTION

Dans ces quatre lettres, adressées a différents correspondants, Flaubert donne une image de lui-même très diverse.

Tout d’abord, Flaubert se dessine comme un érudit. En effet, dans son éloge de/à Victor Hugo (texte 1), dans sa lettre à mademoiselle Leroyer de Chantepie (texte 3) mais aussi dans celle à Jeanne de Tourbey, il s’avère capable de citer un vers de Racine tiré de Phèdre (« Chatouillé de mon cœur l’orgueilleuse faiblesse »), multiplie les références aux titres d’ouvrages hugo-liens (texte 1 : « Notre-Dame et Napoléon le Petit» ; texte 3 : « la Légende des Siècles ») ou pastiche le style emphatique et grandiloquent de Lamartine (« texte 4 : « Hélas ! aucune « amante » ne serait venue sur « ma tombe isolée » et le « pâtre de la vallée »). Il se fait également critique littéraire quand il conseille la lecture de Renan ou d’About (texte 3).

De plus, Flaubert oscille entre orgueil et humilité. Orgueil, lorsqu’il dévoile un caractère irrévérencieux à l’égard de son aîné en littérature

« France métropolitaine, juin 2004 la turpitude politique et l'on ne peut faire un pas sans marcher sur quelque chose de sale.

L'atmosphère est lourde de vapeurs nauséabondes.

De l'air ! 15 de l'air ! Aussi j'ouvre la fenêtre et je me tourne vers vous.

J'écoute passer les grands coups d'ailes de votre Muse et j'aspire, comme le parfum des bois, ce qui s'exhale des profondeurs de votre style.

Et d'ailleurs, Monsieur, vous avez été dans ma vie une obsession char­ mante, un long amour ; il ne faiblit pas.

Je vous ai lu durant des veillées 20 sinistres et, au bord de la mer, sur des plages douces, en plein soleil d'été.

Je vous ai emporté en Palestine, et c'est vous encore qui me consoliez, il y a dix ans, quand je mourais d'ennui dans le quartier Latin.

Votre poésie est entrée dans ma constitution comme le lait de ma nourrice.

Tel de vos vers reste à jamais dans mon souvenir, avec toute l'importance d'une aven- 25 ture.

Je m'arrête.

Si quelque chose est sincère pourtant, c'est cela.

Désormais donc, je ne vous importunerai plus de ma personne et vous pourrez user du correspondant3 sans craindre la correspondance.

Cependant, puisque vous me tendez votre main par-dessus l'Océan, je 30 la saisis et je la serre.

Je la serre avec orgueil, cette main qui a écrit Notre­ Dame et Napoléon le Petit, cette main qui a taillé des colosses et ciselé pour les traîtres des coupes amères, qui a cueilli dans les hauteurs intellectuelles les plus splendides délectations et qui, maintenant, comme celle de !'Hercule biblique, reste seule levée parmi les doubles ruines de l'Art et de 35 la Liberté ! À vous donc, Monsieur, et avec mille remerciements encore une fois.

Eximo 4 1.

Victor Hugo avait joint à une de ses lettres à Flaubert son propre portrait, peint par son fils.

2.

Allusion au monstre mythique évoqué par Racine dans Phèdre.

3.

Flaubert aide Victor Hugo à faire parvenir clandestinement des lettres en France.

4.

Signifie : du très humble.

Texte 2 : Gustave FLAUBERT, Lettre à Louise Colet, Croisset, 1853 Louise Colet jùt la maîtresse de Flaubert.

[Croisset] Vendredi soir, 1 heure [15 juillet 1853].

[ ...

] Je lui ai écrit une lettre monumentale, au Grand Crocodile 1• Je ne cache pas qu'elle m'a donné du mal (mais je la crois montée, trop, peut­ être), si bien que je la sais maintenant par cœur.

Si je me la rappelle, je te la dirai.

Le paquet part demain.

[ ...

] 1.

Surnom donné par Flaubert à Victor Hugo.

197. »

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