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LA LITTERATURE AU MOYEN AGE

Publié le 14/05/2013

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LA LITTERATURE AU MOYEN AGE La formation de la langue française Jusqu'au Vème s. le latin est la seule langue "littéraire" en France. C'est la langue des hommes de l'Eglise, des hommes cultivés, des "clercs". Dés le Vè siècle, à partir du latin reproduit et déformé par les Gaulois, enrichi des apports germaniques, naît un langage mixte, appelé le "roman", qui deviendra l'ancien français du XIème au XIVème s., puis le moyen français aux XIVème et XVème siècles. En 813, au Concile de Tours, les évêques recommandent aux clercs de ne plus prêcher en latin, mais en langue romane pour mieux se faire comprendre de leurs fidèles. En 842, le 1er témoignage en roman (donc encore proche du latin) est un document officiel "les serments de Strasbourg" relatif à l'alliance des deux petits-fils de Charlemagne, Charles le Chauve et Louis le Germanique, contre leur frère Lothaire. En 881, apparaît le 1er texte littéraire "la Séquence de Sainte Eulalie", un poème à la gloire de la sainte martyre. La langue du Moyen Age n'a pas d'unité : les dialectes se multiplient. On distingue - Les parlers du Nord --> langue d' Oïl Les parlers du Sud --> langue d'Oc. A partir du XIIIème s. le dialecte de l'Ile de France, le francien, s'impose par son prestige et par son génie propre : il donnera naissance au français ! Qui sont les auteurs au Moyen Age ? Le Moyen Age est une longue période qui dure presque 10 siècles (5è au 15è) soit 1000 ans. Ce n'est qu'au début du XIème siècle que la littérature de langue française commence à exister réellement à côté d'oeuvres latines. Mais on peut parler d'une littérature médiévale qui serait unique et aurait les mêmes caractéristiques. Entre l'an 1000 et la fin du Moyen Age, soit 500 ans plus tard, la société, les mentalités, les productions littéraires vont beaucoup évoluer. Au Moyen Age, une oeuvre n'est pas le fait du travail d'un auteur unique. Des remaniements successifs, dûs autant aux jongleurs qu'aux copistes ou aux clercs. Ce sont des oeuvres "anonymes" : LE JONGLEUR Dans toutes les occasions de fêtes (mariages, banquets, cérémonies) le jongleur est un élément essentiel, car non seulement c'est un homme de spectacle (danse, musique, acrobate, tours de magie) mais aussi il récite des poèmes qu'il a appris par coeur. Il compose aussi lui-même des vers qu'il ajoute aux précédents récités ; d'où des versions différentes qui font sans cesse évoluer le texte initial. C'est lui qui transmet oralement les oeuvres littéraires où la mémoire joue un rôle important. Les jongleurs vont de château en château ou de foire en foire : montreurs d'animaux, acrobates, récitants professionnels, ils diffusent les oeuvres littéraires qu'ils remanient à volonté. LE COPISTE Lui aussi fait évoluer le texte initial en copiant le manuscrit. Dans ce travail, le copiste intervient avec sa personnalité : il lui arrive de rajouter, de retrancher une partie d'un texte, d'en moderniser la langue. De plus, il travaille parfois de mémoire, parfois sous la dictée d'un jongleur. Si sa mémoire lui fait défaut, il "inventera". A partir du XIIIème s., le public souhaite des cycles : le copiste va rassembler dans un même manuscrit des épisodes pris ça et là d'une histoire et les recopie dans un ordre plus ou moins cohérent. Tous ces remaniements s'expliquent par le désir d'adapter au goût du public, qui change sur 3 siècles, une oeuvre donnée. LE CLERC C'est un homme cultivé, passé par l'université, appartenant à l'Eglise : ils sont généralement pauvres et mettent leur culture au service d'un seigneur. Avec sa culture classique, il remanie des oeuvres existantes qui servent de canevas, et souvent, il crée lui-même une oeuvre originale qui n'a rien à voir avec l'inspiration populaire. Moyen Age 2/66 Quels thèmes ont influencé la littérature du Moyen Age? La littérature du Moyen Age a été influencée par les évolutions de la société au cours de cette période (du XIème au XVème siècle), des mentalités et des évènements de son histoire. Deux évènements ont un retentissement particulier sur la mentalité et la littérature de cette époque : ? Les Croisades ? La guerre de Cent ans. 1. Les Croisades Il y a eu huit Croisades, qui se sont déroulées entre 1095 et 1291. Ce sont des expéditions militaires pour délivrer la Terre sainte des Infidèles (les musulmans). L'Eglise appelle les chevaliers des royaumes catholiques à libérer le tombeau du Christ. Des milliers de pèlerins les accompagnent. Ils installent en Orient le royaume de Jérusalem. Les troupes de l'Islam les menacent et les Croisades se succèdent mais s'achèvent par la perte de Jérusalem en 1291. La Croisade c'est : ? ? Un voeu religieux par lequel on rachète ses fautes Une extraordinaire aventure : on voyage dans des contrées inconnues, perspectives de combats glorieux, butins précieux... La littérature de l'époque traitant des croisades est essentiellement représentée par : - Geoffroy de Villehardouin (1150-1213) a écrit l' "Histoire de la Conquête de Constantinople" relatant les évènements de la IVème Croisade qui devait être une croisade de conquête et aboutit à la prise de Constantinople en 1204. - Jean Joinville (1224-1317) a écrit : "Le livre des saintes paroles et des bons faits de notre saint roi Louis". Il accompagne Saint Louis à la croisade d'Egypte en 1248. Moyen Age 3/66 2. La Guerre de Cent ans Elle débute 46 ans après la dernière croisade, soit en 1337. Les origines de ce conflit entre la France et l'Angleterre sont anciennes et complexes. En 1152, la Normandie, le Maine, l'Anjou, l'Aunis, la Saintonge et la Guyenne appartiennent à la couronne d'Angleterre qui possède ainsi plus de territoires en France que le roi de France lui-même. De plus, s'y ajoutent des conflits de succession : en 1328, le roi de France, Charles IV meurt sans laisser de fils. Edouard III d'Angleterre réclame la couronne en tant que petit-fils de Philippe le Bel (1285-1314) par sa mère. En réponse, Philippe VI de France confisque quelques années plus tard la Guyenne, possession anglaise en Aquitaine. C'est ainsi que le conflit se déclenche --> affrontement dans l'ouest où les deux camps veulent assurer leurs positions en Bretagne : les anglais pour maintenir toutes leurs routes commerciales, les français pour maintenir la suzeraineté du roi de France. D'où une guerre continuelle pendant près d'un siècle ! En 1422, le nouveau roi de France, Charles VII, accède au trône et règne sur un royaume quasi inexistant : - Les Anglais ont la Normandie, la Bretagne, les Pays de Loire, la Guyenne, l'Aquitaine - Le duché de Bourgogne, hostile à la couronne de France, possédent les territoires : du Nord de la France, avec la Belgique et les Pays-Bas, jusqu'à la Bourgogne. C'est alors que Jeanne d'Arc se met à la tête des armées françaises et délivre Orléans tenue par les Anglais, puis fait sacrer le roi Charles VII à Reims en 1429. Elle fut brûlée vive par les Anglais en 1431 à Rouen. Puis en 1435, la Bourgogne signe une alliance avec Charles VII dont la puissance s'affirmait de plus en plus. Entre 1445 et 1450, il libère peu à peu l'ensemble du royaume de la présence des anglais. Tant de guerres et de pillages ont laissé la France dans un état lamentable. Le nouveau roi Louis XI aura pour tâche de restaurer la puissance du royaume. La littérature du XVème traitant de la Guerre de Cent ans est essentiellement représentée par : - Jean Froissart (1337 - 1400) a écrit les "Chroniques" décrivant la Bataille de Crécy, le siège de Calais et les Bourgeois de Calais... - Charles d'Orléans (1394-1465). Ses thèmes : les évènements de sa vie personnelle, ses mariages, son long exil en Angleterre... - Philippe de Commynes (1447-1511), a écrit une oeuvre consacrée au règne de Louis XI, et une autre consacrée aux ambassades d'Italie pour le nouveau roi Charles VIII, et ses Mémoires (1498). Moyen Age 4/66 Les grands genres littéraires du XI éme au XIII ème siècle L'écrivain du Moyen Age est intimement lié à la société dans laquelle il vit : c'est elle qui le fait vivre : pour un poème récité, une composition, le jongleur, le clerc reçoit du seigneur ou des notables quelques pièces d'argent, un repas, des vêtements,... Il ne peut pas exister sans elle, ni contre elle ! L'écrivain partage donc les valeurs, les croyances, les goûts de la communauté : cette minorité qui détient le pouvoir ! A partir du XIIIème siècle avec l'apparition des bourgs et de la bourgeoisie, se développe une littérature plus populaire, dîte bourgeoise, d'inspiration comique et satirique. Ses oeuvres reflètent les idéaux de cette communauté : 1. 2. 3. les chansons de geste, qui glorifie la chevalerie la littérature courtoise, qui relate les relations de la société seigneuriale la littérature satirique, qui dénonce les abus. 1. Les chansons de geste Les poèmes et chansons de geste (vient de l'italien " gesta" qui signifie "acte, fait accompli") racontent les aventures d'un chevalier, des évènements historiques passés, démontrant bien l'idéal de la société féodale : respect absolu des engagements féodaux entre suzerain et vassal, morale chevaleresque, qualité guerrière au service de la foi. Le chevalier obéit à un code d'honneur très exigeant : mépris de la fatigue, de la peur, du danger, et est irrémédiablement fidèle à son seigneur. Le chevalier vit pour la guerre ; il est fier de ses exploits guerriers ! L'Eglise essaie de détourner vers la Croisade l'énergie violente de ces hommes passionnés de combats. Les chansons de geste évoquent des guerres "saintes" contre les Infidèles (= les musulmans). Toute une communauté se reconnaît dans ces oeuvres qui exaltent les valeurs chevaleresques. Exemples : - la Chanson de Roland (1070) : grand poème racontant les exploits de Roland, neveu de Charlemagne, notamment la bataille de Roncevaux contre les Sarrasins, dans un dialecte anglo-normand. La plus ancienne et la plus célèbre de nos chansons de geste. Charlemagne y incarne l'autorité ferme quand il parle à Roland, l'humanité et la sensibilité lorsqu'il pleure, le courage militaire et le sens de la justice quand il venge Roland. - La Charroi de Nîmes (1250) de Garin de Monglave. Le héros est Guillaume d'Orange, cousin de Charlemagne, qui devint moine à la fin de sa vie. Guillaume combat contre les Sarrasins et s'empare de Nîmes en y introduisant un "charroi" de tonneaux dans lesquels sont cachés des chevaliers. Moyen Age 5/66 - Renaut de Montauban" (début XIIIème s.) de Doon de Mayence. Il s'agit d'une lutte menée par Charlemagne contre ses barons révoltés. Renaut et ses frères sont entrés en lutte contre Charlemagne. Renaut fini par se soumettre et meurt saintement. Chrétien de Troyes (1135-1190), clerc lettré, fondateur du genre romanesque, né à Troyes, vivait à la cour de Marie de Champagne, fille d'Aliénor d'Aquitaine : - Perceval ou le Roman du Graal (1180) : Perceval part à la quête du Graal, vase sacré où l'on aurait recueilli le sang du Christ sur la Croix. Sa démarche symbolise l'itinéraire spirituel à la recherche de Dieu. - Lancelot ou le Chevalier à la Charrette (1177) : Lancelot pour plaire à la reine Guenièvre, épouse du roi Arthur, ne cesse de mettre sa vie en péril. Il consent même au risque de se déshonorer à monter sur la charrette infamante des prisonniers. - Yvain ou le chevalier au Lion (1177) : Yvain, chevalier d'Arthur, tenté par l'aventure chevaleresque a délaissé son épouse Landrine. Pour regagner son coeur, il doit accomplir une série d'épreuves. Un lion qui l'a sauvé l'accompagne dans les dangers. - Erec, Cliges, 2. La littérature courtoise La société féodale apporte une nouvelle valeur à l'idéal chevaleresque : le service de l'amour, qui met les préoccupations amoureuses au centre de la vie. Le chevalier courtois ne combat plus pour Dieu, la France ou son seigneur (comme dans les chansons de geste), mais pour sa dame, à qui il doit le "service d'amour". Les romans courtois sont écrits pour un public de cour ; il conte des aventures amoureuses assorties d'exploits héroïques et enrichit de fines analyses de sentiments. Apparaissent alors les premiers romans "bretons" empruntés aux vieilles légendes celtiques et dominés par la figure d'Arthur, roi glorieux de "Bretagne" et entourés de vaillants chevaliers qui siègent autour d'une table Ronde. Les romans ont pour cadre la "Bretagne" (Cornouailles, Pays de Galles, Irlande ainsi que l'Armorique en France). Dans les romans de la Table Ronde la cour imaginaire du roi Arthur devient le modèle idéal des cours réelles : non seulement le chevalier est brave, mais il a en plus le désir de plaire (importance de la beauté physique, des toilettes, des parures). Parceque les femmes sont présentes, le chevalier doit avoir des attitudes élégantes, des propos délicats. A côté des tournois et des banquets, il prend plaisir aux jeux (échecs), à la musique, à la poésie... Pour plaire à sa dame, il doit maîtriser ses désirs, mériter à travers une dure discipline, l'amour de sa Dame, amour qui cultive le désir et qui fait du plaisir charnel la récompense suprême après une longue attente. Cet idéal est celui des gens de "cour" (d'où le mot "courtoisie") relaté par toute une littérature en tant que modèle à imiter. Moyen Age 6/66 Si les romans courtois montrent aussi des chevaliers traîtres, c'est pour mieux mettre en lumière l'image idéale du chevalier courtois, qui peu à peu influencera réellement les moeurs. L'inspiration de ces oeuvres a été également d'ordre folklorique. Le folklore est en quelque sorte un fond commun de tous les trouveurs (la bergère auprès de la fontaine). Le folklore est un des éléments fondateurs de la matière de Bretagne (=Angleterre). Elle est apparue avec Geoffroy de Monmouth qui a écrit Historia Regnum Britanniae et Wace qui a écrit le Roman de Brut. Ces deux oeuvres racontent la fondation légendaire de la Grande-Bretagne ainsi que les aventures du roi Arthur et de la Table Ronde. Le fait que les trouveurs (troubadours et trouvères) reconnaissent l'origine de leur inspiration montre qu'ils considèrent leurs oeuvres comme opposées à la matière antique, et devient ainsi une véritable littérature indépendante du latin, à rôle social. Les troubadours (en langue d'Oc) et trouvères (en langue d'Oïl) sont des poètes musiciens auteurs de chansons d'amour qu'ils chantent en s'accompagnant à la vielle. Exemples : - - - Tristan & Iseut, (fin XIIème s.) grand poème racontant la légende de deux amants vivant un amour interdit et affirmant leur droit à la passion contre les lois sociales et religieuses. Cette légende est née en France, mais les anglais (Tristan & Yseut), les allemands (Tristan & Isolde), les italiens et les danois ont chacun leur version, imitée ou traduite du français. Initialement de Thomas et Béroul, deux poètes anglo-normands. Le Lai du Chèvrefeuille, le Lai du Laostic (1160-1170) : de Marie de France, la 1ère femme de lettres - XIIème siècle. Elle vécut à la cour du roi d'Angleterre Henri II Plantagenêt et son épouse Aliénor d'Aquitaine (mère de Richard Coeur de Lion), devenue reine d'Angleterre en 1154 après avoir été reine de France en 1137. Dans de courts récits en vers appelés "lais", elle conte des aventures d'amour chevaleresque, inspirées des légendes bretonnes. Le Roman de la Rose : 1ère partie de Guillaume de Lorris écrite de 1225 à 1230, puis 2ème partie de Jean de Maeung, écrite vers 1270. 3. La littérature satirique Textes critiques et moqueurs s'adressant toujours à la classe dominante pour rappeler une exigence morale ou religieuse, comme l'exige la tradition. Exemples : - Le Roman de Renart, suite de poèmes indépendants les uns des autres. Récit de la lutte de Renart le goupil contre Ysengrin le loup : satire légère et amusée de la société féodale sur la justice et la religion. Renart est la parodie du vassal qui ne respecte pas l'idéal féodal ou incarne un certain discours critique sur la société féodale, mais en aucun cas émane d'une critique "populaire" contre la noblesse : c'est le divorce entre un idéal et une réalité misérable. C'est pessimiste mais ne propose aucune solution de changement. - Le Roman d'Alexandre de Pierre de Saint Cloud - Fabliaux de Jean Bodel Moyen Age 7/66 Nouveau statut littéraire au XIV ème - XV ème siècle Un travail d'écriture de plus en plus raffiné dans la création littéraire, le développement des villes et l'essor de la bourgeoisie, les valeurs féodales s'essoufflant, amènent des changements profonds dans le statut littéraire à partir du XIVème siècle : la prose va trouver ses lettres de noblesse ! 1. la poésie lyrique 2. la prose 3. le théâtre 1. La poésie lyrique Elle innove : nouveaux genres lyriques apparaissent (rondeaux, ballades). Exemples : - Ruteboeuf (1230-1285), d'origine champenoise, il vit à Paris et fréquente l'université. Contemporain de Saint Louis, il écrit à Paris pour le public bourgeois. Il a une vie de misère, vivant péniblement de sa plume. Poète aux prises avec la réalité quotidienne, il exprime les tourments de l'âme, présente une peinture réaliste de la vie quotidienne : "Vie de Sainte Helysabel", Miracle de Théophile", Complainte des IX joies de Notre Dame", "Discorde de l'université et des Jacobins", "Nouvelle complainte d'Outremer", la Pauvreté de Ruteboeuf", la Griesche d'hiver", la Complainte de Ruteboeuf". - Jean Froissart (1337-1410) : surtout connu pour ses "Chroniques" a également été un poète courtois : le Paradis d'Amour, la Prison Amoureuse, Méliador... - Charles d'Orléans (1394-1465). Son père : Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI, célèbre pour sa culture ses goûts artistiques. Sa mère : Valentine de Milan, qui contribue à introduire en France la Renaissance italienne. Il a un destin chaotique. Il est blessé et fait prisonnier à Azincourt (1415). 25 ans en captivité en Angleterre et finit ses jours à la cour de Blois. Sa poésie chante l'amour, la mélancolie de l'exil, célèbre la beauté de la nature. Ses oeuvres poétiques sont des ballades et des rondeaux. Le plus connu : "Le temps a laissé son manteau, De vent, de froidure et de pluie Et s'est vêtu de broderie, De soleil luisant clair et beau..." - François Villon (1431-1463), né à Paris, d'origine humble, est reçu maître ès arts à la Sorbonne, condamné à la potence pour meurtre puis gracié, puis inculpations et emprisonnements se succèdent. C'est le poète le plus connu du Moyen Age : Moyen Age 8/66 "la Ballade des Pendus" 1463 - "la Ballade des Dames du temps jadis", " le Lais ou le Petit Testament" 1456 - "le Testament ou le Grand Testament" 1461. "Dites-moi où, n'en quel pays Est Flora la belle romaine Archipiades, ni Thaïs Qui fut sa cousine germaine Mais où sont les neiges d'antan ?" 2. La prose Jugée moins artificielle que la poésie, elle la remplace ! L'Historien nouveau arrive : écrivain au service d'un roi ou d'un grand seigneur. Il défend une politique, l'explique, raconte des évènements. Les chroniqueurs du Moyen Age, Villehardouin, Joinville, Froissart, Commynes, ont été les premiers à plier peu à peu la langue française à la prose, plus facile à exprimer la vérité historique que les vers. Exemples : - Geoffroy de Villehardouin (1150-1213) : issu d'une famille de Champagne, il devient l'un des chefs de la IVème Croisade. "Histoire de la conquête de Constantinople" (prise en 1204). "Histoire de Saint Louis", est son oeuvre. Il décrit les vertus de Saint Louis - les chevaliers de Saint Louis avec la 7ème Croisade à laquelle Joinville a participé). - Jean Joinville (1224-1317), gentilhomme champenois, devient l'ami et confident de Saint Louis qu'il accompagne à la Croisade d'Egypte en 1248. "Livre des saintes paroles et des bons faits de notre roi Saint Louis" : une vie de Saint Louis achevée en 1309, dédiée à Louis le Hutin, futur Louis X. - Jean Froissart (1337-1410) grand voyageur, fréquente les cours, les princes et amasse des documents, il écrit des "Chroniques" relatant l'histoire de la guerre de Cent Ans. - Philippe de Commynes (1447 - 1511) : attaché à Charles Téméraire, duc de Bourgogne, puis conseiller intime de Louis XI dont il devient le confident. Il nous fait découvrir le roi Louis XI en même temps qu'un grand moment de l'histoire, la Guerre de Cent ans, Charles VIII. Commynes, seul, est considéré comme historien (les autres sont des historiographes) cherchant à pénétrer les causes des évènements et porter des jugements instructifs de ce monde dans une langue française riche. Ses "Mémoires", rédigées de 1489 à 1498 consacrées aux règnes de Louis XI et de Charles VIII : études psychologiques nuancées, une réflexion politique profonde qui fait de lui notre premier historien. Moyen Age 9/66 3. Le théâtre a- Théâtre religieux : Exemples : - - - "le Mystère de la Passion" (1450) de Arnoul Gréban "le Miracle de Théophile" (XIII ème s.) de Ruteboeuf "le Jeu d'Adam" (XII ème s.) anonyme. Le théâtre religieux sort de l'enceinte de l'église pour donner un véritable spectacle aux représentants de toutes les classes sociales. Les premières pièces de théâtre sont liées aux cérémonies du culte où l'on joue : à Noël : les différents épisodes racontés par les évangiles, l'annonce faite aux bergers, la naissance du Christ dans l'étable... ? à Pâques : le procès du Christ, sa montée au calvaire, sa mort. ? Le spectacle se déroule dans l'église et en latin, et est représenté par les moines et les prêtres. Peu à peu, les conditions de représentation changent : on invente des décors multiples, la mise en scène est de plus en plus importante. On sort de l'église et on joue sur le parvis. Les acteurs sont désormais des clercs, organisés en troupe, et à partir du XIIIème siècle, le français remplace le latin. Le texte lui-même évolue : de plus en plus, on mêle des épisodes drôles ou grotesques tirés des Ecritures saintes. b- Théâtre comique : Ecrit pour faire franchement rire un public urbain mettant en scène marchands rusés, maris trompés, bourgeois naïfs, femmes légères, mégères... Genre très vivant, très apprécié du public, qui répond au goût du vrai spectacle, au plaisir de l'émotion et du rire de tout amateur de théâtre. Exemples : - "La Farce de Maître Pathelin" (1460) de Guillaume Alexis, clerc normand très érudit. Pathelin avocat dupe le drapier Guillaume mais est lui-même dupé par le berger Agnelet. - De Adam de la Halle (1235-1285), dit Adam le Bossu, trouvère né à Arras. "Le jeu de la Feuillée" (1275), histoire d'un moine berné. "Le jeu de Robin et de Marion" (1285), la bergère Marion échappe au chevalier qui l'a enlevé et retrouve Robin qu'elle aime. Moyen Age 10/66 LA MUSIQUE AU MOYEN AGE Comme la peinture, la sculpture ou l'architecture, la musique reçoit des influences de l'histoire de la vie sociale, des thèmes privilégiés de chaque époque. L'installation des Papes à Rome dés le 1er siècle et la célébration du culte chrétien étant officiellement autorisé en 313 par l'édit de Milan, l'Eglise va affirmer son pouvoir culturel. Héritière des synagogues, l'Eglise des premiers temps mêle les traditions païennes, gréco-romaines et celles du culte judaïque. C'est l'influence juive qui domine sur les premiers temps de la musique chrétienne. On discerne aujourd'hui encore la parenté entre les chants des liturgies hébraïques et catholiques qui nous rappelle que le christianisme est né au sein du judaïsme, que durant la période apostolique, il se répand d'abord parmi les juifs de la diaspora et que Jérusalem demeure alors sa capitale. Les offices chrétiens se modèle sur le culte hébraïque : ils ont le même fond, les textes et les psaumes de l'Ancien testament. D'ailleurs on a toujours du vocabulaire hébraïque qui n'a jamais été traduit : Alleluia, Amen, Hosannah... Lors des cérémonies au Temple de Jérusalem, on joue de la trompette, de la harpe, de la flutte ; mais lorsque les synagogues sont créées après l'exil à Babylone, il n'y a plus d'instrument (sauf le shofar, = corne de bélier qui n'émet que 2 ou 3 notes). En s'éloignant de son berceau juif, le christianisme épouse certaines traditions musicales des pays qu'il évangélise. A l'origine, c'est le prêtre à l'église qui chante en lisant des textes de l'Ancien et Nouveau testament, ou chante en prononçant des paroles sacrées dans le but de les graver dans les mémoires des fidèles. La beauté de la voix est indifférente. On s'en moque. On chante pour prier et d'abord avec son coeur ! Cependant le peuple a besoin de chanter sa foi en dehors de la liturgie. Il y a alors des hymnes, des compositions ecclésiastiques composées par les prêtres pour l'enseignement des fidèles. Ex. Hymnes syriaques de Saint Ephrem d'Edesse (360-378) Hymnes grecques de Saint Grégoire de Nazianze Hymnes latines de Saint Hilaire de Poitiers Saint Césaire recommande de faire chanter les hymnes pour occuper les fidèles durant les longs offices auxquels ils ne comprennent pas grand chose ! Il faut savoir que la musique uniquement instrumentale n'existait pas encore ! Elle n'apparaîtra qu'au 16è siècle ! Au Moyen Age, les instruments sont là pour soutenir les voix ! C'est donc le chant qui est l'élément essentiel, accompagné ou non d'instrument(s) de musique ! Moyen Age 11/66 1. MUSIQUE RELIGIEUSE Entre le VIème et XVème siècle, la structure des églises se modifie, la vie collective religieuse demandent des édifices plus vastes. L'art roman (XIème et mi-XIIème s.) crée des espaces intérieurs réduits, aux murs massifs, percés de petites ouvertures supportant des voûtes basses. A partir du milieu XIIème siècle grâce à des innovations techniques, l'architecture gothique permet de construire des voûtes de plus en plus hautes. Le coeur et la nef, très éclairés, privilégient la dimension verticale, symbole de l'élévation spirituelle ! A la monodie (= 1 voix), forme primitive de l'écriture musicale, succède la polyphonie (plusieurs voix) qui correspond à l'élévation des voûtes gothiques (Beauvais 48 m de haut : 1242-1322). La monodie A la messe, on alterne chants et lectures psalmodiées. Un répertoire liturgique englobe des psaumes dont les textes sont fournis par la Bible. Des hymnes, des cantiques spirituels à caractère populaire, sont parfois accompagnés de flûte, voire même de danses. Le pape Grégoire 1er le Grand oblige les pontifes à une réforme codifiant les chants dans le but d'unifier les oeuvres diverses émanant des Eglises grecque, romaine, carolingienne, hispanique, etc... Ce qui se réalisera au cours des VIIIème et IXème siècles. Un grand pas vers l'unité est accompli par Pépin le Bref et son fils Charlemagne, tous les deux admirateurs du chant romain, qu'ils introduisent dans les églises gallo-franques. Ils apportent certaines modifications qui sont bien accueillies à Rome. Ce chant romano-gallican serait la base du chant grégorien proprement dit. Le chant Grégorien, réservé aux voix d'hommes exclusivement homophone (= à l'unisson), a un rôle de prière collective. Les chants grégoriens des messes sont les plus simples pour être compris par le peuple et par le clergé inférieur à qui ils sont destinés. Le plain-chant ("cantus planus") ou grégorien sont de paisibles mélodies contrastant avec les chants naïfs et grossiers des chorales villageoises. C'est un chant simple, aux voix égales, d'un mouvement uniforme. Le cantus planus trouve son idéal dans un unisson. Aucune considération artistique ou esthétique dans cette recherche de l'unisson. Il favorise le recueillement, en commun, à l'unisson, coupant court aux tentations de lyrisme personnel, d'abandon au plaisir purement vocal, à la virtuosité de l'exécutant. C'est vers le XVIème s. qu'apparaîtra un système de notation alphabétique (A= la, B= si bémol, C= ut, etc...). Dès le XI ème siècle, la portée de 4 lignes se répand dans toute l'Italie, le pays le plus avancé dans ce domaine, puis passe en France. La portée de 5 lignes apparaîtra en Espagne au XIII ème siècle. D'abord il y a 6 notes (ut, ré, mi, fa, sol, la). Le "si" n'apparaîtra qu'au XVI ème siècle. La notation permet d'innombrables promesses : c'est une phase aussi importante que passer du parlé à l'écriture ! C'est la phase annonciatrice de la Renaissance ! Avec l'avènement de la polyphonie, c'est l'arrêt de mort du plain-chant grégorien ! Moyen Age 12/66 La polyphonie Dans la fin du IXème siècle, on superpose des parties vocales ou instrumentales formant des quartés ou des quintes parallèles. Au XIIème s. apparaît le "déchant", mouvement contraire des voix. Le chant à la voix organale prend sa place de dessus, accompagnée d'un chant dont la voix passe à une voix inférieure, ce qui donne plus de libertés, comme le double mouvement (quand une voix monte l'autre descend, et réciproquement). Cette découverte va permettre toutes les combinaisons du contrepoint. C'est Paris qui vit les premiers fruits de ces nouveautés et fait au XIIèmesiècle son entrée dans l'histoire musicale. L'école Notre-Dame est devenue rapidement un des principaux foyers musicaux de l'époque : apparition de l' organum (ou contrepoint) fleuri. Là, le "déchanteur" de la voix organale brode des vocalises de plus en plus libres sur la mélodie de la voix inférieure chargée de soutenir les déchants, "discantum tenere" d'où le terme de "teneur", puis un peu plus tard de "ténor". Ensuite, on place des paroles sur les vocalises de l'organum, nommé "petit texte", en latin "motetus", donc "motet". Cela permet une grande liberté de style avec une grande indépendance des voix : parfois chacune d'elle chante des textes différents. Le motet devient de plus en plus un exercice de pure technique où le compositeur s'évertue à bien séparer les voix. Plusieurs musiciens franco-flamands ont poussé à l'extrême le développement de la polyphonie et l'épanouissement du "contrepoint" (=l'art de faire chanter simultanément deux ou plusieurs mélodies différentes) avec parfois quelques excès dans l'emploi du "canon". Ce sont des moines qui d'abord enseignent la musique ; puis apparaissent des compositeurs, qu'on appelle "Maître de Chapelle". En même temps, apparaît un théâtre lyrique religieux issu de la messe, le "drame liturgique", qui se joue sur le parvis de l'église avec alternance du chant et de la parole. Ex. Ruteboeuf ("le miracle de théophile"), Guillaume de Machaut : Le jeu de Daniel, le jeu d'Adam et Eve, le roman de Fauvel Maîtres de chapelle de Paris les plus connus : Léonin - Pérotin le Grand. Moyen Age 13/66 2. MUSIQUE PROFANE Durant toute l'époque médiévale, à côté d'une inspiration purement religieuse, subsiste une représentation de thèmes et personnages profanes qui devient de plus en plus réaliste avec le développement de la bourgeoisie et l'affaiblissement progressif des valeurs féodales. A la fin du Moyen Age, à travers l'Europe, se crée en peinture et en sculpture, un courant raffiné, plus humain, essentiellement en France avec l'Art Flamboyant, et en Italie avec la peinture de Sienne. Musicalement, les oeuvres sont des compositions lyriques épiques, des chants célébrant l'amour, l'histoire, les métiers, et colportés par des chanteurs ambulants, accompagnés parfois de jongleurs dont les troupes reçoivent bon accueil jusque dans les monastères. C'est en pays d'Oc, au XIème s., qu'apparaissent les premières poésies lyriques en style simple mais raffiné, et que se développe l'art nouveau des troubadours (sud France) et trouvères (nord France). Ils chantent des chansons d'amour, courtoises, pieuses, satiriques, à personnages ( pastourelles, odes...). Les troubadours sont les premiers poètes-musiciens qui abandonnent le latin pour la langue commune, notamment la langue d'Oc. Il ne faut pas oublier que seuls les gens d'Eglise sont capables d'enseigner la musique. Et toute ...

« Qui sont les auteurs au Moyen Age ? L e Mo yen A ge est u ne longu e pér iode qui dure p resqu e 10 siècl es (5è au 1 5è) so it 1 000 a ns.

Ce n ’est q u’au déb ut d u X I è me s iècl e que la littérature d e la ngue français e co mme nce à e xister réell ement à c ôté d’ oeuvres latin es.

Mais o n pe ut p arler d’u ne l ittérature médiévale qui serait unique et aura it le s m ême s car actéristiqu es.

Entre l’an 1 000 et la fin du Mo yen Age, soit 500 ans p lus tard, la s ociété, les me ntal ités, le s pr oductio ns littéraires vont beaucou p évolu er.

Au Mo yen Ag e, un e o euvre n ’est p as le fait d u travail d’ un auteur un iqu e.

Des re ma nieme nts success ifs, d ûs autant a u x jo ngl eurs qu ’aux c opistes o u a u x clercs.

C e sont des oeuvres “anon ymes” : LE JONGLEU R D ans toutes les occas ions de fêtes ( ma riag es, ba nquets, c érém onies) le jo ngl eur e st u n él ém ent esse ntiel, car non s eul em ent c’est u n ho mme de s pectacle (danse, m us ique, acro bate, tours de m ag ie) ma is auss i il récite des p oèm es qu’ il a appr is p ar co eur .

Il com pose a ussi lu i-mê me des v ers qu’ il aj oute a u x précé dents r écités ; d’ où d es versions d ifférentes qui font sans cesse évoluer le tex te in itial.

C ’est lu i q ui trans met ora lement les oe uvres littérair es où la mé moir e joue u n rôle i mportant.

L es jong leurs vont de châte au en châtea u o u d e foire en foire : m ontreurs d’ani ma ux, acr obates, réc itants professi onnels, ils diffusent le s oeuvres littéra ires qu’i ls re ma nient à volonté.

LE COPISTE L ui aussi fait évolu er le te xte initi al en cop iant le ma nuscr it.

D ans ce tra vai l, le co piste i nter vient avec sa p erson nalité : il lui a rrive d e ra jouter , de retra ncher u ne p artie d ’un tex te, d’en mod ernis er la lan gue.

De pl us, il travaill e parfo is de mémo ire, parfois sous l a dictée d’ un jongleur.

S i sa mémo ire lu i fait défaut, il “inventera”.

A p artir du XIII è me s., le p ubl ic so uha ite d es c ycles : le co piste v a r assem bler d ans un m ême ma nuscr it des é piso des pr is ça et là d’ une h istoir e et les recop ie d ans un or dre plus o u m oins cohér ent.

T o us c es rem aniem ents s ’e xpl iqu ent p ar le désir d ’ad apter au goût du pu blic, qui change sur 3 sièc les, une oeuvre donn ée.

LE C LERC C ’est u n ho mm e cultivé, p assé p ar l’ université, ap partena nt à l’ Eglis e : ils so nt g énéra lement pa uvres et m ettent leur cultur e a u s er vice d’ un sei gneur .

A vec sa cu lture cl assiq ue, il rem anie des oeuvres e xistantes qui ser vent d e can evas, et so uvent, il crée lu i-mê me une o eu vre ori gina le qui n ’a rien à voir avec l’i nspir ation p opu laire.

Moyen Age 2 / 6 6. »

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