LA LITTERATURE CORSE (littér.)
Publié le 21/02/2019
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CORSE (littér.). On ne saurait envisager la littérature d'expression corse comme on le fait habituellement des littératures produites dans les grandes langues de culture telles que le français, ni — partant — se livrer à des comparaisons de « richesse », prestige, lustre ou dimension entre celle-là et celles-ci, de tels rapprochements ne pouvant s'opérer qu'en considérant des productions sises à un même niveau d'expression.
Car il convient de souligner d'abord que, pour ses locuteurs, « le corse » sous ses divers parlers ne représente jusqu'à la fin du xix® s. que l'un des deux niveaux (celui, local et oral, de l'usage quotidien et familier) d'une langue dont l'autre niveau (celui, uniforme dans l'île, de l'expression soignée et de l'écrit sous toutes ses formes) est l'italien classique, sommairement appelé « toscan ». En premier heu, c'est donc globalement à la littérature italienne qu'il faudrait faire référence, tant pour en relever la diffusion exclusive dans l'île (du Novellino à l'Arioste, le Tasse, Marini, l'Arcadie et Métastase, pour ne citer que ce qui y fut le plus populaire) qu'afin d'inventorier, comme le fit Hyacinthe Yvia-Croce {Anthologie des écrivains corses, 1929-1931), les auteurs corses qui ressortissent à cette littérature. De ceux-ci, nombreux au cours des siècles (canonistes, juristes, annalistes, biographes, historiens, humanistes, philologues, poètes...), beaucoup qui s'étaient fixés en terre ferme et fondus dans leur milieu d'adoption n'ont rien laissé qui concernât la Corse en particulier. D'autres, tels Petrus Cyrnaeus {De rebus corsicis, écrit en 1506, publié seulement en 1738) et Giovanni délia Grossa (1388-1464), Pier Antonio Monteggiani (1455-1536), Mar-cantonio Ceccaldi (1520-1560), auteurs successifs d'une Historia di Corsica que publia en 1594 Anton Pietro Filippini, rédigent la chronique nationale. Au xvii® s. Bastia est un foyer de lettrés, regroupés en 1659 dans l'Accademia dei Vagabondi, suivant les modes intellectuelles de la péninsule, et Angelo Francesco Colonna se fait le chantre des gloires insulaires {Commentario delle glorie e prérogative del Regno e Popoli di Corsica, 1685). Avec la révolution de Corse (1729-1769) apparaissent les théoriciens, les polémistes et les pamphlétaires, notamment Giulio Matteo Natali {Disinganno intomo alla Guerra di Corsica, 1736) et Don Gregorio Salvini dont la Giustificazione délia Rivoluzione di Corsica (1758 et 1764)
«
gli
dell'Isola di Cors i
ca.
La littérature
patriotique comporte aussi, outre la
volumineuse et alerte correspondance de
Pasquale Paoli (1725-1807), que l'on
commencera à publier en 1846, des
Mémoires, comme les Memorie riguar
danti il Rè Teodoro 1732-1736 de Sebas
tiano Costa, qui demeureront inédits
jusqu'en 1972, et, après la conquête
française, de vibrants libelles anonymes
(Sentimenti dei Nazionali corsi contra
l'invasione della Pa tria, 1771 ).
La tradi
tion toscanisante et classique se poursuit
du =• au XIX• s.
avec le Calvais
Vincenzo Giubega (1761-1800), poète de
l'amour et traducteur d'Ovide et de
Catulle.
À Bastia, toujours capitale cultu
relle, Francesco Ottaviano Renucci
(1 767-1842), auteur d'un e Storia di Cor
sica et de Nove lle storiche corse, et
surtout Salvatore Viale (1787-1861)
entretiennent par leur enseignement une
active vie littéraire, dans laquelle se
distingue aussi Giovan Carlo Gregorj,
historien et traducteur (1797-18521.
L'éditeur Fabiani y publie les recueils de
nouvelles historiques de Giovan Vito
Grimaldi ( 1804-1863) et de Regolo Car
lotti (1805-1878).
Politiquement enga
gés, le bonapartiste Giuseppe Multedo
(1810-1896) et le républicain Gian Paolo
Borghetti ( 1816-1897) sont des poètes de
langue italienne qu'inspirent les luttes
du Risorgimento.
C'est à cette époque
que, sous l'influence romantique venue
d'Europe du Nord à travers l'Italie, on
cherche à rompre avec l'arcadisme et à
« découvrir » des textes en corse appar
tenant au patrimoine populaire, soit
dans l'oralité traditionnelle -et on les
qualifie d'abord de contadineschi («de
goût paysan >>) -, soit que, demeurés
jusque-là inédits, ils aient été composés
par des auteurs écrivant ordinairement
en italien -auquel cas ils sont dits
giocosi ( > et pour d'autres un carac
tère provincial et régionaliste.
Elle sera
illustrée en 1914 par les auteurs de A.
»
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