LA LITTÉRATURE D'EXTRÊME-ORIENT
Publié le 27/01/2019
Extrait du document
Yasushi !noué (1907-1991) est surtout connu pour Le fusil de chasse (1950) et son roman historique Les chemins du désert.
Kôbô Abe (1924-1993) aborde le problème de l'identité japonaise sur fond de mythes populaires et de critique sociale (La femme des sables, 1962; L'homme-boite, 1973).
Né en 1935, prix Nobel en 1994, Kenzaburô Oe est un anticonformiste, qui dénonce la cruauté de la société dans une œuvre à la fois autobiographique et historique (Notes sur Hiroshima, 1963, Le jeu du siècle, 1967). ll a décrit, mieux que d'autres, les travers de la construction sociale japonaises via ses personnages marginaux.
Parmi les nouveaux écrivains, Akiyuki Nosaka (né en 1930) fait une large place à l'érotisme (Les pornographes, 1966); Ryû Murakami (né en 1952) affronte la drogue, la violence, le sexe: Bleu presque transparent (1977) apparaît comme un roman «punk». L'univers d'Ikezawa Natsuki
connaît un fort succès. Dans Le pauvre cœur des hommes (1914), chef-d'œuvre d'analyse psychologique et peinture d'un Japon provincial en pleine mutation, il décrit les difficultés des individus à s'adapter à l'évolution de la société. Son roman inachevé, Ombre et Lumière, retrace les dix journées banales de gens « ordinaires^
Au cours de l'ère Taisho (1912-1926), des écrivains réagissent contre la domination du naturalisme et cherchent avant tout la beauté et la pureté. Naoya Shiga (1883-1971) crée une revue, Shirakaba (Le bouleau), qui professe un idéalisme généreux et publie La route dans les ténèbres (1922-1937), l'un des romans phares des années 1930-1950. Se démarquant des courants et des modes, Ryûnosuke Akutagawa (1892-1927), excelle dans le conte et la nouvelle (Rashômon, 1915). ll se donne lui-même la mort après avoir écrit un texte saisissant, L'engrenage (1927), analyse froide de l'envahissement progressif de la folie dans son cerveau. Un autre sondeur de l'âme et des métamorphoses de la société est Ka[û Nagai (1879-1959). Après avoir séjourné aux Etats-Unis et en France, il revient à Tokyo, en particulier dans les quartiers de plaisirs où survit l'ancien Edo: Chronique d'une saison des pluies (1931), Une histoire singulière à l'est du fleuve (1937). La Sumida (1909), racontent son adolescence et témoignent de la nostalgie d'un Japon traditionnel de l'auteur.
La littérature militante
Au cours des années 1920, les préoccupations politiques s'imposent aux écrivains, en particulier
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ceux de gauche qui se regroupent au sein de la Fédération des artistes prolétariens. Dans Le bateau-usine (1929), modèle de roman militant, Takiji Kobayashi (1903-1933) dénonce les conditions de travail des pêcheurs en haute mer. Mais la censure étatique ne tarde pas à réagir car le Japon s'est engagé dans la voie nationaliste et militariste. Beaucoup d'écrivains sont alors emprisonnés et Kobayashi, communiste, meurt d'un «arrêt du cœur» au cours d'un interrogatoire policier.
Dans les années 1930-1945, les œuvres marquantes sont celles d'écrivains parvenus à maturité qui se tiennent à l'écart de l'engagement politique, comme Tôson Shimazaki qui retrace dans Avant l'aube (1929-1935) les transformations de l'ère Meiji. Junichirô Tanizaki (1886-1965) commence la rédaction d'une œuvre monumentale avec L'amour d'un idiot (1924-1925) et L’histoire de Shunkin (1933).
L'œuvre de Osamu Dazaï (1909-1948) est celle qui symbolise le mieux la fin d'une époque et le désarroi du Japon au lendemain de la tragédie d'Hiroshima. Issu d'une riche famille, Dazaï a mené une vie folle et désespérée qui le conduisit au suicide: La déchéance d'un homme (1947) et Soleil couchant (1948) comptent parmi les textes qui ont marqué la nouvelle génération. Tanizaki et Kawabata écrivent dans une retraite plus ou moins totale. Tout en affirmant sa fidélité à la tradition et à l'esthétique japonaises -L'éloge de l'ombre (1933)-, Tanizaki scrute les secrets de la passion amoureuse: La confession impudique (1956), Le journal d'un vieux fou (1961). D'une immense sensibilité, l'univers de Yasunari Kawabata
«
La
littérature d'Extrême-Orient
passé et de l'étrang er.
En 1929, Çakhing Kodo
'H maing, le plus grand écrivain engagé de
l'é poque contemporaine, publie Mélanges
politiques et religieux, un roman historique inti
tulé L'Histoire du roi Dhammaceti et des «drames
de cour».
Alors que les idées marxistes se répan
dent, des romanciers font écho aux problèmes
politiques et sociaux de la Birmanie: 'Ming Aung
(La Terre sous le Ciel, 1958), Tèq 'To (Le fonction
naire, 1950), Çadu (Soldat, mon frère, 1952).
L'ex
Premier ministre 'U Nu signe des œuvres très poli
tiques qui décrivent les premières années
d'indépendance, obtenue en 194 7: Cinq ans,
La voix victorieuse du peuple.
Quant aux romans
de Çeing Phé Mying', Bonze à la page (1938),
Soleil à l'Orient (1956), ils constituent une litté
rature engagée et satirique qui décrit néanmoins
la vie birmane.
Mais on remarque à nouveau une
grande influence de la littérature étrangère dans
les genres du roman et de la nouvelle.
Le Viêt Nam
De transmission orale, la littérature populaire du
Viêt Nam comprend essentiellement des pro
verbes, des contes folkloriques et des chansons.
Soumise pendant mille ans à l'influence de la
civilisation chinoise, la vie littéraire du Viêt Nam
connaît un changement radical, essentiellement
dû à la diffusion de l'écriture romanisée de la
langue vietnamienne (qui succède au vietna
mien écrit en caractères idéographiques inspirés
du chinois): le quôc-ngu, ou langue nationale,
que les missionnaires ont créée au· xv11• siècle,
dan� le but de propager la foi chrétienne, et dont
l'emploi s'est imposé à la faveur de la colonisa
tion française au début de notre siècle.
Cette nou
velle écriture a favorisé la pénétration des
influences occidentales, aussi bien dans le
roman, dans la poésie ou le théâtre que dans de nouvelles
formes d'expression: études, repor
tages, essais, critiques, etc.
L'apparition du jour
nalisme a également stimulé la littérature
moderne au Viêt Nam.
S' affranchissant des règles traditionnelles, de
jeunes poètes, tels Thê Lu (1907-1989) dans ses
Rimes (1935-1941), insufflent à la poésie un
contenu nouveau, plus individualiste, assurant sa
pérennité.
Thê Lu fonde le mouvement Tho Moi
(«Nouvelle Poésie») qui prône l'usage d'une
langue claire et d'une métrique plus variée et
libre.
Le roman, lui, connaît un développement
éclatant, exploitant des voies encore inexplorées:
le réalisme social, avec Les pauvres (1908) de Hô
Biêu Chanh (1884-1958) et Quand la lampe
s' éteint (1939) de Ngô Tât Tô (1894-1954);
le romantisme, avec Tô-Tam (1925) de Hoang
Ngoc Phach (1896-1973); l'idéalisme, avec Rêve
d' un papillon de Khai Hunh (1896-194 7);
le roman à thèse, avec La marchande de fleurs
(1937) de Nhât Linh (1905-1968).
À partir des années 1930, la période troublée
des luttes nationalistes et des guerres d'indépen
dance, qui alimentent poèmes et romans, modi
fie la création littéraire.
À l'image du Viêt Nam,
divisé en 1954 à l'issue de la conférence de Ge
nève, les écrivains se rangent dans deux eourants
idéologiques opposés.
L'orientation marxiste du
Nord mène à une littérature militante autant que
«dirigée».
La révolution a pour chantres Hô Chi
Minh (1890-1969) -fondateur du Parti commu
niste vietnamien, auteur d'essais et de pamphlets
politiques, mais aussi de poèmes- et Tô Huu (né
en 1920), dont les poèmes (Sang et Feu, 1936;
Aller au front, 1972) débordent de lyrisme patrio
tique.
Au Sud, à l'inverse, les romanciers prônent
le libéralisme, le respect de l'individu, puis évo
quent la désolation provoquée par une guerre fra
tricide et la crainte du lendemain, comme chez
Binh Nguyên Loc (1914-1987), auteur d'Au fil de l'eau
(1959), ou Nguyên Thi Hoang (née en
1936), auteur de Vong Tay Hoc Trà (1967).
En
1975, la victoire du Nord met un point final à
cette dualité.
Parmi les romanciers qui, brisant
l'orthodoxie et la censure, ont su réactiver une
veine créatrice originale, se distinguent Duong
Thu Huong (née en 1950), auteur à succès révélé
avec Au-delà des illusions (1985) et Roman sans
titre (1991), ou Nguyên Huy Tiep (né en 1950),
auteur d'Un général part à la retraite (1988) et des
Vents de Hua Tat (1989).
La Chine
La littérature moderne en Chine est née avec le
«Mouvement du 4 mai 1919>>.
Cette réaction na
tionale contre les atteintes portées par le traité de
Ve rsailles à la souveraineté de la Chine, a mobi
lisé intellectuels et écrivains, qui, en se regrou
pant et en créant de multiples revues, prennent
conscience de leur capacité à peser sur le cours
des événements.
D'autant que l'abandon du style
1908
Hô Biêu Chanh (Viêt Nam), Les pauvres
1921
Lux un (Chine), La véridique histoire d'Ah Q
1933
� Duong Thu Huong
(née en 1950),
l'une des romancières
tes plus populaires
du Viêt Nam,
révélée avec Au-delà
des illusions (1985) :
ce roman d'amour,
qui dénonce ta lâcheté
et l'hypocrisie
des intellectuels,
se vendit à plus de
cent mille exemplaires
malgré ta censure
dont il fit t'ob jet..
»
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