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La littérature en début du XXe siècle (entre 1900 et 1930) : HERITAGES ET MODERNITES

Publié le 21/11/2011

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Dans tous les domaines, en politique mais aussi en philosophie, en sciences, en littérature et dans tous les arts, ce début de siècle est placé sous le signe de !'ambivalence, dramatiquement accentuée par l'accélération du progrès. Blériot traverse la Manche le 25 juillet 1909, mais la province vit toujours à l'heure de la voiture à cheval. Le grand penseur de l'époque est encore aux yeux des bourgeois le très positif Hippolyte Taine (mort en "1893) et il reste de bon ton d'aimer la peinture de Bouguereau, la musique de Massenet et les sages romans de Georges Ohnet. Et pourtant, au même moment, des choses capitales sont en train de se passer : Nietzsche meurt en 1900, payant par la folie sa vision d'un monde sans Dieu ; à Vienne, la même année, dans le silence de son cabinet, Freud achève la rédaction de la Science des Rêves où se trouve déjà énoncé le principe de la doctrine psychanalytique ; en 1907, Picasso - chaudement soutenu par Apollinaire - bouleverse nos conceptions de l'art en peignant les Demoiselles d'A vignon ; six ans plus tard, au théâtre des Champs-Elysées, Stravinski fait scandale en faisant exécuter le Sacre du Printemps.

« de la réalité du monde.

D'innombrables chemins sont alors possibles.

Et celui que choisit Louys est celui de la fantaisie et du plaisir.

Pierre -Félix Louis dit Pierre LOUYS (1870- 1925), témoigne, dès ses premiers vers d'un certain talent.

Mais on peut se demander si ses origines et les milieux qu'il fréquente ne le poussèrent pas à une fantaisie qui ne fut qu'un jeu littéraire et qui appauvrit un peu son art.

Descendant d'un médecin de Napoléon, petit-fils d'un haut fonctionnaire d'Empire et fils d'avocat, le jeune Louys, élève de l'Ecole Alsacienne et de Janson de Sailly, n'aura plus qu'à hésiter, après sa philosophie, entre les voyages et la fréquentation du salon Hérédia.

Ami de Valéry et de Gide (qui deviendra son beau­ frère), Louys, ainsi que ce dernier, publie ses pre­ miers poèmes à « La Conque », belle revue de luxe.

Mais il attend 1896 pour devenir célèbre, avec la publication d'Aphrodite : le style, la psychologie et le sujet firent un peu scandale, ce ne fut pourtant pas la version authentique et intégrale qu'on publia, inédite encore aujourd'hui.

Bien qu'amputé, le texte révèle un styliste incomparable, imprégné de classicisme grec, imaginatif et soucieux de per­ fection.

Les Chansons de Bilitis, écrites plus tôt, sont de beaux poèmes lyriques en prose et la Femme et le pantin, publié en 1898 est un remar­ quable conte psychologique et riche en pittoresque.

Trois ans plus tard, les A ventures du Roi Pausole, livre du libertinage, sonnera un peu le glas de la veine élégante de Louys qui n'écrira plus ensuite que des œuvres d'érudit où il laissera vagabonder une imagination qui touche au délire.

Symbolisme et retour à la simplicité « Il n'y a qu'une école, celle où, comme des enfants qui imitent aussi exactement un beau modèle d'écriture, les poètes copient avec conscien­ ce un joli oiseau, une fleur ou une jeune fille ».

Francis JAMMES (1868-1938) définit bien ainsi le génie bucolique et provincial qui imprègne son œuvre poétique et romanesque.

Car la campagne est toujours présente dans ses écrits : on y peint la vie simple, les travaux des champs, la vie de famil­ les paysannes soutenues par la foi.

Des réminiscences de Bernardiil-de -Saint Pierre, de Marceline Des bordes- V almore, de Lamartine sont lisibles en filigrane, mais toute théorie est absente de l'œuvre.

Ce que Jammes cherche avant tout, c'est la simplicité, et son langage sera dru, parlé, tout en images spontanées, le rythme aura des cassures voulues, approche d'un naturel, d'une fraîcheur verbale qu'admireront Mallarmé, Gide, Claudel, Régnier.

On peut cependant s'irriter quand Jammes prend parfois parti d'enfantillage et qu'on le surprend alors mettant en système son ingénuité.

1898 De l'Angelus de l'aube à l'angelus du soir; (poèmes) 1899 Clara d'Ellébeuse (roman) 1901 Le Deuil des primevères (poèmes) Almaïde d'Etremont (roman) Jean de Noa"ieu (chef-d'œuvre païen) 1906 Clairières dans le ciel (vers) 1911 /12 Géorgiques chrétiennes (vers).

Paul FORT (1872-1960)- Issu comme Jammes du symbolisme, il le quitte et écarte toute théorie pour laisser parler son cœur.« L'amour de la Natu­ re ne s'enseigne pas.

Existe-t-il un poète, vraiment digne de ce nom, qui ne soit ému devant la majesté du soleil couchant sur la mer? Aimer la Nature, c'est la qualité primordiale, c'est la grâce même du poète .• Cette « Cigale du Nord », comme le surnommera Mistral, reste célèbre pour ses Ballades françaises, genre unique où se mêlent églogues et odelettes, hymnes et épopées, et qu'il composera pendant trente ans.

Son lyrisme direct, des trouvailles inat­ tendues et spirituelles lui assureront une grande vogue.

Mais ce « Prince des Poètes » ne s'arrête pas là.

Il fonde, en 1890, le Théâtre d'essai où il fait représenter Maeterlinck, Verlaine et Shelley, dirige plus tard avec Valéry la revue « Vers et prose » qui le fortifie dans sa position indépendante et, tout en continuant ses Ballades, reviendra au théâtre avec des légendes dramatiques : Chroniques de France, et Louis Xl, curieux homme.

Inépuisable créateur d'images, tendre et savoureux poète populaire, Fort demeure peut-être un des derniers descendants des trouvères.

• Les débuts de Gide « Né à Paris, d'un père uzétien et d'une mère normande, où voulez-vous, Mo~sieur Barrès que je m'enracine ? ,.

(Prétextes) .

Cette remarque d'André GIDE sur ses origines illustre bien les tiraillements de cet homme aux aspirations contradictoires, toujours oscillant entre la sensualité et le puritanisme.

Elevé par sa mère, sa tante et une gouvernante, après la mort de son père (Paul Gide, professeur à la faculté de Droit), dans un climat de sévère conformisme bourgeois, chétif, maladif, il rêve très vite d'entamer une carrière littéraire.

N'est-il pas le condisciple de Pierre Louys à l'Ecole Alsacienne, et de Léon Blum au collège Henri IV ? A Montpel­ lier, il fait la connaissance de Paul Valéry et la ren­ contre de Mallarmé, qui le convie à ses fameux Mardis de la rue de Rome, fixe sur lui une emprein­ te symboliste dont il ne se débarrassera jamais complètement et dont témoignent les Cahiers d'An­ dré Walter (1891), le Traité du Narcisse (1892), les Poésies d'André Walter (1892), Paludes (1895) et , urtout les Nourritures terrestres ( 1897), livre qui,. »

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