La poésie pour être moderne, doit-elle systématiquement s’opposer au passé et à la tradition ?

« Dissertation Sujet : La poésie pour être moderne, doit-elle systématiquement s’opposer au passé et à la tradition ? Votre devoir s’appuiera plus particulièrement sur les poèmes d’Apollinaire et sur les textes du parcours associé. Au XX ème siècles, des poètes comme Apollinaire ou les Surréalistes après lui, ont révolutionné le monde de la poésie.

Tous ces auteurs ont pris des libertés mais s’appuient cependant sur ce qui avait été fait avant.

Il apparaît donc légitime de se demander si la poésie doit toujours s’opposer aux traditions et au passé.

Dans un premier temps, nous verrons que la poésie, pour affirmer sa modernité doit inévitablement être en opposition avec le passé.

Nous mettrons ensuite en évidence le fait que certains textes malgré leur modernité suivent certaines traditions poétiques anciennes.

Enfin nous verrons que toute modernité ne peut pas surgir des vers d’un poème sans reprendre certaines composantes des traditions passées. Depuis le début du XX ème siècle, la poésie est un genre littéraire en renouveau et empreint de modernité.

On peut le remarquer d’abord dans l’originalité des thèmes abordés.

Ensuite dans la disposition et la forme des vers.

Elle passe enfin par l’utilisation d’un langage innovant. Ainsi, certains poètes décrivent le monde présent comme la ville et son paysage de manière très précise.

La description de la ville par le poète devient presque une ode qui vise à nous en donner une image très positive. Apollinaire dans le recueil Alcools, dans le poème Zone décrit non seulement la ville mais aussi les avancés technologiques dont il est témoin comme l’aviation, l’automobile ou la Tour Eiffel, toute nouvelle à l’époque. Baudelaire quand à lui est très moderne quand il nous décrit dans le poème charogne (Les Fleurs du Mal) le cadavre d’un animal en décomposition de manière très positive. Par ailleurs, c’est aussi grâce à un langage nouveau que les poètes peuvent être qualifiés de moderne.

Ils abandonnent le lyrisme et utilisent des mots plus courants voir parfois familiers.

Blaise Cendrars, dans La Prose du Transibérien et de la petite Jehanne de France, nous décrit son voyage dans ce train illustre avec des mots familiers comme : « la camelote allemande » au vers 69 ou l ‘adjectif épatante au vers 92. Enfin, la modernité des poèmes de cette époque transparaît dans leur métrique.

Ainsi certains poèmes rompent avec la tradition en utilisant des vers ou des strophes irréguliers.

Apollinaire dans le poème Automne malade utilise des vers de 9 et 5 syllabes au lieu de vers classiques à syllabes paires.

D’autres poèmes ne sont plus en vers mais écrits en prose comme La Prose du Transibérien et de la petite Jehanne de France de Blaise Cendrars.

Enfin Apollinaire affirme pleinement sa modernité quand il utilise des rimes approximatives dans le poème Zone où ils fait rimer « aile » avec « hirondelle) (vers 53-54) puis « pétille » avec « vie » (vers 77-78).

Autre innovation, Apollinaire décide d’ écrire tout son recueil Alcools sans recourir aux marques de ponctuation. Finalement les poètes de cette époques sont fondamentalement modernes à travers les thèmes évoqués, le langage employé, la forme de leurs vers, en rupture avec la tradition poétique.

Pourtant il semble que cette modernité ne puisse pas exister sans l’inspiration du passé. Effectivement, pour renouveler l'art poétique , il faut s'inspirer du passé pour transformer la poésie et lui permettre de transcender ce qui a été écrit autrefois.

On le voit notamment quand les auteurs s'inspirent de thèmes qui se montrent adéquats avec ceux du passé.

Ainsi Apollinaire dans son calligramme La Colombe et le Jet d'eau, parle d'un amour perdu, un thème récurent dans les élégies antiques de Tibulle ou Properce.

Le poète se plaint de ne plus être avec ses amours car il est sur le front. Guillaume Apollinaire exprime aussi une plainte amoureuse dans La chanson du mal aimé où il cherche à conquérir le cœur d'une londonienne, Annie Playden, tout en reprenant l'archétype ancien de la femme.... »