La querelle des Anciens et des Modernes
Publié le 17/01/2022
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Une grande querelle agite le petit monde des lettres à la fin du siècle et l'agitera encore pendant une bonne partie du XVIIIe siècle, c'est ce qu'on a appelé « la querelle des Anciens et des Modernes «. Elle oppose les tenants de l'imitation des Anciens, qui voient en eux des modèles inattaquables, et les tenants de la modernité, qui affirment que leurs contemporains ont autant de valeur que les Anciens et peuvent rivaliser avec eux dans bien des domaines. Querelle historiquement datée, mais aussi interrogation plus profonde qui saisit chaque génération : comment écrire encore lorsqu'on croit que tout a déjà été dit et bien dit ? Il reste que les clans sont assez fluctuants. Boileau est un « Ancien « ; Perrault, l'auteur des Contes, est un « Moderne «, mais beaucoup refusent les excès de l'un et l'autre partis et se forgent une opinion moyenne. La fin du XVIIe siècle voit aussi se lever une génération critique, prônant la tolérance, refusant les dogmatismes et les superstitions et voulant appliquer à tout un esprit d'examen particulièrement vif. Bayle et Fontenelle font partie de ces gens. Ce sont les précurseurs des Lumières, les premiers « philosophes « au sens que le XVIIIe siècle donnera à ce mot. Ils ressentent profondément ce qu'on a appelé « la crise de la conscience européenne «, en reprenant le titre d'un ouvrage du critique Paul Hazard, fort justement célèbre. La coupure entre le XVIIe et le XVIIIe siècle ne se fait bien entendu pas en 1701. La période 1680-1715 marque une transition importante où s'ébauchent les idées du XVIIIe siècle.
«
LA CRISE
DE LA CONSCIENCE FRANÇAISE
(1680-1715)
En quelques décennies, un profond changement
se
produit dans les esprits.
Après une existence
souterraine reparaissent des attitudes déjà
en
honneur au siècle précédent : liberté des idées ,
indépendance à
l'égard des Anciens, recherche
ardente dans tous les domaines...
Enrichi
par
l'essor des sciences, la réflexion libertine, les
progrès
du cartésianisme, 1 'influence des théori
ciens anglais , le
xvn e va renouer avec tout un
aspect de la Renaissance.
Dans cette crise s'opposent Anciens et
Modernes, traditionalistes et novateurs (en esthé
tique,
en politique, en sciences, en religion).
Si la Bruyère, avec tout le groupe de Bossuet,
incarne l'hosti lité aux courants nouveaux, d'au
tres croyants avancent avec leur temps et cons
tituent une sorte de résistance de l'intérieur :
le plus illustre est Fénelon .
Quant
à Bayle et
Saint-Évremond,c'est à l'extérieur des frontières
qu'ils mènent la lutte.
LA QUERELL E DES ANCIENS ET DES MODERNES
La Renaissance avait placé 1 'Antiquité sur
un piédestal.
Tout au long du xvu e siècle s'est
poursuivi
un débat sur la v aleur de l'imitation,
sur la prééminence des Anciens.
Dans la première
moitié
du siècle, de nombreux créateurs se
révèlent fort indépendants
à 1 'égard des chefs
d'œuvre grecs et latins (Malherbe , Corneille ,
Théophile).
Mais, sous
l'influence des théori
ciens, les conflits deviennent de plus
en plus âpres :
les tentatives (1650-1670) d'épopées modernes,
nationales et chrétiennes sont durement condam
nées
par Boileau en 1674.
En 1675, en 1680, des
escarmouches opposent les partisans
du la tin à
ceux du français pour les « in scriptions » des
tableaux et monuments.
Du côté des Anciens Boileau, Racine,
Arnauld et les Augustiniens , Bossuet et son
« groupe » (La Bruyère , Fleury ).
Du côté des
Modernes : Saint-Évremond , Benserade, Perrault,
Quinault, Fontenelle,
Houdar de la Motte , Le
Mercure galant,
la plupart des femmes ..
.
Der
rière
la lutte sur un principe esthétique (les
œuvres antiques fournissent-elles les modèles
définitifs
du Beau?) apparaît clairement une
opposition générale entre
la tradition et la
modernité.
Les Modernes affirment
un progrès
continuel de 1 'intelligence et de
la délicatesse
morale.
Beaucoup s'appuient
sur 1 'essor des sciences
et
sur la philosophie de Malebranche, qui,
dans
La rec herche de la vé rité (1674), évoque Je
culte des Anciens parmi les causes d'erreur .
Perrault contre Boileau (1687-1694)
La polémique la plus célèbre oppose Charles
Perrault à Boileau.
Le 27 janvier 1687, Perrault
lit à l'Académie un poème que Boileau juge
injurieux pour les Anciens, Le siècle de Louis le
Grand,
où la littérature contemporaine est
placée au-dessus de celle
du « siècle d'Auguste ».
Boileau riposte par des épigrammes, tandis que
La Fontaine, admirateur des anciens, adopte une
position nuancée (Épître à Hu et, 1687).
En 1688,
FontenelJe publie
sa Digression sur les Anciens
et les Mod ern es, et Perrault ses premiers Paral
lèles d es An c ie ns et d es Mod e rn e s.
Les élections
à 1 'Académie voient le triomphe des Modernes
(Fontenelle , 1691), puis leur échec
(La Bruyère,
1693).
En 1694, les polémiques s'achèvent par une
réconciliation entre Boileau et Perrault, œuvre
du
grand Arnauld.
La querelle d'Homère ( 1713 -1715)
Le désaccord des deux groupes était trop pro
fond
pour ne pas susciter de nouveaux conflits..
»
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