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La représentation de la guerre - Montaigne

Publié le 02/08/2014

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montaigne

 

Les guerres de conquête dans le Nouveau Monde ne sont pas les seules à être évoquées par Montaigne dans ces deux « essais «. Il parle abondamment des guerres de !'Antiquité mais il fait aussi de claires référence aux

guerres de religion qui étaient d'actualité en France. Il apparaît alors que, pour lui, toutes les guerres ne sont pas condamnables au même titre, et les plus horribles se sont curieusement passées en France, ou bien elles ont été menées par les Occidentaux contre les Indiens : car ce furent là des guerres d'intérêt, sans noblesse. Contrairement à la guerre des Indiens qui est une guerre désintéressée.

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« Indiens vont alors copier les méthodes cruelles des Portugais : enterrer les prison­ niers «jusqu'à la ceinture, et tirer au demeurant du corps force coups de trait, et les pendre après » (1, 31, p.

308) .

...

Il -l' ARISTOCRATIE DE LA GUERRE Les images de la guerre indigène Montaigne évoque, non sans une apparente complaisance, le comportement des Indiens avec leurs prisonniers ; après l'avoir bien traité, ils organisent une fête avec leurs amis ; celui qui en est le maître« attache une corde à l'un des bras du prison­ nier, il le tient éloigné de quelques pas, de peur d'en être offensé, et donne au plus cher de ses amis l'autre bras à tenir de même ; et eux deux, en présence de toute l'assemblée, l'assomment à coup d'épé.

Cela fait, ils le rôtissent et en mangent en commun et en envoient des lopins à ceux de leurs amis qui sont absents » (1, 31, p.

308).

On distingue le rôle communautaire d'un sacrifice, et en même temps la valeur du prisonnier qui est loin d'être mortifié.

La valeur du combat Il est entendu que la guerre est une « maladie » humaine, mais la lutte étant sans enjeu si ce n'est celui de« l'effusion du sang», elle est comme épurée de toute arrière-pensée : elle est l'occasion de mettre à l'épreuve la fermeté d'âme et la vaillance des Indiens.

Et même si le combat est perdu, le vaincu se refuse à recon­ naître son vainqueur (1, 31, p.

310).

Vainqueurs et vaincu~ Montaigne admire cette constance devant l'épreuve de la mort: le vaincu« re­ garde encore, en rendant l'âme, son ennemi d'une vue ferme et dédaigneuse » (ibid., p.

311), attitude qui le rapproche des hommes les plus valeureux del' Anti­ quité.

C'est un héros vaincu comme le seront ces peuples du Nouveau Monde, à cause notamment de la disparité de l'armement des conquérants.

Pour Montaigne, c'est un monde que l'on a« tué, non pas vaincu».

Quant aux vainqueurs:« contez, dis-je, aux conquérants cette disparité, vous leur ôtez toute !'occasion de tant de victoires » (III, 6, p.

170).

Conclusion : La guerre est inscrite dans !'économie de la nature, et dans cette perspective, qui est celle des Indiens du Nouveau Monde, elle relève de valeurs qui donnent un sens éthique au combat et à la force aveugle.

Ce sont les ambitions marchandes, les intérêts économiques et l'idéologie po­ litico-religieuse qui ont perverti cette vision première de la guerre.

Mon­ taigne ne supporte pas que l'on puisse faire servir la guerre, !'asservir donc, alors qu'elle est d'origine aristocratique.. »

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