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LA SAGA DES ROUGON-MACQUART

Publié le 12/01/2015

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Mais la curée est proche ; Rougon est déchiré par ses « chiens » comme le cerf forcé à Compiègne pour la fête impériale et Delestang prend sa place à l'Intérieur. Qu'importe, l'autoritaire Rougon, dans son insatiable « désir de mener les hommes à coups de fouet, comme un troupeau », se reniera, reviendra au pouvoir défendre l'empire libéral avec la même fougue qu'il l'avait condamné. La prostitution est bien l'essence de la politique, cette « femme facile que chacun espère violer » (La Haine de la Littérature) et dont Clorinde est ici le symbole : à la vente de charité des Tuileries, tandis que les dames patronnesses de l'empire jouent les bonimenteuses de foire (proposant « toute leur boutique » dans un « bruit d'encan encourageant les clients de la loterie d'un : « À vingt sous le coup, messieurs, [...] tirez un coup »), Clorinde, telle « Junon fille de bras-serie », sert des bocks en arborant le prix de sa nuit avec Badinguet, « un collier de chien » dont la « grosse chaîne d'or remontait s'attacher sur une plaque d'or [...] où on lisait : J'appartiens à mon maître ». COMMENTAIRE Zola connaît les études de criminologie parues entre 1886 et 1888 et, renonçant aux figures pittoresques du crime que lui a léguées la tradition littéraire, il tente d'en élaborer une véritable psychopathologie individuelle dans La Bête humaine. Jacques n'est ni Vautrin, le forçat évadé qui, dans l'ombre, sape les fondements d'un ordre inique, ni Jean Valjean, le forçat au grand coeur, victime de la société. Dépassant la simple dimen¬sion sociologique du crime, Zola invente le sujet criminel. Le criminel au jardin des espèces En un siècle où les zoologistes classent les espèces et où les auteurs de dictionnaires font l'inventaire du monde, le roman zolien dresse d'abord une taxinomie* du crime. La bête humaine a des violences protéi-formes : si le meurtre purement impulsif de Cabuche est un héritage des images romantiques (le Chourineur des Mystères de Paris n'est pas loin), Misard, (‘ l'insecte rongeur », toujours à quatre pattes pour sonder le mur de la petite maison dans l'espoir d'y découvrir le « magot » caché par Phasie, incarne le degré zéro du mobile : il tue froidement, avec la volonté têtue de l'idée fixe, au milieu d'une vie végétative rythmée par les gestes du métier, en instillant sournoisement le poison dans le sel et dans les lavements de sa femme. L'obsession criminelle du garde-bar¬rière redouble ici la rationalité technique du chemin de fer, avec ses implacables régularités, ses finalités de maximalisation des profits. Flore et Roubaud introduisent la dimension passionnelle du crime et Zola, d'entomologiste* épinglant ses insectes, se fait psychologue. C'est une jalousie féroce qui a poussé le sous-chef de gare au meurtre mais ce tempérament sanguin, prompt à des emportements de brute, s'enfoncera bientôt dans une indifférence morbide. Engourdi d'une « graisse lourde et jaune », il tolère l'amant de sa femme et, sans aller jusqu'au repentir, ne comprend plus « cette nécessité du meurtre » qui lui avait paru si évidente la pulsion sexuelle est morte avec le crime, elle ne « flambe » plus que de la

« Adélaïde Fouque, riche héritière de maraîchers installés près de l'aire Saint-Mittre, se marie avec un garçon jardinier, Rougon, qui lui donne un fils, Pierre.

Veuve et hystérique, elle prend pour amant un contrebandier, ivrogne et fainéant, Macquart.

Deux enfants naissent, Antoine et Ursule.

Ainsi se dessinent la branche légitime et la branche bâtarde.

Pierre, dépouillant sa mère et spoliant les bâtards, vend l'enclos des Fouque et peut ainsi épouser Félicité Puech, la fille d'un marchand d'huile, qui lui donne cinq enfants, Aristide, Pascal, Eugène, Sidonie et Marthe.

La révolution de 48 trouve les Rougon " prêts à violer la fortune», logés «au seuil de la terre promise"• dans la rue séparant la canaille des riches.

Félicité réussit à transformer son minable " salon jaune ,, en salon légitimiste ouvert à tous les conservateurs.

Sur les conseils d'Eugène, agent secret bonapartiste, Pierre se vend à Louis-Napoléon et, lorsque les insurgés arrivent à Plassans, caché chez la vieille Adélaïde, il attend son heure.

En arrêtant les autorités municipales, les républicains lui lais­ sent les coudées franches : tandis que les insurgés se font massacrer et que Miette meurt sous les balles de la répression à Sainte-Roure, Pierre, avec quarante comparses, s'empare, sans coup férir, de la mairie de Plassans qu'occupent quelques républicains ...

endormis et arrête Antoine, républicain par envie revancharde.

Pourtant l'héroïsme de Rougon est contesté.

Félicité achète alors Macquart : il s'évadera pour entraîner les rouges de Plassans dans un piège ; ils viendront reprendre la mairie apparemment vide et seront accueillis par une fusillade dirigée par le « sauveur » Rougon.

Pour la dynastie, c'est le baptême du sang qui tache à jamais de rouge le nom des Rougon : Pierre, tel Macbeth, garde à ses semelles la marque sanglante du guet-apens ; Félicité a, pour entrer dans "ses Tuileries"• voulu la mort du receveur général; quant à Aristide, il assiste sans intervenir à l'exécution sommaire de Silvère, qui meurt sur la pierre tombale de ses jeunes amours.

COMMENTAIRE Un roman satirique La Fortune des Rougon, roman des origines, se veut d'emblée une satire féroce du Second Empire.

Le " salon jaune ,, est en effet une cari­ cature de " la rue de Poitiers ,, où se réunissait, en 1848, à Paris, le parti de l'ordre, constitué de la droite de l'Assemblée, des légitimistes et des orléanistes.

Aucune des deux dynasties n'offrant de prétendant capable 26. »

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