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La veine satirique

Publié le 16/03/2015

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Le ton satirique est largement représenté dans Les Châtiments, au point qu'il semble occuper toute la scène. Il serait plus juste de dire qu'il y a plu­sieurs tonalités, parfois dans un même poème, ce qui est d'ailleurs un autre trait de la satire qui, originellement, désignait un genre mêlant prose et vers ainsi que différents registres dans le but d'attaquer les moeurs publiques en s'en moquant.

 

On retrouve donc dans Les Châtiments une inspiration satirique qui s'ex­prime de manière violente, se recommandant d'ailleurs de Juvénal (Livre VI, 13), et qui attaque aussi bien les personnes que les catégories sociales.

« E X P 0 S É S F C H E S ~ Il -LA RHÉTORIQUE DE LA SATIRE La manipulation des noms propres Un aspect essentiel de la satire réside dans le fait qu'elle attaque nommément la personne.

Hugo utilise surtout le nom propre qu'il donne pour synonyme de dé­ fauts majeurs: «La férocité c'est Carrelet; la bassesse/ Signe Rouher, avec De­ langle pour greffier./ Ô muse, inscris ces noms » («Splendeurs», Livre III, 8).

L'apostrophe permet aussi de jouer sur la situation de communication et de diriger différentes attaques vers le destinataire : ainsi Napoléon III apostrophé : « Ô Ro­ bert » (Macaire : escroc, bandit.

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à !'attaque de la pièce 12, Livre III).

Il arrive souvent que le nom propre soit affublé et travesti lui-même : Napoléon-le-Nain (Livre I, 5).

Enfin le recours aux noms propres dans le cadre de la satire permet de faire appel à des antithèses qui sollicitent le savoir encyclopédique du lecteur : « Il eût fallu Caton sur cette chaise auguste,/ On y jucha Pasquin» (Livre IV, 8).

La syntaxe affective Le ton satirique est souvent déterminé par la syntaxe affective, laquelle fait appel à l'exclamation et à l'interrogation: «Qu'a-t-il fait? un délit? fi donc ! un attentat»(« Apothéose», Livre III, 1).

Très souvent d'ailleurs le poète are­ cours à des dispositifs proches du discours direct, utilisant ainsi l'ordre théâtral ; « La douce hypocrisie éclate en aphorismes ;/C'est bien, nous gagnons gros et nous sommes contents ;/Et ce sont, Juvénal, les maximes du temps ».

Les figures de rhétorique Dans le cadre des figures de rhétorique on pourra évoquer plus spécialement celles qui traduisent l'excès, comme l'hyperbole, l'anaphore (Livre I, 4, les six premières strophes), les énumérations qui rendent le propos faussement éloquent ( « Lois, mœurs, maître, valets, tout est à l' avenant./C' est un bivouac de gueux, splendide et rayonnant» (Livre VI, 5).

D'autres figures sont aussi régulièrement représentées comme l'antithèse, ou le renversement ironique.

Les images Les images, ainsi que le jeu sur le sens propre et figuré des mots, sont un des procédés les plus sûrs de la satire : « votre plume au fond de vos masures/Grif­ fonne, va, vient, court, boit l'encre, rend du fiel» (Livre IV, 4).

On rencontre aussi des oppositions qui jouent sur le sens abstrait et le sens concret ( « Les âmes sont pour vous des bourses et des banques », ibid.

; « Embonpoint de la honte ! époque callypige ! »(Livre VI, 5).

Parfois les images s'organisent autour d'une thématique appartenant au registre de la comédie : autour du « bœuf Peuple », « Le boucher Carrelet fourbit son coutelas./ La marmite Budget pend la crémaillère» (Livre IV, 13).

Voir aussi la célèbre polka burlesque du poème« Éblouissements» (Livre I, 5), préparée par« l'archet frémissant» : «Dansez ! dansez, Berger, d'Hautpoul, Murat, ci trouilles ! » Conclusion.

Il faut sans doute voir dans la veine satirique du poète l'une des composantes essentielle de cette « parole qui tue » et qui tente de ven­ ger la« pauvre France abattue»(« Joyeuse vie», Livre III, 9).

LES CHÂTIMENTS DE VICTOR HUGO~. »

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