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LAMENNAIS : sa vie et son oeuvre

Publié le 09/01/2019

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LAMENNAIS ou LA MENNAIS Félicité Robert de (1782-1854). Homme d’Église, essayiste, doctrinaire, Lamennais (c’est l’orthographe qu’il choisit) connaît le destin de ceux qui, d'abord loués et adulés, sont honnis sitôt qu’ils développent toutes les implications de leur pensée.

La première partie de sa vie, de sa naissance à Saint-Malo à la publication de l’Essai sur l'indifférence en matière de religion (1817-1823), en passant par la prêtrise en 1816, suit le tracé d’une foi exigeante qui l’engage dans un combat contre-révolutionnaire. Comme Bonald et de Maistre, il affirme la source divine de la nature humaine et de la société, le caractère absolu du pouvoir politique, la primauté du religieux sur le juridique qui en procède nécessairement, l’infaillibilité du dogme, qui précède la raison. Il rejette les Lumières comme hérésie du genre humain au même titre que la Réforme : « L’homme, borné dans ses facultés, insatiable dans ses désirs, tourmenté également par sa curiosité et par son impuissance, a besoin tout ensemble d’une lumière qui l’éclaire, et d’une autorité qui réprime son excessive avidité de connaître » (Réflexions sur l'état de l'Eglise de France pendant le xviiie siècle et sur sa situation actuelle, 1808).

 

A partir de là, seule l’apologétique peut restaurer une société sous l’égide du christianisme et de son Église : « Le christianisme avant Jésus-Christ était la raison générale manifestée par le témoignage du genre humain. Le christianisme depuis Jésus-Christ, développement naturel de l’intelligence, est la raison générale manifestée par le témoignage de l’Église » (Essai sur l'indifférence...).

 

Lamennais soulève l’enthousiasme des milieux catholiques et suscite l’engagement de disciples comme Lacordaire et Montalembert. La revue le Mémorial catholique se fonde dans sa mouvance spirituelle; il collabore aux journaux ultra-légitimistes : le Conservateur, le Défenseur, le Drapeau blanc, et, dans De la religion considérée dans ses rapports avec l'ordre politique et civil (1826) il affirme la subordination du pouvoir temporel au pouvoir spirituel. La rupture avec les gallicans (car cette position a pour conséquence l’ultramontanisme) en amorce une autre avec tout le pouvoir monarchique.

 

Réprouvant la société temporelle, Lamennais en vient assez vite à associer christianisme et liberté. En 1830, il fonde l'Avenir, dont la devise est : « Dieu et la liberté ». En fait, Lamennais prône l’alliance des catholiques et des libéraux pour une moralisation du pouvoir : « Il ne peut exister aujourd’hui en France qu'un seul genre de gouvernement, la République» (17 octobre 1830). Lamennais n’attend plus que l’approbation de Rome. Le Saint-Siège répondra par deux encycliques : Mirari vos, en 1832, et Singulari nos, en 1834; condamnation sans appel, surtout après les Paroles d'un croyant, de 1834, qui marquent la rupture avec une Église dénoncée comme complice de la tyrannie, une Église qui a « divorcé avec le Christ, sauveur du genre humain, pour forniquer avec tous ses bourreaux ».

 

Certes, son audience diminue : Lacordaire et Montalembert l’abandonnent, et la publication des Troisièmes Mélanges (1835), et des Affaires de Rome (1836), aggrave la situation. Pourtant le Livre du peuple (1837), la Religion (1841), l'Esquisse d'une philosophie (1840-1846) développent une doctrine de la régénération en vue d’un avenir radieux, « mystérieux, dont les horizons se dilatent sans fin, sans repos, au sein de l’immensité et de l’éternité », assomption d’un peuple généreux et fraternel, et antithèse d’une bourgeoisie étriquée et médiocre.

 

La révolution de 1848 le voit député et directeur du journal le Peuple constituant, dont le dernier numéro contient les paroles fameuses : « Quant à nous, soldats de la presse, on nous traite comme le peuple, on nous désarme. Il faut aujourd’hui de l’or, beaucoup d’or pour jouir du droit de parler. Nous ne sommes pas assez riches. Silence aux pauvres ».

lamennais

« La lecture humanitariste des Évangiles que pratique Lamennais aura une longue résonance : le royaume du Messie n'a pas d'autre essence que celle du bonheur terrestre.

Tout un socialisme religieux s'inspirera de Lamennais : étrange postérité pour celui qui se fit l'apô­ tre de la contre-révolution; mais belle fécondité pour celui qui proclama que «l'unité véritable ne se for­ mera jamais que par la liberté» (Discussions critiques, 1841).

BŒLIOGRAPHIE Œuvres complètes, éd.

Le Guillou , Genève, Slatkine, 1980; Paroles d'un croyant.

Mille re y , 1979: Correspondance, A.

Colin.

1972-1979 (9 volumes parus).

A consulter.

-Yves Le Hir.

Lamennais écrivain, 1949; J.-R.

Derré.

Lamennais, ses amis erie mouve me Ill des idées à l'époque romamique.

Klincksieck.

1962; Louis Le Guillou, l'É volution de la pensée religieuse de Lamennais, A.

Colin, 1966; Ruth L.

White, «l'Avenir» de Lamennais.

Klincksieck, 1974; Paul Bénichou.

chapitre « La mennai s >> dans le Temps des prophètes, Gallimard, 1977; Marie-A nne Rubat du Mérac, Lamennais et l'Italie, Ly on , éditions de l'Hermès, 1979: l'Actualité de Lamen­ nais.

colloque de la Tou re tte .

1978, Strasb ourg , Cerdic Publica­ tions.

1981: Georges Hourdin, Lamennais, prophète et combat­ tant de la liberté, Librairie académique Perrin, 1982.

Voir aussi dan s Romantisme n° 9, 1975, « le Dossier Lam ennais >> par Louis Le Guillou, qui présente une bibliographie exhaustive, et dans le n• 12, Louis Le Guillou, «Dieu et Peuple che:�: Lamennais >>.

La Société des Amis de Lamennais publie régulièrement des Cahiers menaisiens, depuis 1971; L.

Le Guillou.

les Lamennais.

Deux frères, deux destins, Ed.

Ouvrières.

1990.

G.

GENGEMBRE. »

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