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L'américanité dans « Jean Rivard, le défricheur » d'Antoine Gérin-Lajoie

Publié le 16/08/2012

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Enfin, en regardant les idées cachées qui ressortent de l'oeuvre après une lecture plus approfondit et les pistes de lecture suggérées par Robert Major dans son oeuvre Jean Rivard ou l'art de réussir : idéologies et utopie dans l'oeuvre d'Antoine Gérin-Lajoie. Jean Rivard n'a rien d'un simple homme de terre qui cultive sa terre dans le simple but de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Si c'était le cas, il aurait tout simplement pu acheter une terre dans son village natal au lieu de s'isoler dans les bois du comté de Bristol. Non, Jean Rivard avait bien une idée derrière la tête. Comme il ne pouvait acquérir le mérite voulu en ville avec le métier d'avocat puisqu'il devait assurer l'avenir de sa fratrie et subvenir aux besoins de sa mère, il a décidé, sous les conseils de l'abbé, de partir dans les bois afin de coloniser cette région et acquérir le mérite d'avoir fondé sa propre ville. Il se croit d'ailleurs supérieur à son compagnon Pierre Gagnon puisqu'il a plus d'éducation que ce dernier. Cette façon de penser est digne d'un homme qui désire le pouvoir. Il aspire à devenir quelqu'un de connu un peu comme s'il était l'un des personnages de sa bibliothèque. D'ailleurs, il demande même à son ami Gustave Charmenil dans l'une de ses lettres, « toi qui es poète, mon cher Gustave, ne ferais-tu pas mon épopée un jour ? 9 « Jean Rivard incarne donc un colonisateur à l'esprit libéraliste.

« Enfin, en regardant les idées cachées qui ressortent de l'oeuvre après une lecture plus approfondit et les pistes de lecture suggérées par Robert Major dans son oeuvreJean Rivard ou l'art de réussir : idéologies et utopie dans l'oeuvre d'Antoine Gérin-Lajoie.

Jean Rivard n'a rien d'un simple homme de terre qui cultive sa terre dans lesimple but de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.

Si c'était le cas, il aurait tout simplement pu acheter une terre dans son village natal au lieu de s'isolerdans les bois du comté de Bristol.

Non, Jean Rivard avait bien une idée derrière la tête.

Comme il ne pouvait acquérir le mérite voulu en ville avec le métier d'avocatpuisqu'il devait assurer l'avenir de sa fratrie et subvenir aux besoins de sa mère, il a décidé, sous les conseils de l'abbé, de partir dans les bois afin de coloniser cetterégion et acquérir le mérite d'avoir fondé sa propre ville.

Il se croit d'ailleurs supérieur à son compagnon Pierre Gagnon puisqu'il a plus d'éducation que ce dernier.Cette façon de penser est digne d'un homme qui désire le pouvoir.

Il aspire à devenir quelqu'un de connu un peu comme s'il était l'un des personnages de sabibliothèque.

D'ailleurs, il demande même à son ami Gustave Charmenil dans l'une de ses lettres, « toi qui es poète, mon cher Gustave, ne ferais-tu pas mon épopéeun jour ? 9 » Jean Rivard incarne donc un colonisateur à l'esprit libéraliste. Le roman est en relation étroite avec les succès du XIXe siècle, ceux de la bibliothèque de Jean Rivard, et représente donc « une utopie profondément américaine10»mais « au service de l'actualisation d'un rêve québécois.11» Il y a donc un détournement du sens donné au roman au premier abord.

Ce qu'il ne faut pas oublier, c'estque à cette époque, la France et l'Angleterre étaient en guerre territoriale et l'Angleterre avait en sa possession un territoire en Amérique du Nord beaucoup plusétendu que la France.

Bref, les Anglais étaient majoritaire (ce qui est toujours le cas d'ailleurs).

Donc, l'américanité de Jean Rivard découle aussi du fait que lesAméricains avaient beaucoup d'influence sur les Canadiens-français et forgeaient en quelque sorte leur identité de façon subtile comme par la « culture savante12 ». Un article de Robert Major13 nous apprend que l'abbé Bernard Proulx partage également cette américanité en suggérant que ce roman est un roman mauve, c'est-à-dire de couleur politique.

Dans son oeuvre Le Roman du territoire, il explique comment il voit l'américanisation roman du terroir. Prolongement du libéralisme, mais cherchant à composer avec la situation vécue par la majorité de la population au XIXe siècle, le mauvisme est essentiellementprogressif et pragmatique.

Il cherche à concilier le nationalisme québécois et la loi du plus fort, l'essor industriel l'apperl à la majorité paysanne, le pouvoir l'aïque etla puissance cléricale, ainsi que, même si on l'oublie facilement, le credo civilisateur, le génocide des Autochtones et leur dépossession territoriale14.

(p.42) Jean Rivard véhicule un esprit de confiance, de conquête, de pouvoir et de réussite mais surtout d'utopie car ce monde parfait n'a jamais existé et n'existeraprobablement jamais.

Ce que certains prennent pour un mouvement patriotique de la part de Jean Rivard est en réalité un projet socio-économique moderne visant àcréer une société à la fois élitique, utilitaire, libéral, capitaliste, méritocratique, individualiste, pragmatique et salutaire dont il est le protagoniste. En résumé, Antoine Gérin-Lajoie a fait de Jean Rivard une oeuvre typiquement américaine.

Ses expériences de vie, ses projets, ses idées et leur caractère utopiqueont fait du personnage de Jean Rivard une représentation imagée deGérin-Lajoie.

Jean Rivard est le héros que Gérin-Lajoie n'a jamais pu être.

Poussé par le régimepolitique américain et son attachement pour sa patrie, il a développé dans Jean Rivard ses idéologies américaines adaptées à la société québécoise.

Il s'est égalementinspiré des romans populaire de cette époque, ceux qui se retrouvent dans la bibliothèque de Jean Rivard, pour nous faire comprendre de façon subtile que cespersonnes sont des héros et des exemples de réussites.

Son oeuvre est caractérisée par des idées libérales et capitalistes.

Il fait de la colonisation de Jean Rivard unmoyen d'atteindre le pouvoir et le mérite.

Au contraire de Louis Hémon qui, dans Maria Chapdelaine, repousse l'idée de l'américanité, Gérin-Lajoie épouse plutôtcette possibilité.

Jean Rivard est un roman utopique véhiculant des idéologies américaines pour l'actualisation d'un rêve québécois.

Gérin-Lajoie, qui désirait malgrétout garder son identité de canadien-français, avait peut-être anticiper l'avenir puisque quelque années plus tard, soit en 1867, la reine Victoria proclama l'Acte del'Amérique du Nord britanique formant le Dominion of Canada et incluant la Province du Canada, c'est-à-dire la province qui a été crée par la fusion du Haut-Canada (l'Ontario actuel) et du Bas-Canada (le Québec actuel), faisant alors de l'anglais la langue officielle.

Aujourd'hui, le système politique du Québec se base surle libéralisme et la démocratie, comme Gérin-Lajoie le désirait.

Cependant, le parti Québécois tente de prendre le pouvoir afin de se détacher du « Canada-anglais »et obtenir son indépendance.

Peut-être qu'un jour le Québec connaîtra un régime politique différent du libéralisme. Bibliographie Références ouvragées : CASGRAIN, Henri-Raymond.

Antoine Gérin-Lajoie d'après ses mémoires, Montréal, édition Beauchemin, 1912, p.

89-90. DUSSAULT, Gabriel.

« Compte rendu de Jean Rivard ou l'art de réussir : idéologies et utopie dans l'oeuvre d'Antoine Gérin-Lajoie, par Robert Major », Recherchessociographiques, vol.

36, n°1, 1995, p.

150-152. GÉRIN-LAJOIE, Antoine.

Jean Rivard, le défricheur, suivi de Jean Rivard, économiste, Montréal, réédité par Bibliothèque québécoise en 1993 selon la premièreédition de 1864, 458 p. HUBERT, Ollivier.

« Littérature, représentations de soi et mobilité sociale dans le québec du XIXe siècle », Recherches sociographiques, vol.

44, n°3, septembre-décembre 2003, p.

455-473. MAJOR, Robert.

Jean Rivard ou l'art de réussir : idéologies et utopie dans l'oeuvre d'AntoineGérin-Lajoie, Montréal, Presses de l'Université Laval, coll.

« Vie des lettres québécoises »,n°30, 1991, 338 p. MAJOR, Robert.

« L'instinct territorial », Voix et images, vol.

13, n°1, (37) 1987, p.

161-165. TRÉPANIER, Pierre.

« Compte rendu de Jean Rivard ou l'art de réussir : idéologies et utopie dans l'oeuvre d'Antoine Gérin-Lajoie, par Robert Major », Revued'histoire de l'Amérique française, vol.

45, n°4, 1992, p.

611-612. PROULX, Bernard.

Le Roman du territoir, Montréal, UQAM, (Cahiers du département d'études littéraires, n°8), 1987, 327 p. Références sur Internet : Antoine Gérin-Lajoie, http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_G%C3%A9rin-Lajoie Don Quichotte, http://fr.wikipedia.org/wiki/Don_Quichotte États-Unis, http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tats-Unis. »

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