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LANGEVIN André : sa vie et son oeuvre

Publié le 11/01/2019

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LANGEVIN André (né en 1927). L’œuvre romanesque d'André Langevin, peu abondante mais d’une grande densité, compte parmi les plus significatives de la jeune littérature québécoise. André Langevin connut une enfance difficile dans un milieu peu favorisé du Montréal francophone. L'expérience de l’orphelinat, qu'il vécut entre sept et douze ans, le marqua profondément. On en trouve de nombreux échos — directs ou indirects — dans toute son œuvre, qui comprend, outre cinq romans, quelques textes dramatiques pour la scène ou la télévision, des nouvelles et une quantité impressionnante d’articles, de critique littéraire, d’analyse politique ou culturelle, publiés dans divers journaux, revues et magazines.

 

C'est vers l’âge de dix-huit ans qu’André Langevin, garçon de courses au quotidien le Devoir, découvre sa vocation littéraire. Un an plus tard, il devient, dans le journal, titulaire de la chronique des lettres et des arts, occupation qu'il exerce ensuite au journal Notre temps (1947). En 1951, il publie son premier roman, Evadé de la nuit, qui lui vaut le prix du Cercle du livre de France. Deux ans plus tard, la même distinction récompense son deuxième roman, Poussière sur la ville (1953), que plusieurs critiques considèrent comme la révélation la plus étonnante des années 50. En 1956, le Temps des hommes clôt ce premier cycle romanesque, où se reflètent les contradictions de la société « canadienne-française » du Québec, écartelée entre une idéologie conservatrice omniprésente, sous la bannière du catholicisme ultramontain hérité du siècle précédent, et le besoin de se hausser au diapason du siècle des découvertes et des libertés. André Langevin a été l'un des premiers écrivains à introduire au Québec la problématique existentialiste; il est plus proche, à cet égard, de Camus que de Sartre, en dépit de l'insistance de certains thèmes comme celui du regard.

 

Ce qui éloigne radicalement Langevin des positions sartriennes, c'est un fatalisme digne de l'antique — la lecture des tragiques grecs semble d’ailleurs être à l’origine même de son éveil à l’univers littéraire. Ses trois premiers romans sont une mise en accusation — qui peut aujourd’hui sembler modérée, mais qui garde toute sa noblesse — d'une divinité mauvaise, s’ingéniant à empêcher les aspirations de l’homme au bonheur et l’acculant à la mort. Le réalisme urbain des romans de Langevin, l’individualisme passionné de ses personnages, leur révolte ou leurs angoisses métaphysiques ont permis à la littérature du Québec de se mettre à l’heure des grandes interrogations contemporaines sur l’homme et sur divers aspects de sa condition (liberté, justice, bonheur...).

 

Après un silence de seize ans, Langevin, qui avait sans doute été victime de sa précocité, est revenu au roman avec deux œuvres qui cherchent, non sans difficulté, leur voie entre un intense lyrisme personnel et les techniques baroques du « nouveau roman ». Le lecteur attentif est vite récompensé de ses efforts par l'Élan d'Amérique (1972), où Langevin renoue avec les thèmes de grands devanciers tels que F.-A. Savard ou Yves Thé-riault, tout en fragmentant l’histoire comme l’a fait, dans

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« l'Incubation, Gérard Bessette.

Modernité et tradition constituent les termes d'un affrontement passionnant, dans ce chant de 1' existence déchirée.

Le très beau livre intitulé Une chaîne dans le parc (1974), qui a fait l'objet d'une traduction en russe, nous introduit dans les mystères émouvants d'une enfance désolée, hantée par la recherche du père.

Une étonnante pureté y oppose ses courages à toutes les puissances de misère et d'étouffement qu'incarnent les adultes.

Par certains côtés, ce dernier roman se révèle proche de ceux de Réjean Ducharme et Marie-Claire Blais.

Sans doute peut-on voir en Langevin le premier grand écrivain québécois de la ville moderne, tout en recon­ naissant les mérites d'une Françoise Loran ger (dont 1 'uni­ que roman, Mathieu, parut en 1949) et de précurseurs tels que Roger Lemelin, Gabrielle Roy et Roger Viau.

Dans ses écrits de journaliste, Langevin fut l'analyste attentif et souvent prophétique de la « révolution tranquille » ( 1960-1968); et il reste, par ses romans, qui sont constam­ ment réédités, 1' un des principaux artisans de la littérature québécoise actuelle.

[Voir aussi QUÉBEC.

Littérature d'ex­ pression française].

BIBLIOGRAPHIE Gabrielle Pascal, la Quête de l'identité chez.

André Langevin, Montréal, Aquila, 1977; André Brochu, 1 'Évasion tragique, Essai sur les romans d'André Langevin, Montréal, Hurtubise H.M.H., 1985.

A.BROCHU. »

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