LAS CASES Emmanuel Auguste Dieudonné de : sa vie et son oeuvre
Publié le 10/01/2019
                             
                        
Extrait du document
 
                                LAS CASES Emmanuel Auguste Dieudonné de (1766-1842). Artisan principal de la légende napoléonienne, Las Cases est l’auteur du Mémorial de Sainte-Hélène. Rien ne semblait le prédisposer à devenir l’historiographe de « l'Usurpateur ». Il est né au château familial de Las Cases, près de Castres, dans une vieille famille de l’aristocratie. Il entre dans la marine avant d’émigrer à Coblence en 1791. A la suite de tribulations diverses, on le retrouve à Londres, où il compose un Atlas historique, chronologique et géographique (1802-1804), qui paraît sous le pseudonyme de Lesage : le livre connaîtra d’innombrables éditions et fera la fortune de Las Cases. Depuis 1802, celui-ci est revenu en France et n’a pas à se plaindre du régime : nommé baron, il retourne dans l’armée comme volontaire (1809), et son attitude courageuse à Anvers lui vaut un titre de chambellan de l'Empereur. Bientôt, le voici maître des requêtes au Conseil d’État, comte d’Empire. Après Waterloo, Las Cases reste fidèle à Napoléon : il l'accompagne à Sainte-Hélène, devient son intime et commence à rassembler les matériaux de son Mémorial. Mal vu par les autres familiers de l’Empereur,
 
                                «
                                                                                                                            diverses, 
on le retrouve  à Londres,  où il compose  un 
Atlas  historique,  chronologique  et géographique  (1802-
1804),  qui paraît  sous le pseudonyme  de LESAGE : le  livre 
connaî'tra  d'innombrables  éditions et fera  la fortune  de 
Las  Cases.
                                                            
                                                                                
                                                                     Depuis  1802, celui-ci  est revenu  en France  et 
n'a  pas  à se  plaindre  du régime  : nommé  baron, il 
retourne  dans l'armée  comme volontaire  ( 1809),  et son 
attitude  courageuse  à Anvers  lui vaut  un titre  de cham
bellan  de l'Empereur.
                                                            
                                                                                
                                                                    Bientôt,  le voici  maître  des requê
tes  au Conseil  d'État, comte d'Empire.
                                                            
                                                                                
                                                                     Après Waterloo, 
Las  Cases  reste fidèle  à Napoléon  : il  l'accompagne  à 
Sainte-Hélène,  devient son intime  et commence  à ras
sembler  les matériaux  de son  Mémorial.
                                                            
                                                                                
                                                                     Mal vu par  les 
autres  familiers  de l'Empereur,  c'est lui pourtant  qui 
va  laisser  le meilleur  témoignage  sur la traversée,  sur 
l'ambiance  à Briars  et  à Longwood  : Las  Cases  écrit 
souvent  sous la dictée  de Napoléon,  il s'efforce  de ne 
rien  perdre  de sa conversation  et de  ses  confidences.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ce 
journal  secret inquiète  les Anglais,  qui le confisquent  et 
qui  ne le restitueront  à Las  Cases  qu'après  la mort  de 
Napoléon.
                                                            
                                                                                
                                                                     Pour 1 'instant.
                                                            
                                                                                
                                                                     Las Cases  est expulsé  ( 1816-
1817)  avec son fils : il donne  des Mémoires  ( 1818-1819), 
écrit  aux souverains  alliés et à Marie-Louise  à propos 
de  l'Empereur:  mais ce n'est  qu'en  1821 qu'il pourra 
regagner  la France,  rédiger et publier  le Mémorial  (plu
sieurs  éditions  en 1823,  1824,  1830-1832,  1835 et 1840, 
qui  dessinent  d'ailleurs  une évolution  intéressante).
                                                            
                                                                                
                                                                     Par 
la  suite,  Las Cases  sera élu deux  fois député  sous la 
monarchie  de Juillet  ( 1831  et 1839)  et siégera  à l'ex
trême  gauche.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Le  Mémorial  se présente  d'abord comme un témoi
gnage  spontané  et véridique  :  «Tout ce que  je donne  ici 
est  bien  en désordre,  bien confus,  et demeure  à peu  près 
dans  l'état  où je l'écrivis  sur les lieux  mêmes».
                                                            
                                                                                
                                                                     Cette 
absence  (relative)  d'élaboration  est un des  charmes  de 
l'ouvrage,  et le  lecteur  a l'impression  d'y voir  un Napo
léon  authentique,  avec toutes  ,ses facettes.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il y a,  bien 
sûr,  le stratège  et l'homme  d'Etat désireux  de laisser  de 
lui  une  certaine  image : celle  d'un homme  de paix,  d'un 
héritier  de la Révolution,  d'un champion  des nationali
tés.
                                                            
                                                                                
                                                                     Nous  le suivons  dans ses analyses,  dans ses plans.
                                                            
                                                                                
                                                                    
jugeant  les hommes  et les  faits,  refaisant  r histoire  à 
1'  occasion  ou regrettant  certaines erreurs.
                                                            
                                                                                
                                                                    Devant ce 
témoin  privilégié,  il aborde  tous les sujets  : la  haute 
politique,  les institutions,  le choix  des alliances,  le passé 
(qu'il  récupère)  et l'avenir  (qui lui donnera  raison).
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais 
le  Napoléon  de Las  Cases  n'est pas pour  autant  une 
statue  ou  une  ahstraction : cet  homme,  « le  plus  extraor
dinaire  que présentent  les siècles », est  à présent  humilié 
par  les médiocres  et les  méchants,  victime de la maladie, 
fixé  à son  rocher  comme  un nouveau  Prométhée.
                                                            
                                                                                
                                                                     On 
découvre  même un Napoléon intime,  inattendu et tout  à 
fait  émouvant.
                                                            
                                                                        
                                                                     Ce que  n'auraient  pu faire  des« Mémoi
res  » solennels  ou un panégyrique  trop bien  composé, 
c'est  justement  de provoquer  cette émotion  : tantôt  donc, 
c'est  le grand  homme  qui parle,  remodelant  l'Europe et 
le  monde,  tantôt c'est le prisonnier  réduit à de  mesquines 
promenades,  mais ils ne  font  qu'un.
                                                            
                                                                                
                                                                     Napoléon  n'est plus 
un  dictateur  déchu, c'est un homme  à la  fois  glorieux  et 
brisé,  une victime,  un martyr.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Le  personnage  et son  destin  avaient  tout pour  séduire 
les  imaginations,  et d'abord  celle de Julien  Sorel,  auquel 
un  vieux  chirurgien-major  a légué  Je Mémorial  (le Rouge 
et  le Noir,  I, 1v).
                                                            
                                                                                
                                                                     Dès  cette  époque,  l'ouvrage  est en 
effet  devenu  un« évangile », qu'on  lit et qu'on  relit.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le 
Mémorial,  déjà romantique  par lui-même,  correspond  à 
l'attente  d'une génération  sevrée d'aventure  et de  gloire 
(cf.
                                                            
                                                                                
                                                                     Musset,  la Confession  d'un enfant  du siècle);  il 
influe  sur sa sensibilité  et renverse  le fort  courant  antina
poléonien  qui régnait  jusqu'alors  dans l'opinion.
                                                            
                                                                                
                                                                     Tous 
les  témoignages  concordent sur cette  propagande  réus
sie  : très  vite,  et  grâce  au Mémorial,  la légende napoléo- nienne 
prend corps,  et les  écrivains  la diffusent,  comme 
le  fait,  à sa  manière,  le vieux  fantassin  du Médecin  de 
campagne  de Balzac.
                                                            
                                                                                
                                                                     Selon  Louis A.
                                                            
                                                                                
                                                                    Rozelaar,  «c'est 
probablement  grâce à cette  lecture  que Hugo  en est  venu 
à  mettre  au point  la célèbre  théorie du grotesque »; c'est 
elle  encore  qui a inspiré  à Hugo  la scène  du monologue 
de  Don  Carlos  ainsi que« ses  grands  symboles  de l'Em
pereur-Messie,  Charlemagne, Charles-Quint,  Barbe
rousse».
                                                            
                                                                                
                                                                     Frappés par cette  épopée  grandiose,  bien des 
romantiques  se sentent  proches  de Napoléon,  à défaut 
d'être  bonapartistes : en  lui  s'incarnent  les espoirs  d'une 
France  lassée par les Bourbons,  qui applaudira  au retour 
des  cendres,  et qui,  plus  tard  encore,  plébiscitera Louis 
Napoléon.
                                                            
                                                                                
                                                                     Bien sûr, le livre  de Las  Cases  n'a pas tout 
fait : simplement,  il est  venu  au bon  moment  pour exalter 
les  opinions  et les  sentiments.
                                                            
                                                                                
                                                                     On ne peut  nier son impact 
littéraire  et politique.
                                                            
                                                                                
                                                                     En fait,  Je Mémorial  est plus  qu'un 
témoignage  : il  propose  au public  une tragédie,  une épo
pée  ct ce  que  Napoléon  appelait lui-même  le  «roman» 
de  sa vie.
                                                            
                                                                                
                                                                     [Voir  aussi ROM AN  HISTORIQUE).
                                                            
                                                                                
                                                                    
BIBLIOGRAPHIE  Éditions.
                                                            
                                                                                
                                                                    -Mémorial  de Sainte-Hélène.
                                                            
                                                                                
                                                                     éd.
                                                            
                                                                                
                                                                    établie  par  G.
                                                            
                                                                                
                                                                    Wal
ter,  avant-propos  d'A.
                                                            
                                                                                
                                                                    Maurois,  introd.
                                                            
                                                                                
                                                                    de J.
                                                            
                                                                                
                                                                    Prévost.
                                                            
                                                                                
                                                                     Paris, Gal
limard.
                                                            
                                                                                
                                                                     La  Pléiade, 2 vol..
                                                            
                                                                                
                                                                     1956-1963:  Mémorial de Saillie
Hélène,  texte  établi  avec introd.,  bibliographie  et notes  par 
A.
                                                            
                                                                                
                                                                     Fugier,  2 vol.
                                                            
                                                                                
                                                                    .
                                                            
                                                                                
                                                                     Paris,  «Classiques  Garnier>>.
                                                            
                                                                                
                                                                    1961; Mémorial 
de  Sainte-Hélène,  préface de J.
                                                            
                                                                                
                                                                    Tulard,  prés.
                                                            
                                                                                
                                                                    ct notes  de 
J.
                                                            
                                                                                
                                                                     Schmidt.
                                                            
                                                                                
                                                                     Paris,  Le Seuil,«  l'Intégrale>>,  1968.
                                                            
                                                                                
                                                                    
A  consulter.
                                                            
                                                                                
                                                                     -Louis  A.
                                                            
                                                                                
                                                                    Rozelaar  : «  le  Mémorial  de  Sainte
Hélène  et Victor  Hugo 1) en 1827  et 2)  après  1827 », dans  the 
French  Quarter/y,  mars 1927  et sept.
                                                            
                                                                                
                                                                     1928;  id ..
                                                            
                                                                                
                                                                     «  le  Mémorial 
de  Sainte-Hélène  et le romantisme  >>, dans  la Revue  des études 
napoléoniennes,  oct.
                                                            
                                                                                
                                                                    1929;  Cte E.
                                                            
                                                                                
                                                                    de  Las  Cases,  Las  Cases.
                                                            
                                                                                
                                                                     le 
mémorialiste  de Napoléon,  Paris ,  Fayard.
                                                            
                                                                                
                                                                     1959..
                                                                                                                    »
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- Ingres, Jean Auguste Dominique - vie et oeuvre du peintre.
- Herbin, Auguste - vie et oeuvre du peintre.
- Renoir, Pierre-Auguste - vie et oeuvre du peintre.
 
    
     
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                