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L'association de journalistes: Bel-Ami, partie II, chap. 2 (commentaire)

Publié le 21/05/2012

Extrait du document

 

 

La scène se passe quelques jours après le repas en Normandie, le couple a regagné Paris.

 

I Madeleine : une femme singulière

 

Madeleine est atypique, elle fume, elle refuse de se laisser cantonner aux activités domestiques, c'est une littéraire, une politicienne qui a cependant besoin d'un homme « porte- plume «, elle ne signe pas ses articles, mais la forte énonciation en « je « ( « je «, On m'a «, « qui me «) montre qu'elle ne s'efface pas facilement.

 

a) elle dirige les opérations

 

D'emblée, c'est elle qui organise le temps : « ce soir, avant de ns coucher « (l. 843), « Maintenant écrivons « (l. 878). C'est elle qui est à l'origine de l'écriture de l'article " nous avons à travailler " , initiatrice, c'est surtout elle qui prend la parole, c'est aussi elle qui apporte la matière première de l'article " on m'a apporté des nouvelles graves tantôt " , mystérieuse, elle ne confie pas ses sources, le pronom « on « est impersonnel. Elle souligne son importance « j'ai des dates et des chiffres «... Du Roy serait bien en peine d'en faire autant, la femme est indispensable. De plus, elle donne des ordres à Georges sans lui demander son avis et celui-ci obéit. Elle est pressée d'écrire car elle est opportuniste et leur article est inspiré par le député Laroche-Mathieu ce qui montre l'influence de la politique sur le journalisme, il s'agit en sorte d'un complot qui ne peut attendre " ce soir ", l'utilisation du modalisateur " il faut " n'accepte pas la contradiction. Madeleine est une oratrice redoutable : les verbes d'expression ( de parole ) sont multiples : « elle reprit «, « elle raconta «, « exposa «, « elle murmurait «, « à son tour de parler «, « dit-elle «, « elle se mit à lui souffler « ; les coordinations « puis « et « et « signalent l'ampleur de son développement oral ; enfin, c'est surtt elle qui prend la parole. Intellectuelle dominante, Madeleine sait quel genre d'article les époux doivent rédiger " un grand article, un article à sensation ". Son mari obéit avec empressement, tel un sous- fifre : « Tiens, prends la lampe. «/ « Il la prit. « Le  passé simple crée un effet de spontanéité dans le geste de Du Roy. Enfin, lors de l'écriture, elle reste debout et stable, contre « la cheminée « : elle domine le mari assis, ravalé au rang de scribe...scribouillard ?

« Madeleine se trouve dans l'appartement qu'elle occupait avec Forestier, Georges s'installe seulement à la place du " mort ",de " l'autre " , ces termes péjoratifs montrent que Georges occupe une place qu'il n'aurait peut- être pas si Forestier avaitsurvécu à sa maladie, le verbe « s'empara » montre sa rapacité, son opportunisme.

Le décor n'a pas changé, tout rappelleForestier « les mêmes livres ».

Visiblement, Georges n'a pas réussi à poser sa marque sur le territoire de sa femme.

De plus,Madeleine a gardé ses anciens amis ( Vautrec par exemple que l'on suppose même être son amant, car il lui léguera unefortune ).

Nous pouvons aussi faire un parallèle avec le premier article commun au début du roman, Madeleine sait exposerses idées et imposer ses arguments, en fait il s'agit de son article " l'article qu'elle rêvait ", elle est toujours derrière Georgeset exerce un contrôle sur lui en lui dictant ce qu'il doit écrire " elle se mit à lui souffler ses phrases tout bas dans l'oreille ", DuRoy, quant à lui, est toujours aussi maladroit avec l'écriture " il cherchait ses mots avec peine ", ce qui peut sous-entendrequ'il ne peut écrire sans l'aide de Madeleine.

II Une connivence dans le couple a) sur le plan du caractère.

Les deux personnages ont le même but : gravir les échelons, leur ambition est démesurée, ils sont complices pour arriver àleurs fins, ts 2 sont d'accord pour faire du mal.

Madeleine écrit pour tourner en ridicule le chef du conseil, le champ lexical de la moquerie est aussi développé car il s'agitd'une attaque personnelle qui ne correspond pas à ce qu'on peut attendre d'un article : " raillerie" ( l.44) " drôle " ( l.45 ) "faisant rire ", elle fait des attaques « ad hominem« en se moquant du visage du chef du conseil.

Elle fait un amalgame enmêlant les considérations sur le visage à la politique.

Cette ironie, mêlée à une justesse de l'observation crée une diversion :le lecteur séduit, amusé, ne réfléchit plus sérieusement aux problèmes politiques, Made pratique l'art de la persuasion sanssouci de moralité.

Du Roy quant à lui excelle dans " l'art des sous-entendus perfides ".

Les deux comparses ont donc descaractères qui s'accordent très bien pour nuire, l'objectif est de blesser, de faire tomber le gouvernement.

La presse estprésentée comme un univers artificiel, faux, la vérité ne paraît pas essentielle.

b) sur le plan intellectuelles époux se complètent et Du Roy grandit, passif dans un premier temps ( ( « Il l'écoutait avecattention, tout en griffonnant des notes » ), « et quand elle eut fini, il souleva des objections, reprit la question, l'agrandit,développa à son tour non plus un plan d'article, mais un plan de campagne contre le ministère actuel.

» Rythme ascendant etkyrielle de verbes d'action soulignent son activité.

A son tour, il devient acteur : « Du Roy, parfois ajoutait quelques lignes quirendaient plus profonde et plus puissante la portée d'une attaque.

Il savait en outre, l'art des sous- entendus perfides, qu'ilavait appris en aiguisant des échos, et quand un fait donné pour certain par Madeleine lui paraissait douteux oucompromettant, il excellait à le faire deviner et à l'imposer à l'esprit avec plus de force que s'il l'eût affirmé.

» Il est dc tt aussirusé que Madeleine si ce n'est plus car il a compris qu'il était mauvais de se compromettre.

En outre, plus réaliste, il sait qu'un« article à sensation » ne suffira pas.

Ancien militaire, il imagine un véritable plan de campagne.

L'article ne peut être isolé, ildoit appartenir à une stratégie globale.

« Cette attaque serait le début ».

On trouve le champ lexical de la guerre (« attaque », « portée d'une attaque » , « imposer » , « force ») .

Finalement, la production devient « leur article » et c'estGeorges qui le déclame.

Piètre écrivain mais bon orateur, Du Roy possède les qualités qui le mèneront sans doute à laChambre des députés qu'il convoite dans l'excipit.

Enfin, il s'est affrimé en signant « G Du Roy de Cantel » (nouvelle identitémondaine) et non plus « D.

de Cantel ses chroniques », « Du Roy ses échos », « Du Roy ses articles politiques ».

c) sur le plan de la vie privée Madeleine, séduite par ce mari dt elle n'avait pas perçu ttes les qualités, cesse de fumer, « son intérêt s'éveillait », « ellevoyait large et loin en suivant la pensée de Georges« .

Elle se fait + douce, sait se montrer tendre, affectueuse, attendrie.

Elleencourage, félicite grâce à la gradation « Oui...oui...

C'est très bon...C'est excellent...C'est très fort » (l.

865/ 866).

Elleaccompagne « doucement » (l.

870) son mari qd il peine à écrire.

Affectueuse, elle se penche sur son épaule, souffle tt basdans l'oreille.

Elle respecte ce mari dt elle veut épouser la pensée « Est- ce bien ça que tu veux dire ?« , « elle hésitait etdemandait ».

Les deux époux éprouvent une sorte de sensualité et son très proches " ils s'embrassent avec élan ".

Elle estnommée " sa femme " nous voyons donc que règne entre les deux époux une certaine harmonie.

A la fin de la rédaction del'article, les deux époux « s'embrassèrent dans un élan, avec une ardeur de leurs esprits à leurs corps.

» La collaborationintellectuelle glisse vers l'union physique.

Du Roy et de Madeleine se complètent dans le travail et leur connivence est totale:" comme s'ils venaient de se révéler l'un à l'autre ".

Importance du pronom personnel « ils » et du pronom personnel réfléchi« se » qui montrent une fusion.

Conclusion Nous assistons donc, dans ce passage à une scène qui donne une impression de " déjà vu " ( 1ère rédaction d'un article sur. »

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