Le couronnement de Louis
Publié le 25/04/2018
Extrait du document
«
responsabilité du roi des Francs.
Malgré toutes les souffrances physiques et
morales : « Grant peneance sofri li chevaliers/Por son seignor maintenir et
aidier » (v.
2009-2010) , il remplace Louis dans l’exercice de nombre de ses
fonctions, défendant d’abord le Pape contre les sarrasins, et plus tard, en
pensant à récompenser les chevaliers qui l’ auront épaulés à la laisse LVI: « Tuit
cil qui servent as povres seignorez /Vieignent a mei : je lor donrai assez/ Or
et argent et deniers moneez/Destriers d’Espaigne et granz muls sejornez »
(v.
2259-2262) .
Mais le rôle le plus important, parmi ceux que Guillaume
exerce, est celui de vengeur.
De ce fait, quand Gui d’Allemagne tente de
s’emparer de la couronne impériale, il usurpe les droits de Louis.
Guillaume le
vainc, déclarant « De cestui reis est Looïs vengiez » (v.
2616) .
Cette bataille-là,
et les autres guerres que le héros doit mener sont le résultat d’un appel créé par
la faiblesse de Louis, qui admet : « sui jovenes et de petit eage,/ Si ne puis pas
maintenir mon barnage » et Guillaume d’attester à la laisse LXIII : « En son
servise vueil ma joventeuser » (v2675).
Par ailleurs, le principal moteur de la conduite de Guillaume est donc beaucoup
plus son dévouement à la défense de la royauté en tant qu’institution que la
défense de sa majesté elle-même, si bien qu’il n’hésite pas à se montrer insolent
envers le roi au moment où on leur annonce le siège de Rome et lorsque ce
dernier se met à pleurer dans la laisse LVI « Hé, povre reis, lascheset assotez,/
Je te cuidai mainteniret tenser/ Enverstozcels de la crestiienté, »
(v.2249-2251) ; ou dans la laisse LVIII : « Hé! povres reis, li cors Deu mal te
face! /Por quei plorez? Qui vos a fait damage? » .
Le héros féodal est
implacable quant à l’exercice de sa fonction ; ne se détachant jamais de son
code d’honneur, il ressort inévitablement vainqueur.
Il devient alors le symbole
même de la fidélité vassalique le garant de la souveraineté contre les ennemis de
la couronne qui ne font que renforcer l’ordre sous prétexte de le pervertir.
Si la
loyauté du héros lui permet de défendre avec lucidité et courage la légitimité du
roi dans l’exercice de ses fonctions, c’est que celle-ci est appuyée par un soutien
divin.
Le héros touché par la grâce n’aura de cesse de proclamer sa foi et sa
dévotion dans les moments les plus critiques de la chanson, ce qui lui permettra
de résister aux tentatives de séduction qui menace sa foi, par exemple, Corsolt
promet « onor » et « richeté » (v.809) à Guillaume si ce dernier veut adorer
Mahomet; pareille offre n'est accueillie qu'avec un profond mépris : « Gloz , dist
Guillelmes, Deus te puist mal doner! /Que japar mei n'iert mais Deus.
»
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