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Le drame romantique

Publié le 23/11/2013

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Le théâtre romantique, Florence NAUGRETTE Ch. 5 : L'esthétique du drame romantique Victor HUGO, Préface de Cromwell : « Jetons bas le vieux plâtrage qui masque la façade de l'art ! Il n'y a ni règles, ni modèles » Les seuls principes intangibles de cette génération sont précisément le refus de toute règle établie en matière d'art et la confiance accordée au génie individuel et créateur. Leurs principes sont d'ailleurs parfois éphémères puisqu'ils ont des enjeux polémiques immédiats (un auteur peut se retourner contre son propre principe ; Hugo passe du vers à la prose par ex). Représenter le monde dans sa totalité, grâce au mélange des genres, emploi de tous les tons, tous les registres de langues, utilisation conjointe de tous les arts dans la « mise en scène » 1-Scénographies romantiques 1.1. L'entente de la scène Les objets et l'architecture mimétiques envahissent la scène à l'époque romantique. Les dramaturges doivent aussi compter avec les réalités scénographiques de leur temps : de nombreuses didascalies pour guider le metteur en scène. Les dramaturges ont une + grande connaissance du milieu du théâtre qu'avant : la volonté d'être joué dans les meilleures conditions artistiques produisent une écriture où la dimension spectaculaire est largement programmée ; le dramaturge écrit son texte de façon à le voir joué d'une certaine façon selon les réalités scénographiques de la période. Ex : première scène d'Hernani, les didascalies servent à indiquer au metteur en scène qu'il faut connoter la chambre : « une chambre à coucher », elle indique au spectateur que Dona sol a l'habitude de recevoir son amant nuitamment. L'espace-temps de la nuit est important. « Une lampe sur la table » : lumière minimale du secret et de l'intimité. « Dona josefa duarte en noir, ... » : guider l'actrice qui ne doit pas faire de folies vestimentaires pour se mettre en valeur mais elle doit être fidèle à l'histoire. Autres didascalies : les gestes. Elles guident les acteurs mais leur laissent une part de liberté. Ex : Frédérick Lemaître fait sensation dans le rôle de Ruy Blas lorsque ayant fermé la fenêtre à la demande de Salluste revenu lui rappeler sa condition de domestique, il se retourne le visage baigné de larmes. Triomphe du geste sur la scène romantique. Importance de la musique, aussi. Ex : au dénouement de Marion de Lorme de Victor Hugo, c'est la musique qui prend le relais de l'émotion, après que Richelieu a refusé la grâce. 1.2. Dialectique de l'illusion La scénographie de théâtre et d'opéra cultive le trompe-l'oeil. Les acteurs du boulevard travaillent leur jeu dans le sens d'un plus grand « naturel ». Mais les auteurs romantiques ne sont pas dupes des tentations de l'illusionnisme avec lesquelles ils se plaisent à jouer. (effets réalistes dans leur écriture) Cependant, si le plaisir du théâtre est dans l'illusion, celle-ci ne peut être ni permanente ni complète. Le plaisir est à son comble pendant les moments éphémères et intenables où la convention est gommée par l'art : « Ces instants délicieux et si rares d'illusion parfaite ne peuvent se rencontrer que dans la chaleur d'une scène animée » La recherche du vrai absolu est perçue comme un leurre. 1.2.1 Réel et vérité Si le réel est la source de la représentation, il n'en est ni le moyen ni le but ; pour toucher le spectateur avec sa représentation, l...

« de la composition du public.

Ce qui est important : la réception immédiate du texte ET sa postérité.

Le théâtre est produit dans « l'ici et le maint enant ».

Vigny donne à cet événement le nom de « machine ».

( « Après un certain nombre de soirs la machine ayant toujours diminué de qualité et la multitude (=le public) de quantité, la mouvement cesse tout à coup dans la solitude.

Voilà à peu près la dest inée de toutes les idées réduites en mécaniques à ressorts dramatiques et nommées communément tragédies, comédies, drames, opéras, ...

» )Cette machine est fascinante ou dérisoire : paradoxalement prisonnier de l'appréciation de ce public qu'il se sent la m ission de guider.

Certains acceptent d'écrire pour satisfaire les goûts du public, d'autres comme Musset renoncent à écrire pour « un public aussi sot » que celui qui a sifflé sa Nuit vénitienne .

Hugo, lui, : « esthétique du compromis » : « la foule demand e surtout au théâtre des sensations ; la femme, des émotions ; le penseur, des méditations » 1.3.

Espaces « machinés » Les « machines » ou « espaces machinés » sont les décors représentant des lieux réalistes que Dumas utilise dans ses pièces (deux chambr es contiguës de l'auberge dans Antony , reliées par un balcon que franchit le jeune homme avant de casser une vitre pour pénétrer dans la chambre d'Adèle, dotée d'un petit cabinet en fond de scène).

Ces « machines » spectaculaires sont utilisées par Dumas p our représenter la violence criminelle à laquelle cette autre « machine » qu'est le déterminisme social pousse les héros. Autre élément du décor réaliste : les « découvertes » : on voit au fond d'un décor le début d'un autre décor, il y a des portes dérobées qui ouvrent sur d'autres pièces, ...Le théâtre ne se donne pas comme une convention, il joue à représenter une partie du monde contemporain découpée dans le vif. La fonction de l'espace machiné est spectaculaire mais sert aussi à brosser le tableau d'une société qu'on ne saurait « voir en peinture » sans sourire. Dans Chatterton, de toutes les didascalies indiquant le décor, le metteur en scène ne peut garder presque que l'escalier qui mène à la petite chambre de Chatterton.

L'intérieur bourgeois est écrasé par la petite porte fantomatique de la chambre de Chatterton.

Cet escalier est symbolique : contrepoids à l'humiliation de Chatterton, franchissement de tabou pour Kitty Bell.

L'escalier ert à montrer les clivages idéologiques, les imaginaires inconciliables. 1.4.

Espaces métonymiques Musset pour sa part réinvente l'espace multiple élisabéthain qui permet de représenter par métonymies plusieurs lieux dans le même espace.

Un indice suffit à situer le lieu, par pure convention.

Pour figurer la forêt en marche dans Macbeth, un rameau agité dans le lointain fait l'affaire.

Dans la représentation de Lorenzaccio en 2000 par Jean-Pierre Vincent : un même espace sert à représenter l'intérieur et l'extérieur : recouvertes d'un tissu moelleux, les marches disposées sur scène ne servent plus à déclamer les nouvelles publiques mais à faire poser le duc en son palais : cela dit l'ubiquité du pouvoir, l'abolition de la frontière entre sphère publique et sphère privée en temps de dictature.

Dans les pièces modernes, l'absence de réalisme du décor oriente davantage l'oeuvre vers le théâtre intimiste. 1.5.

Espaces métaphoriques Pour Hugo, l'espace est mimétique et le reste est surtout symbolique, structuré par de grandes métaphores obsédantes.

Dans Ruy Blas , l'espace hugolien est assez peu machiné, mais il l'est quand même dans l'acte 4 quand Don Cesar arrive par la cheminée chez celui qui lui a emprunté son nom (et il n'est pas au courant).

Le reste des didascalies s'explique par le souci de mise en scène pour l'ouver ture du Théâtre de la Renaissance (désir de représentation immédiate) 1.5.1.

Rhétorique de la scène hugolienne Anne Ubersfeld distingue trois valeurs différentes de l'objet : fonctionnelle (le billet signé César dans Ruy Blas , une valeur historique (identi fier l'époque de la fiction), une valeur symbolique (les masques, les poisons sont les symboles de la violence d'Etat) Un des exemples les plus frappants du feuilleté de significations et du tissage d'un réseau poétique. »

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