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Le mariage de figaro acte 5 scène 3

Publié le 14/09/2018

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mariage

Même lorsqu’il s’agit de formuler le désir de dénoncer l’absence de liberté d’expression : « Que je voudrais bien tenir […] Je lui dirais… », il faut le mettre à distance en usant d’une hypothèse et en ayant le recours au conditionnel. Il utilise ensuite des sentences (noèmes) pour dénoncer la censure dans un concentré d’idées essentielles quand il dit que « les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours », que « sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » et qu’ « il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits ». Face aux idées fondamentales et libertaires se trouvent les censeurs désignés par une périphrase qui réduit leur pouvoir à quelques jours et montre leur petitesse, soulignant ainsi la disproportion entre leurabsence de réelle importance et le rôle de tout puissant qu’ils jouent néanmoins : « un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu’ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ».

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« vocation à exprimer la colère de Figaro. B.

Une vision de la misère du peuple Si le ton du monologue souligne l’indignation du personnage, elle n’est néanmoins pas la seule expression d’une révolte personnelle.

Dans le tableau que Figaro nous trace de la misère du peuple, il fait part des souffrances qu’il a lui -même enduré, mais cette représentation des conditions de vie des classes inférieures a une vocation plus étendue.

Il s’agit de rendre sensible le lecteur à cette souffrance et pour ce faire, Beaumarchais n’hésite pas à montrer la misère de façon réaliste dans ses manifestations les plus concrètes.

En premier lieu, elle est visible physiquement : « mes joues creusaient », et a des conséquences concrètes : « mon terme était échu », « je voyais de loin arriver l’affreux recors, la plume fichée dans sa perruque » (effet de réel amplifié par l’expression du détail vestimentaire). De même, la multiplicité des métiers exercés tels que vétérinaire, écrivains (auteur de théâtre puis auteur d’un essai économique), journaliste, barbier montrent la difficulté qu’il y a à se sortir de ce néant économique et sociale, et met en valeur l’énergie avec laquelle Figaro a dû lutter.

Cette inexistence sociale est à nouveau soulignée par le « on me supprime » qui au premier degré évoque le Journal mais qui peut symboliquement s’appliquer à son rédacteur. Pour marquer l’opposition entre la richesse qui entoure l’homme du peuple et son dénuement et amplifier par là même cette impression d’injustice et de disproportion, il utilise le lexique de la richesse qui envahit littéralement le texte, comme pour marquer en creux son absence : « fortune », « bien », « richesses », « sol », « argent », « produit net », « profit », « gagner du bien ». Enfin, cette réelle souffrance peut mener jusqu’au suicide, expression paroxystique de ce malaise social, n’est évoqué qu’à travers un euphémisme et le choix d’un registre plutôt comique et ironique : « je quittais le monde, et vingt brasses d’eau m’en allaient séparer », qui permet de dire avec plus de force ce qu’il ne fait que suggérer. C.

Une société aux valeurs inversées Le monologue de Figaro ne se contente pas de peindre les souffrances du peuple, il cherche également à mettre en cause une société qui non seulement n’aide pas le peuple mais va même jusqu’à le pousser à la malhonnêteté.

La misère par une sorte de fatalité forcerait à la malhonnêteté, c’est du moins ce que nous suggère le fait que le parcours du personnage semble former une boucle, s’il est « volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs » après avoir tout tenté pour exercer un métier honnête, « il ne [lui] rest[e] plus qu’à voler » et c’est en exerçant un activité illégale qu’il obtient de la reconnaissance (« je me fais banquier de pharaon : alors bonnes gens ! je soupe en ville, et les personnes dites « comme il faut » m’ouvrent poliment leur maison »). Cette idée est également mise en valeur par une sentence qui donne à voir les secrets rouages de la société : « pour gagner du bien, le savoir -faire vaut mieux que le savoir », qui dit de façon euphémistique qu’il vaut mieux savoir manipuler et voler que d’être instruit pour s’en sortir. A nouveau comme lorsque Beaumarchais soulignait la richesse pour mieux mettre en relief son absence, il choisit de montrer l’opposition existant entre noblesse et peuple.

Cette opposition est mise en exergue dans une question rhétorique à laquelle il prend néanmoins soin de répondre pour insister encore davantage sur l’injustice et l’absence d’efforts fournis par les privilégiés : « Qu’avez -vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ».

Les deux adverbes « tant » et « rien » se répondent pour mieux valoriser l’idée qui sous-tend ensuite tout le reste du monologue qui décrit tout le mal que s’est donné Figaro pour « subsister », qui est que son maître s’est contenté de s’être « donné la peine de naître, et rien de plus » alors que lui a dû se battre sans relâche.

Le fait qu’il faille se battre est d’ailleurs illustré par l’extrême longueur des passages évoquant les efforts faits par Figaro pour s’en sortir et la rapidité avec laquelle son rêve et ses activités sont balayées : « à l’instant », « sitôt », « on me supprime », « derechef ».. »

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