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Le Port de Baudelaire (Petits Poèmes en prose).

Publié le 17/01/2022

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Un port est un endroit charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L'ampleur du ciel, l'architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, les scintillements des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté. Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir.

La poésie française s'est longtemps développée dans le sens opposé de celui du poème en prose, recherchant une versification régulière d'une grande rigueur. C'est dans la Ire moitié du 19e s. que, — l'offensive en faveur de la poésie en prose s'étant multipliée —, se fait la jonction entre les 2 formes d'expression poétique, spécialement sous la plume de Louis (dit Aloysius) Bertrand. Or dans la dédicace de son oeuvre Le Spleen de Paris, Baudelaire affirme que « c'est en feuilletant, pour la 20e fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit d'Aloysius Bertrand [...] que l'idée [lui] est venue de tenter quelque chose d'analogue «.

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