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Le rôle de la mère

Publié le 24/03/2011

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     Au temps où huit femmes sur dix étaient des paysannes, la maternité était le centre, la source, de toute la culture féminine. Féconde et nourricière, la mère mettait au monde de nombreux enfants, les nourrissait de son lait, les élevait comme elle le voulait ou comme elle le pouvait jusqu'à ce qu'ils aient six ou sept ans. Tout son travail entretenait leur existence : au potager, à la basse-cour, à l'étable, elle produisait des aliments, à la cuisine, elle allumait et conservait le feu, elle cuisait la soupe et le pain ; elle filait, tissait, cousait, tricotait les vêtements ; au cours des grandes lessives et des grands nettoyages, elle accomplissait une œuvre rituelle de purification et de régénération ; elle soignait les maladies, pansait les plaies, disait les paroles magiques, cueillait les plantes salvatrices; elle connaissait les saints à invoquer, les prières appropriées; elle allait en pèlerinage, offrait des ex-voto ; elle inventait des chansons, des jeux, des contes; à ses filles elle communiquait son savoir et son savoir-faire; avec les autres femmes elle formait des communautés d'entraide. Assurément, la mère était un des piliers de la société rurale, mais au prix de quelles fatigues, de quelles privations, de quelles angoisses !    Au cours du XIXe siècle, la maternité rustique perd ses pouvoirs. La réduction des naissances, la révolution industrielle, l'urbanisation remettent en question cette fonction et cette culture fondamentales. Pour beaucoup de femmes, le travail productif va être dissocié de la maternité. En idéalisant le métier de mère, les hommes du XIXe siècle n'ont fait qu'exprimer leur crainte devant cette évolution entrevue et redoutée, leur désir d'empêcher l'inévitable. Comme si, dans un monde en mutation accélérée, ils avaient voulu charger la mère de garder un point stable. Longtemps on a regardé comme provisoire ce partage de la femme entre la maternité et le travail ; on a même espéré revenir en arrière, ramener la mère au foyer. Mais quel foyer? Et pour quelles responsabilités? Désormais, c'est la société tout entière qui s'applique à élever l'enfant : le médecin et ses auxiliaires, l'enseignant, le juge, le psychologue, l'éducateur. La maternité éclate en fonctions multiples; elle échappe à l'individualisme familial et prend une dimension collective. Nous entrons dans un nouvel âge de l'histoire des mères. Comment s'y définira le rôle de celles qui enfantent? Elles n'en décideront pas seules, mais, consciemment ou non, elles orienteront l'avenir. Car, le passé le montre, elles ne se laissent pas gouverner aussi aisément que le voudraient les puissants.    Ce qui est nouveau, de notre temps, c'est moins la liberté des mères que leur degré de conscience. Leur liberté reste encore souvent formelle, limitée par des conditions économiques, des contraintes sociales, l'inertie des mentalités. Mais leur conscience s'éclaire : à la différence des mères du passé, elles deviennent de plus en plus lucides devant la maternité. Elles se demandent désormais si elles veulent un enfant et pourquoi elles le veulent, quand, où et comment elles le mettront au monde ; elles s'interrogent sur les sentiments qu'elles lui portent, sur la charge, la responsabilité qu'il représente, sur le pouvoir qu'elles exercent en l'aimant et en l'élevant, sur le rôle du père.    Il ne sera plus possible à l'avenir de leur dicter leur conduite. L'histoire des mères les aidera à comprendre quels déterminismes pèsent sur elles et à trouver la volonté de les infléchir. Mais dans quel sens? Dans quel but? C'est à elles d'en décider.    Yvonne Knibielher et Catherine Fouquet, Histoire des Mères, 1977.

« En même temps, la conscience des femmes s'est développée plus vite que leur liberté : elles choisissent d'avoir unenfant, elles décident de la date et du lieu, elles réfléchissent sur le rôle respectif de chacun des parents ; ellesmanifestent une indépendance croissante, loin de toute influence insidieuse. II.

Vocabulaire. 1.

« L'inertie des mentalités.

» L'inertie désigne l'absence de mouvement, d'activité.

L'expression désigne ici la lenteur des évolutions dans ledomaine des états d'esprit : c'est pourquoi elles ont besoin d'un temps assez long pour pouvoir exercer leur liberté. 2.

« Quels déterminismes pèsent sur elles.

» Le déterminisme est d'abord un principe selon lequel les mêmes causes produisent les mêmes effets Les auteursveulent parler ici des principes ancestraux qui donnent traditionnellement une place précise à la femme, et luirenvoient une image d'elle-même à laquelle elle se sent obligée de se conformer : c'est un poids auquel elle peutdifficilement échapper. III.

Discussion.

Introduction. 1.

a) l'évolution de la maternité. b) « les mères deviennent de plus en plus lucides devant la maternité » : une évidence, une vérité, unegénéralisation excessive ? 2.

Annonce du plan. I.

Une plus grande lucidité devant la maternité. II.

Mais aussi le reflet d'une évolution de la société. I.

Une plus grande lucidité devant la maternité. A.

Lucidité apparemment générale. 1.

L'enfant est un choix physique. — Par la contraception, il peut être évité.

Donc un enfant qui naît est en principe un enfant voulu. — Par la chute de la mortalité infantile : au XVIIe siècle, pour avoir trois enfants adultes, il fallait en mettre aumonde neuf ou dix (exemple des neuf enfants de Madame de Montespan).

Explication d'E.

Badinter dans L'Amourmaternel sur l'évolution du sens de la maternité. 2.

L'enfant est un choix moral. — Mettre au monde n'est plus le rôle social obligatoire de la femme, comme dans les sociétés agricoles d'autrefois. — La femme peut avoir d'autres activités que celle de mère. 3.

La mère a le choix de l'éducation. — L'allaitement n'est plus une obligation vitale, comme dans le temps où il n'existait pas de bons laits en poudrepour les biberons. — La manière de s'occuper de l'enfant n'est plus imposée par la grand-mère, la belle-mère ou les matrones. B.

Qui comporte d'importantes restrictions. 1.

Tout dépend des civilisations. Dans les civilisations africaines, méditerranéennes ou orientales, cette liberté est très restreinte : les femmes ontencore dix ou quinze enfants, car la fécondité est le signe de la virilité du mari et de la bénédiction du Dieu. 2.

Tout dépend du niveau intellectuel, social et de l'âge.

Même en France, encore beaucoup d'enfants non voulus. Le nombre d'avortements est révélateur, ainsi que la mauvaise utilisation de la contraception. II.

Mais aussi le reflet d'une évolution de la société.. »

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