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Le Sentiment de la Nature chez Lamartine

Publié le 17/02/2012

Extrait du document

lamartine

 

Les étrangers nous ont parfois reproché de ne pas aimer la nature

comme elle doit être aimée : pour elle-même. Le Français, disent-ils, n’est

pas insensible à la nature, mais il ne la connaît pas dans ses profondeurs,

dans son mystère. Il ne va pas vers la nature mystérieuse et sauvage; ses

pieds aiment un sentier sablé, ses yeux une ordonnance habile, ses rêves

un frais bosquet, une tonnelle propice à la causerie : « Non pas la forêt,

le jardin. « Nous pourrions opposer à cet acte d’accusation bien des noms

et bien des textes. Le nom de Lamartine, les vers et la prose de Lamartine

suffisent à nous laver de ce reproche quasi classique.

lamartine

« Mais bientot ni Mil ly ni Saint-Point ne suffisent a son :line ardente, trou- blee par les premieres experiences sentimentales, surexcitee par des lectures chaotiques.

Il lui faut des cieux plus brillants, des pentes plus vertes, venant expirer sur de vastes mers.

Il lui faut l'Italie; it lui faut aussi les Alpes... Ses vers auront les fluidites des flots et les exaltations des cimes.

Apres sa Bourgogne natale, l'Italie est sa terre d'election; sur la baie de Naples chante le nom de Graziella; sur le lac du Bourget celui d'Elvire.

II promene ses vingt ans a Turin, a Florence, a Rome; mais ce n'est point la poussiere des siecles defunts qui le retient, c'est Naples : « le plus beau spectacle du monde entier ».

« Cette vine enchantee », son golfe, ses paysages, ses montagnes « uniques sur la terre », son horizon, son die], ses teintes « merveilleuses » ne nous apparaissent d'ailleurs que vaguement en des enumerations incolores.

Lamartine ne (Merit pas : it contemple, it &vogue.

La Mediterranee, dit-il, ajoute « l'infini visible a l'infini pense », mais comment la discerner a ce signet Il semble que tout, a ses yeux, s'universalise; la Mer, la Montagne, le Lac, le Fleuve...

L'ile d'Ischia, nean- moins, prend sous sa plume, un visage un peu plus distinct, « nageant dans la lumiere, se perdant dans le bleu du ciel, &lose comme d'un reve de poete pendant le leger sommeil d'une nuit d'ete...

» A cette nature chaude et molle, it demande un calmant a la fievre de sa pensee et un cadre d'innocentes amours, plus tard trop complaisamment idealisees.

De retour en France, it connait a Aix-les-Gains un amour plus profond, bientot &fruit par la mort.

Il a pour decor le Mont du Chat, qui t dresse pendant deux lieues une ligne haute, sombre, uniforme, sans ondulation son sommet »; l'abbaye de Hautecombe, qui « jette l'ombre de ses vastes cloltres sur les eaux du lac », la petite vine « assise par etages sur un large et rapide coteau de vignes, de pres, de vergers », et le Lac lui-meme, qu'il immortalisera dans Tune de ses plus celebres Meditations.

Et jamais Lamar- tine ne pourra isoler cet amour douloureux de ce coin des Alpes (1) ! « II y a des sites, des climats, des saisons, des heures, des circonstances exterieures tellement en harmonie avec certaines impressions du cmur que la nature semble faire partie de Fame et Fame de la nature...» * Elvire est morte.

Son amant vient cacher a Milly sa souffrance et ses re- grets.

Cette terre, ces vignes lui parlent du travail, de I'action necessaires. Il se sent isole, se replie sur lui-meme, aspire a la fuite, se detache de cette ambiance pourtant there, reve d'autres cieux, desire la mort.

Il semble alors se detacher de la nature, lui reproche d'oublier; it ne va pas toutefois jusqu'a la maudire, comme Vigny. Je ne veux pas d'un monde oil tout change, oil tout passe; Oa, jusqu'au souvenir; tout s'use et tout s'efface... ...II n'est rien de commun entre la terre et moi... Il revient a Aix, it contemple le lac, muet temoin.

n'eprouve plus devant lui les memes degoffis, les memes revoltes.

L'ambiance de Milly a brisk son orgueil.

Dans la nature it retrouve une amie Vois, la nature est la qui einvite et qui eaime... ...Quand tout change pour toi, la nature est la meme. Et it s'adresse maintenant aux « objets inanimes » comme A des confidents : 0 Lac! rochers muets, grottes, forets obscures! Vous que le temps epargne ou qu'il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir!... C'est, semble-t-il, a partir de ces fours qu'il s'applique a saisir dans la nature, non plus de secretes correspondances avec ses etats mais ce par quoi elle demeure, ce qui en elle echappe au temps et l'espace : le divin, sa realite profonde. Revenu en sa « terre natale », it l'interroge, se souvient des lecons mater- nelles, cherche si Dieu est visible et concevable dans sa creation.

Ii ne tarde pas a constater qu'il n'adhere plus a la religion positive enseignee par (1) A aucun moment non plus it ne nous fait voir les Alpes, parce qu'il ne daigme ou ne peut les voir lui-meme : u Je ne vois pas ces Alpes neigeuses...

mon impression reste indecise...

les objets me fuient, mais rentends la voix d'une ame qui chante i< l'occasion de ces objets....

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