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Le siècle de Julien Green

Publié le 05/12/2018

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Camus décelait une «grandeur tragique». Dans ses romans, dans son théâtre, dans ses nouvelles exemplaires, Green ne cesse de guetter les instants de basculement de l’existence, les bifurcations qui obligent à choisir un chemin plutôt qu’un autre. Célébré de son vivant comme un classique, il est un des rares auteurs contemporains comme André Gide ou Julien Gracq à être entré de son vivant dans la collection La Pléiade chez Gallimard, celle-là même qui accueillit le huitième tome de ses « œuvres complètes » et lui avait consacré un «album» quelques semaines avant sa mort. Dans son appartement de la rue Vaneau, à Paris, Green semblait vivre hors du temps. En fait, il recomposait ce temps à sa mesure. Il notait dans son Journal les inflexions de son âme mais aussi tout simplement le plaisir des jours et même celui de l’actualité.

En cherchant à se dégager — tout en s’en nourrissant — d’une Amérique pudibonde et impudique qui l’avait profondément façonné, Julien Green (1900-1998) a marqué son siècle par une lutte incessante entre ses désirs et son éducation. Ce protestant converti au catholicisme laisse une œuvre vaste et surtout un Journal qui, tel un sismographe, enregistre presque jour par jour les soubresauts d’une âme écartelée.

 

À sa façon, l’homme qui s’est éteint le 13 août à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans incarne l’un des derniers moralistes dont les livres sont «des livres de prisonnier qui rêve de liberté».

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