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Le style des Châtiments de Victor Hugo

Publié le 18/10/2013

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L'alliance des esthétiques et des tonalités, considérées habituellement comme antithétiques, participe aussi du style des Châtiments. On y rencontre l'individu, poète citoyen. face à !'Histoire qu'il faut transformer: l'ordre du lyrisme intime croisant la vision épique. De même l'alliance de la satire et du châtiment divin vise bien un même objet : lutter «pour la justice et la vérité « contre « la toute-puissance du mal « (Préface de l'auteur, 1853).

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« ~ Il -LE MÉLANGE DES GENRES «Nous en avons pleuré, mais souvent nous en rîmes» (VII, 10) L'alliance des esthétiques et des tonalités, considérées habituellement comme antithétiques, participe aussi du style des Châtiments.

On y rencontre l'individu, poète citoyen.

face à !'Histoire qu'il faut transformer: l'ordre du lyrisme intime croisant la vision épique.

De même l'alliance de la satire et du châtiment divin vise bien un même objet : lutter «pour la justice et la vérité » contre « la toute-puis­ sance du mal » (Préface de l'auteur, 1853).

Le comique qui méprise et la colère du Dieu biblique associés nous renvoient alors à une condamnation qui est sa propre caricature; pour Napoléon III et ses séides, ce n'est pas la mort qui est ré­ clamée mais la flétrissure,« la longue et infamante expiation »(Châtiments, note V): non« l'échafaud sévère» mais« les sabots sonnant sur le pavé du bagne ! » (Livre Vil, 10).

La voix de l'outre-tombe Le proscrit est celui qui a choisi la liberté aux dépens de la patrie (Livre VII, 7 et 14).

Mais il meurt de ne pas voir sa patrie.

Cependant« Dieu ne veut pas que le silence se fasse, Dieu ne veut pas que la liberté, qui est son verbe, se taise» (Châti­ ments, note V).

Dès lors « la tribune » est reconstruite « dans la solitude », au fond même de la tombe.

et « il en sort la formidable protestation des morts ! Il en sort la voix vengeresse, la voix inextinguible, la voix qu'on n'étouffe pas, la voix qu'on ne bâillonne pas ! » (ibid.).

La voix totalement libre des morts et qui parle aux vivants : telle est sans doute pour Hugo le vrai paradigme de la poésie.

~ Ill -UNE LANGUE VIOLENTÉE La g~~mmaire Devant le dévoiement de la parole, l'ambition des Châtiments n'est-elle pas de refonder une langue nouvelle ? Il faut alors reconsidérer l'importance du fémi­ nin : «car l'archange est plutôt une femme qu'un homme » («Aux femmes », Livre VI, 8 ; voir aussi « Pauline Roland », Livre V, 9 et la note V) ; reconsidérer aussi le nombre, car « celui-là » est peut-être à lui seul la conscience d'une His­ toire où les « tas » et les « ramas » figurent le néant ou l'amorphe.

De même le « verbe » est à repenser car il doit être « ultime » ( « Ultima verba », Livre VII, 17).

Le vocabulaire Celui qui avait mis le « bonnet rouge au vieux dictionnaire » va ici encore plus loin car il manipule les référents et les noms propres : le peuple devient Lazare (Livre II, 2) ; Napoléon-le-Petit ou Cartouche-le-Grand (Livre II, 7).

Les noms propres deviennent noms communs : « On a débaptisé la honte, elle s'appelle/Si­ bour; la trahison, Maupas; l'assassinat/Sous le nom de Magnan est membre du sénat » (Livre III, 8).

Conclusion À ce monde sens dessus dessous de !'Histoire, la langue des Châtiments tend un miroir pour lui renvoyer sa monstruosité ; mais cette image négative dessine un avenir.

Dissolvante mais constructive : ainsi ap­ paraît clairement la dualité de l'esthétique ironique.

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