LE TESTAMENT DE JEAN MESLIER

« La Bruyère, Fénelon.

Malebranche, Bayle et aussi Marana (L'Espion turc).

Après 1718 ses idées com­ mencent à se cristalliser quand il lit la Démonstration de r existence de Dieu.

de Fénelon.

Les annotations qu'il jette en marge esquissent déjà une doctrine matérialiste : la nature n'est que matière et elle est tout.

Bientôt, vers 1723.

ou peut-être plus tôt, il com­ mencera à rédiger le Testament.

L'œuvre se présente comme un très volumineux procès du christianisme.

Cependant le curé d'Etrépigny ne s'attaque à la religion que parce qu'il se dresse.

d'abord.

contre les injustices du système social et politique.

ces injustices dont l'Eglise est depuis long­ temps complice et qu'elle aggrave à son profit.

Le matérialisme de Meslier autant que sa critique du christianisme sont très consciemment des armes révo­ lutionnaires destinées au peuple dont il connaît intime­ ment les souffrances.

Les curés.

qui avaient un rôle important dans la société villageoise.

étaient souvent très proches du peuple.

tant par leur origine que par leur pauvreté ; ils l'étaient d'autant plus que la hiérar­ chie les méprisait.

Meslier sympathise donc tout natu­ rellement avec le violent mécontentement des paysans.

attesté par tant d'insurrections et de guerres populaires au XVII• siècle et au début du XVIII• siècle.

Soulève­ ments ou résistance passive à la féodalité.

à l'absolu­ tisme, ne sont encore que manières de protestations négatives : 1 'œuvre si passionnée de Meslier puise au feu de cette colère.

mais.

allant au delà de la révolte spontanée.

elle donne vie aux trois grandes idées contenues en puissance dans 1 'expérience paysanne : 1 'idée d'égalité et de communauté des biens ; l'idée de révolution populaire: l'idée que le peuple doit être athée et matérialiste.

Seuls à supporter le triple fardeau de l'Etat abso- lutiste et des deux ordres priviligiés, les paysans. »