Devoir de Philosophie

Le théâtre du XVIII ème siècle

Publié le 22/07/2012

Extrait du document

C/ Quand les serviteurs se révoltent : Mais Beaumarchais n’est pas le seul dramaturge à s’engager dans la défense des droits des domestiques, ainsi Molière dans Les Fourberies de Scapin, écrit en 1671, nous montre un valet beaucoup plus rusé que ses maîtres, qu’il sait manipuler. Le titre est tout d’abord frappant puisqu’il est rare qu’un valet tienne le rôle principal d’une pièce de théâtre. De plus dans le livre, la différence entre les deux classes diminue et l’opposition n’est plus si nette. En effet, Octave, fils d’Argante, s’est marié avec Hyacinthe, une femme qu’il a rencontré par hasard et dont il est tombé immédiatement amoureux et qu’il a épousé alors que son père était absent. A présent, il a besoin des services du valet : « Ah ! Scapin, si tu pouvais trouver quelque invention, forger quelque machine, pour me tirer de la peine où je suis, je croirais t’être redevable à vie. «. Ainsi Octave se place totalement sous la dépendance du domestique et va même plus loin en le flattant : « J ‘avoue que le Ciel ne m’a pas donné tes talents. «. Pour Scapin annoncé le mariage du fils au père est une « bagatelle « puisque déjà tout petit il se distinguait « par cent tours d’adresses jolis «. Pour mettre le plan à exécution, Scapin dirige toutes les opérations avec une main de maître dans l’art de la supercherie.

« reprise d'un terme appartenant à la réplique précédente.

Mais cette scène de « théâtre dans le théâtre » ou mise en abyme, n'est qu'un jeu pour les esclaves qui nepossèdent pas l'art de la vraie séduction mondaine.

Arlequin notamment a un comportement très enfantin et ne peut rester sérieux et concentré et garde ses expressionpopulaire « Oh ! oh ! oh! oh ! / Eh palsambleu ! », ou encore « je m'applaudis » après avoir trouvé un compliment à dire à sa compagne.

La scène devient alors uneparodie comique dont Cléanthis en serait la metteur en scène qui réprimande Arlequin lorsqu'il joue mal son rôle : « Rayez ces applaudissements ils nous dérangent.».

Tout cela nous porte à croire que les esclaves, ou les valets, souhaiteraient prendre la place de leurs « patrons », comme les qualifient Arlequin, mais cet idéal leurest inaccessible puisqu'ils ne maîtrisent l'art du langage et notamment de la préciosité.

Cet extrait prouve donc l'incapacité des valets à prendre la place des maîtres,au niveau du langage, et ceux-ci ne sauront finalement conserver leur place hiérarchique, puisqu'au dénouement de l'oeuvre Trivelin, gouverneur de l'île, rétabliraofficiellement les rôles.

Les valets n'ont donc à défaut d'une « noblesse de sang » pas une « noblesse d'âme » nécessaire à l'utilisation de la langue précieuse. Le langage des valets les conditionnent donc dans leur catégorie sociale, et reste une des différences majeures entre les domestiques, à la « langue » populaire etsimple, et les maîtres, au langage plus recherché, et codifié de nombreux sous entendus.

Mais ce contraste entre les deux catégories sociales n'est pas le seul, ainsi desoppositions physiques et comportementales, pécuniaires, et de naissance les séparent également. II> Les autres oppositions notables entre les deux classes sociale : L'opposition des classes ne s'exprime pas qu'à travers le langage, mais par de multiples autres éléments comme en tout premier lieu l'apparence physique.

Un maîtrese distingue donc de son subalterne par sa tenue élégante, cousue de tissus rares et précieux, alors que le valet possède un habit simple, que la famille qui l'emploiepeut lui fournir.

Dans les maisons les plus riches les costumes des valets peuvent être fabriqués de riches étoffes, mais ne seront jamais aussi beau que celui desmaîtres. A/ Les vêtements et l'attitude :De cette façon, un domestique a dans l'espoir de changer de condition en changeant de vêtements.

C'est ainsi que Sganarelle, valet de Don Juan, dans la pièceéponyme de Molière datée de 1665, arrive à se faire passer pour une condition sociale plus élevée : celle de médecin.

En effet, lors de la première scène du troisièmeacte, le valet apporte à son maître des habits afin qu'ils puissent se déguiser, pour n'être pas reconnaissable.

Ce soucis d'identité pose surtout problème à Dom Juanqui est recherché par des hommes armés : les frères de Done Elvire, une jeune femme qu'il a enlevé du couvent et qui une fois marié avec elle la rejette au mépris desrègles religieuses, et pour pouvoir séduire en toute impunité d'autres femmes.

Sganarelle se complet dans son nouveau costume puisqu'il déclare : « cet habit me metdéjà en considération…je suis salué des gens que je rencontre, et l'on vient me consulter ainsi qu'un habile homme ».

Un bel habit peut donc faire la différence entreun homme respectable, un maître, et un simple valet.

Sganarelle ressemble donc à un vrai docteur car « cinq ou six paysans » sont venus le questionner sur différentesmaladies.

Dans ces vêtements, le serviteurs se sent important c'est un autre homme : « J'ai voulu soutenir l'honneur de mon habit : j'ai raisonné sur le mal ».

Le valetbien que n'ayant pas étudié comme son maître connaît les éléments qui constituent le corps humains « ces nerfs, ces os, ces veines, ces artères… », ce n'est donc pasla « belle malice », comme Sganarelle qualifie son intelligence, qui manque à ce domestique mais l'apparence physique d'une certaine appartenance à une classesociale élevé lui conférant une réel intelligence, qui passe à travers l'habillement.

Un autre élément important du costume des maîtres symbolisant le pouvoir par laforce est l'épée que possède Dom Juan et qui va lui sauver la vie.

Par un concours de circonstance il va défendre l'un des frères de Done Elvire en combattant à sescôtés contre trois brigands.

C'est « l'épée à la main » qu'il sauvera l'honneur de cet homme qui en reconnaissance lui laissera, ainsi que son frère, la vie sauve, aprèsavoir découvert son identité, et ce malgré le déshonneur qui pèse sur leur soeur.

Il est à noter ici qu'un autre contraste apparaît entre les deux classes sociales : unedifférence d'ordre comportementale, car Dom Juan n'a pas peur de combattre et est courageux alors que le serviteur a un comportement de fuite, il est lâche et ne sejustifiera de cela que par son habit : « Je crois que cet habit est purgatif et que c'est prendre médecine que de le porter ».

Autrement dit, son habit explique sonmanque de courage, ce qui est antithétique puisque pour prétendre être noble, il faut aussi une noblesse « d'âme ».

Cette différenciation dans le costume entre maîtreet valet se retrouve aussi dans L'Ile des esclaves puisque la première chose que font les naufragés lorsque le changement de rôles est imposé est de d'échanger devêtements.

Trivelin annonce même à Cléanthis " j'ai bien connu votre condition à votre habit ", et cet échange des habits qui révèle le " visage de condition " despersonnages.

Il est aussi à noter que le costume bariolé et polychrome traditionnel d'Arlequin s'oppose à celui d'Iphicrate beaucoup plus luxueux et raffiné.

Et audébut de l'œuvre on note un contraste saisissant de comportement : Iphicrate s'inquiète de leur sort alors qu' Arlequin veut finir sa bouteille de vin avant de chercherune solution pour s'échapper de l ‘île : « reposons-nous auparavant pour boire un petit coup d'eau-de-vie».L'apparence physique et les habits détermine donc lacondition d'un homme, tout comme une part du comportement des individus qui constituent des contrastes entre les maîtres et leurs subordonnés.

L'apparente richesseest bonne à montrer dans la société mondaine du XVII et XVIIIème s.

qui est celle du paraître. B/ L'argent facteur déterminant d'une classe sociale :Mais les costumes coûtent chers et les valets n'ont pas les moyens de s'offrir ce luxe, ainsi la deuxième opposition autre que le langage entre les deux classes socialereste l'argent.

Et cela tombe sous le sens puisque le théâtre exhibe constamment le fait que le valet est la propriété de son maître.

C'est en effet avant tout grâce àl'argent que le maître peut se payer le valet qui est pauvre, et qui en échange de ses services, voit le maître lui assurer le gîte et le couvert ; dès lors matériellement ildépend entièrement de son maître auquel il est soumis et doit obéissance.

Il doit subir les impatiences et les caprices du maître, et leur salaire, ou « gages » sont bienmaigres en comparaison des contraintes que leur demande ce métier, qui correspond presque à une forme d'esclavagisme : la disponibilité à toutes heures du jour oude la nuit.

Dans l'Avare, écrit en 1668, Molière dénonce l'avarice d'un homme : Harpagon envers sa famille, mais aussi et surtout envers les domestiques qu'ilsaccusent d'être en plus de cela des voleurs et des « espions de ses affaires», qu'il fouille constamment.

Au début du troisième acte, Harpagon tient un discours trèsrisible à ses pourtant malheureux serviteurs.

En effet, les valets doivent être sur le pied de guerre à cause de l'arrivée imminente d'une personne importante au sein dela maison : Mariane la promise d'Harpagon.

C'est ainsi que toutes bouteilles de vin qui se casseraient ou « s'écarteraient de la table » sera déduite des gages de laresponsable, ici : dame Claude.

Puis le discours s'amplifie dans le comique : les valets n'ont apparemment qu'un seul habit et le maître refuse obstinément de leur enracheter un autre.

Pour masquer ces problèmes, il suffira aux valets de les cacher, par un chapeau pour masquer « une grande tâche d'huile de lampe » sur l'habit,comme Brindavoine.

Pour La Merluche, qui a un « haut-de-chausse », sorte de culotte large de l'époque, « tout troué par derrière » il ne faudra montrer aux gens que« le devant au monde » et rester « du côté de la muraille ».

Le valet ne pourra donc pas se montrer de dos aux invités, de peur de les « choquer ».

De plus, le ballet desdomestiques sera assez comique puisque nombre d'eux n'ont qu'un seul habit qu'il est difficile de ne pas user avec les années.

Et leurs maigres salaires ne leurpermettent pas d'en avoir un autre.

Ils sont donc soumis au bon vouloir de leur maître, qu'il est préférable de savoir généreux pour les valets de l'époque.

Des autreséléments qui marquent la possession du serviteur pour son maître sont les injures et les coups de bâtons que reçoivent constamment les valets.

De cette façon, maîtreJacques, cuisinier et cocher de l'avare, avoue, après que Harpagon lui ait ordonné, la réputation « d'avare, de ladre, de vilain » du maître de maison auprès des gens.La réaction ne se fait pas attendre malgré ce qu'a dit précédemment Harpagon « je suis bien aise d'apprendre comme on parle de moi.

».

L'homme frappe ainsi sonvalet en le traitant de « sot/ maraud/ coquin/ impudent ».

Dans la scène suivante, c'est Valère, qui n'est pourtant pas le maître à proprement parler du domestique enquestion, qui montre son autorité sur lui : « Savez vous bien, monsieur le fat, que je suis homme à vous rosser vous-même ? ».

Ici le mot « monsieur » ne marque pasune forme de respect, mais accentue l'insolence du serviteur puisqu'il est un « fat », un impudent.

Sans patronyme, identifié par son unique prénom, le valet est laplupart du temps considéré comme un être inférieur.

Il peut également être désigné par l'interjection péjorative « hé ! ».

L'argent est donc un facteur essentiel dedifférence entre maîtres et valets, le maître peut aspirer à « un nom et des prétentions », contrairement au domestique qui est pauvre et qui le restera. C/ La naissance noble élément clé d'un clivage maîtres/valets :Mais l'argent n'est pas toujours une source de différence entre les maîtres et les serviteurs.

En effet dans Les Fausses confidences de Marivaux, comédie datée de1737, un autre clivage intervient : le facteur de la naissance noble, et du rang sociale qui est transmit de génération en génération et que possède un enfant dès samise au monde.

De cette façon, Dorante, un noble désargenté, qui n'est pas plus riche que son ancien serviteur Dubois qu'il a du renvoyer pour des raisonsfinancières, peut entrevoir un avenir heureux et rempli de richesse au côté d'Araminte, riche veuve « d'un mari qui avait une grande charge dans les finances », et celaà cause de sa naissance.

Ce mariage aurait été inconcevable avec un serviteur puisque c'est le mari qui fournit le rang social à sa femme.

Et comme l'avoue Dubois,Dorante est de « très bonne famille », est « bien élevé » et « il n'y a rien à dire à ce qu'il est né », son seul défaut est de n'être « riche qu'en mérite » et de n'avoir «point de bien ».

L'intrigue de l'histoire repose donc sur la séduction d'Araminte par ce « pauvre » intendant qu'est Dorante, alors qu'elle est promise à un avenirradieux avec un riche comte qu'elle n'aime pourtant pas.

Le jeune homme parvient au cœur de ce foyer par la noblesse et la réputation de sa famille.

En effet, pours'imposer dans la maison de Madame Argante, la mère d'Araminte, Dorante va faire jouer le côté filial et familial de ses talents d'intendant qui se transmettent de père. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles