Devoir de Philosophie

Le thème de l'honneur - La vie est un songe, de Calderon

Publié le 05/08/2014

Extrait du document

calderon

Le thème de l'honneur

L'honneur est la valeur centrale de l'Espagne du XVIIe siècle, valeur aristocratique

qui sert de prétexte à de très nombreuses pièces de l'époque.

Aussi est-elle au coeur de La vie est un songe, dont elle constitue l'un des

moteurs de l'intrigue.

1 - UN DRAME DE L'HONNEUR

Deux intrJ~arallèle~

Dès la première journée, une double intrigue se développe : si la première,

politique, a pour héros Sigismond, la seconde a pour thème l'honneur, et pour

personnage central Rosaura. Tous deux se voient privés de reconnaissance

sociale: déshonorée, Rosaura n'existe plus, et elle est venue de Pologne pour obtenir

vengeance (v.376-377). Intrigues en miroir avec un héros masculin dans un

cas, féminin dans l'autre.

calderon

« E X P 0 S É S F C H E S pn dilemme tragique Les conflits nés de l'application des règles de l'honneur sont insolubles et en ce sens tragique.

Dans Le Médecin et son honneur, Don Guttiere sacrifiera ainsi «la femme qu'[il] a le plus aimée dans cette vie» au souci de sa réputation.

Cet effort désespéré pour concilier l'inconciliable est manifeste lorsque Clothalde pense avoir trouvé le « remède » par un marchandage qui lèse Rosaura : «Je suis loyal envers le royaume, envers toi libéral,/ reconnaissant envers Astolphe » (v.

2621-2623).

Ill -SIGNIFICATIONS ET AMBIGUÏTÉS DE L'HONNEUR Une valeur transcendant les conditions et les sexes Les exactions commises au nom de l'honneur, l'attachement fanatique à celui­ ci choquent aujourd'hui.

En son nom, Rosaura prend tous les risques, transgresse les tabous en se déguisant en homme et en portant l'épée.

Situation ambiguë que le théâtre français de la même époque proscrit au nom de la bienséance.

C'est que l'honneur n'est pas seulement une valeur sociale et extérieure rele­ vant du paraître.

Elle transgresse les frontières de classes, comme le montre Crespo dans L'Aicade de Zalaméa, paysan qui entreprend de venger son honneur.

De plus, elle n'est pas le seul privilège des hommes.

Une valeur ontologique Sans doute s'agit-il là d'une valeur sociale, relevant du code de la classe dominante, l'aristocratie.

Elle perpétue une idéologie chevaleresque et guerrière, présente au demeurant chez Corneille à la même époque et donc, en ce sens, expri­ mant la domination des hommes sur les femmes.

Mais, chez Calderon, la réflexion sur l'honneur va plus loin.

L'acharnement de ses personnages à soutenir ou à retrouver leur honneur ne s'explique que parce que l'honneur conditionne l'existence même.

La perte de l'honneur est une véritable mort sociale : «Une vie infâme n'est pas une vie», lance Clothalde à Rosaura au début de la pièce (v.

910).

Plus profondément, l'honneur régit l'être.

Dés­ honoré, le héros calderonien n'est plus, ravalé au néant.

Calderon critique de l'honneur ? L'honneur est le fondement de l'ordre politique: Sigismond rend la justice à la fin de la pièce en rendant à chacun son honneur.

Le roi, chez Calderon, est le garant de l'honneur.

À la fin, l'ordre est réparé et l'honneur restitué à Rosaura.

Pourtant, un personnage reste en dehors de ce code de l'honneur : Clarin, qui se cache pour ne pas participer à la bataille.

Le comportement du gracioso* vient relativiser la notion d'honneur (valeur d'une classe) et souligner que le souci de l'honneur participe aussi du paraître : «Qu'ils vivent donc à la bonne heure ! », proclame ironiquement Clarin en écho aux vivats des combattants.

L'honneur est l'une des composantes de la comédie sociale.

« La renommée ("opinion") doit passer en premier», lance le héros de Demain sera un autre jour.

Conclusion: Au bout du compte, l'honneur peut s'avérer une illusion de plus.

S'il est néanmoins restauré au dernier moment, c'est que dans le monde calderonien, éphémère, incertain, il demeure une valeur de réfé­ rence qui rend possible un minimum d'ordre.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles