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L'émergence de la littérature arabe moderne

Publié le 18/08/2012

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La société arabo musulmane, telle qu'elle existait au début du 19ème siècle, était une société où le mode de consommation littéraire était auditif, collectif et participatif avec des valeurs esthétiques et éthiques stables. Les acteurs ne pouvaient appartenir qu'à la minorité lettrée. L'émergence de la littérature arabe en bouleversa considérablement les usages. Elle devient alors visuelle, individuelle et passive, offrant dès lors aux opinions et aux goûts personnels, la possibilité de s'exprimer pour tous.  La « nahda «, bien plus qu'un réveil, ne s'arrêtera pas aux frontières du théâtre et du roman. Elle ouvrira les portes d'arts nouveaux : le ballet, l'opéra, le cinéma, … ; et ravivera des arts enfouis : danse orientale, calligraphie, ect…Elle changera les mentalités. La femme se crée une place dans la société, elle étudie, travaille.  Entraînée dans son sillage, elle réveillera les consciences politiques. Le peuple devient une force qui a conscience d'agir pour son avenir et lutte pour se libérer des chaînes de la colonisation. Nasser arrive au pouvoir en Egypte et c'est tout le mouvement indépendantiste qui s'étendra en Afrique du nord d'abord puis dans toute l' Afrique noire.

« lecteur.

Son écriture fait revivre le passé glorieux des arabes ; il intègre de la fiction dans des faits historiques réels rendant ainsi la culture amusante.

Il sera considérécomme le père du roman arabe.Ce courant s'essoufflera pour faire place au roman social, conséquence d'une tendance littéraire qui vise à proposer des solutions aux maux de la société en lacritiquant, soit de manière indirecte sous forme d'utopies ; soit de manière direct.

Adopter la manière directe implique pour l'auteur l'abandon de l'esthétisme de lalangue pour mieux se consacrer et mieux véhiculer son contenu.

On voit alors apparaître des textes en dialectal comme ceux d''Abdallâh Nadîm (1854-1896) dansson hebdomadaire « al tankît wa-l-tabkît » où il critique sévèrement la société via une galerie de personnages moralement condamnables.Le roman prend alors deux directions : le romantisme et le réalisme.

Dès lors, l'individu en tant que personne prime sur le groupe, la langue de l'adab est abandonéeainsi que l'aspect didactique des œuvres.En 1913 paraît « les ailes brisés » de Jibrân Khalîl Jibrân (1883-1931), syro-libanais émigré à New York.

L'auteur y raconte l'amour impossible entre le narrateur etSalma qui est promise au fils d'un évêque.

Jibrân y exprime la détresse de l'homme où s'intègre l'autobiographie des sentiments : le « je » est aussi bien auteur etnarrateur.

Ce « je » transmet également des opinions.

L'histoire est aussi un prétexte pour évoquer ses propres sentiments et dénoncer une situation sociale corrompueet « pourrie ».

L'œuvre est en rupture avec la morale.

Il mélange des sujet délicats à aborder : religieux, amour de jeunesse, mariage forcé, statut des femmes, libertéet amour, corruption.

Il propose une nouvelle vision de l'être et du monde.En 1914, un autre écrivain va faire sortir la littérature arabe de ses repères classiques.

Muhammad Husayn Haykal (1888-1956), un égyptien partis lui aussi étudieren France.

Visiblement très nostalgique de son pays, il rédige son roman « Zaynab » dont le cadre spatial est un village égyptien.

Zaynab est une égyptienne qui aimeet est aimé d'Ibrahim.

Malheureusement, elle sera mariée à un autre.

Parallèlement, Hamed aime sa cousine ‘Azîza qui ne reste pas insensible à ses avances mais doitmettre fin à leur relation.

Ces deux histoires évoluent dans un environnement rural cher à Haykal.

La relation à la femme, tout comme le narrateur du roman deJibrân, fait partie de l'apprentissage de la vie du jeune Hâmed.

Haykal idéalise la campagne dans un arabe classique plein de poésie : « Le spectacle magnifique desterres cultivées apaisa le cœur de Hâmed.

Les plantes, les arbres, les rigoles d'irrigation, le vent chaud et les paysannes de solide constitution.

Il se mit à les arpenter,le soir, au coucher du soleil et oublia ‘Azîza petit à petit, trouvant un plaisir particulier à revenir avec les paysans.(…)»(p.

35) ; sans pour autant dénoncer certainsmaux qui l'empoisonnent : « Il en éprouvait d'autant plus de plaisir qu'il avait le sentiment d'être libre et délié des lourdes chaînes glacées des traditions.

De la mêmefaçon que si les filles de sa condition sociale ne se révoltent pas contre le voile, les jeunes gens de son âge -l'âge de la vie et de la liberté- se tournent vers d'autres,désireux de trouver ce à quoi poussent la nostalgie et l'attirance naturelle de l'homme envers la femme, afin de rencontrer en l'autre ce qui lui manque dans l'existence.(…) Et si nous ne pouvons pas juger ces jeunes écervelés, - la société égyptienne qui conserve la tradition du hijab est seule fautive -, nous ne pouvons pas en vouloirà Hâmed qui n'était animé que d'une part infime de mal.

» (p.35)Jibrân Khalîl Jibrân et Mohammed Husayn Haykal développent le romantisme et mettent en lumière la vie campagnarde et la condition des paysans.

Ils abandonnentl'« ‘ihyâ » et utilisent une langue médiane ainsi que du dialectal dans les dialogues ce qui donne un rythme à la narration.

Ils placent également l'individu, quel quesoit sa condition, au centre de leur préoccupations, élargissent l'éventail de protagonistes, et donnent de l'épaisseur à des personnages féminins.

Mais surtout, ils fontévoluer leur écriture dans un cadre réel, mettant en relief certains problèmes dans une société en devenir ouvrant ainsi la voie au réalisme qui triomphera durant lestrente prochaines années ; Yûsuf ‘Idrîs (1927-1991), Tâhâ Husayn (1888-1973) ou encore Naguib Mahfûz (1911-2006) en seront les plus illustres acteurs : « Cequi me fait écrire des romans, c'est essentiellement la politique.

Je me sers des problèmes de la famille, de la femme, de la religion, de l'amour, à des fins politiques,en vue de progrès social.

» ( témoignage chrétien, 22 octobre 1988.Naguib Mahfûz). La société arabo musulmane, telle qu'elle existait au début du 19ème siècle, était une société où le mode de consommation littéraire était auditif, collectif etparticipatif avec des valeurs esthétiques et éthiques stables.

Les acteurs ne pouvaient appartenir qu'à la minorité lettrée.

L'émergence de la littérature arabe enbouleversa considérablement les usages.

Elle devient alors visuelle, individuelle et passive, offrant dès lors aux opinions et aux goûts personnels, la possibilité des'exprimer pour tous.La « nahda », bien plus qu'un réveil, ne s'arrêtera pas aux frontières du théâtre et du roman.

Elle ouvrira les portes d'arts nouveaux : le ballet, l'opéra, le cinéma, … ;et ravivera des arts enfouis : danse orientale, calligraphie, ect…Elle changera les mentalités.

La femme se crée une place dans la société, elle étudie, travaille.Entraînée dans son sillage, elle réveillera les consciences politiques.

Le peuple devient une force qui a conscience d'agir pour son avenir et lutte pour se libérer deschaînes de la colonisation.

Nasser arrive au pouvoir en Egypte et c'est tout le mouvement indépendantiste qui s'étendra en Afrique du nord d'abord puis dans toute l'Afrique noire.Aujourd'hui, la littérature, le théâtre, et l'art de manière général sont très loin des préoccupations de la société arabe.

Le conflit israëlo-palestinien, le 11 septembre, ladiabolisation des musulmans, la guerre en Irak et en Afghanistan sont autant de facteurs qui ont modifiés la perception de l'occident ouvrant ainsi une brèche à lamontée de l'extrémisme religieux.

Le repli sur soi, le retour à des valeurs sûres et le désir de spiritualité se fait sensiblement sentir dans certaines couches sociales.Comme si tout était allé trop vite, la religion paraît comme LA solution face une mondialisation de moins en moins contrôlée.Ce constat amène à se questionner quant à la place de la littérature future dans ces sociétés et à la légitimité de celle-ci à exister dans des pays en proie à des courantspolitiques de plus en plus prosélytiques.. »

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