l'enfance
Publié le 30/09/2012
Extrait du document
«
Aristote convient cependant que l'éducation est importante, non pas sur le plan personnel, mais pour garantir à
la cité un réservoir de forces vives dans un avenir prochain.
L'enfant, selon le philosophe grec, est avant tout
amené à devenir un citoyen.
La chrétienté naissante n'accorde également que peu de crédit aux jeunes
pousses car elle les considère comme incapables de différencier le bien du mal.
Elle leur refuse un statut
particulier, et ainsi leur mort n'est pas estimée comme une tragédie.
Il faut attendre la Renaissance pour que
l'enfance soit singularisée.
Certes, l'enfant est toujours mis en comparaison avec l'adulte, en tant qu'être réduit,
mais pour la première fois il se place à ses côtés et non plus face à lui.
Peu à peu, ce changement de
perspective laisse à penser que l'enfant porte en lui tous les possibles, qu'il est une étape nécessaire vers la
raison.
Rousseau prolonge cette idée, en présentant l'homme comme un enfant devenu adulte.
Dès lors, la voie
était ouverte pour donner à l'enfant un statut en droit comparable à celui des hommes, en le reconnaissant
comme une personne juridique à part entière.
Est-ce à dire pour autant que l'enfant est une personne, même si
juridiquement il l'est ? Non si l'on considère la question sous l'angle de l'autonomie, tant vis-à-vis des autres
que dans l'immédiat.
Une personne en effet est capable d'exister sans être en permanence accompagnée d'une
autre.
Elle est aussi en mesure de se distancer d'une situation donnée, de ne pas se laisser entièrement
immergée par les choses telles qu'elles se présentent.
L'enfant lui est incapable de s'extraire un tant soit peu
du présent, et il existe à travers les autres.
Même s'il montre des capacités qui lui sont propres, notamment sur
le plan intellectuel, il lui faut toujours s'appuyer sur un adulte pour évoluer dans son environnement.
Cela tient
particulièrement au fait que l'enfant ne relativise pas.
Tout pour lui est absolu.
Ceci est bien, cela est mal, mais
l'entre-deux, ou la prise en compte des circonstances pour formuler son jugement, lui sont étrangers.
L'enfance
se caractérise ainsi par une rigueur éthique extrême car l'absoluité enfantine exclut toute intersubjectivité.
L'enfant n'est pas en mesure de se mettre à la place d'autrui pour juger de l'action de ce dernier.
Tout comme il
lui est difficile de se représenter ce qui le dépasse.
L'être humain ne dispose pas en effet d'un champ sensoriel
suffisant pour percevoir tout ce qui existe, à un moment donné.
La représentation du monde par l'homme fait
ainsi usage de l'abstraction pour ce qui est imperceptible, comme l'infiniment grand par exemple.
L'enfant a
également conscience que des choses sont au-delà de ce qu'il connaît.
Ce sont, selon les travaux du
psychologue Henri Wallon, des « ultrachoses », soit la mise en relation par l'enfant entre ce qu'il connaît et ce.
»
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