l'enfant de jules valles

« I) L’Enfant , un roman tout d’abord autobiographique L’Enfant , roman à la première personne, pose au lecteur un problème d’interprétation. L’Enfant est écrit après la mort des parents de Vallès alors que l’écrivain, en exil à Londres, a 44 ans ; l’ouvrage est l’aboutissement d’un projet auquel l’écrivain songeait depuis longtemps.

Des éléments de son enfance sont apparus, assez largement transposés, sans ses œuvres antérieures a l’Enfant comme dans Lettre de Junius ( 1861).

Mais il ne s’agit la que d’ébauches.

Jules Vallès songe à un grand roman.

Le récit de L’Enfant suit , du moins dans ses grandes lignes, les évènements principaux de la vie de Jules Vallès, pour la période qui va de sa naissance en 1832 à 1850, bien qu’aucune date ne soit précisée dans le livre.

On y retrouve les domiciles successifs de la famille Vallès : Le Puy, Saint-Étienne, Nantes.

Les villages de Chaudeyrolles, de Farreyrolles, existent réellement et des parents proche de Jules Vallès y ont vécu, que nous retrouvons parfois dans l’œuvre avec leurs véritables prénoms : l’oncle Joseph, la tante Rosalie ou la tante Mariou.

Cependant le livre est sans aucun doute un roman ne serait-ce que parce que le nom de l’auteur du livre est différent de celui du personnage principal : Jacques Vingtras.

Certes, on a pu remarquer l’identité des lettres initiales et finales de ces noms : J ules Vallè s et J acques V ingtra s.

II) L’Enfant , un roman plutôt œuvre de fiction ayant une portée sociale La narration est conduite au moyen de certains procédés qui ont pour objet de créer à l’égard des faits rapportés une distance critique.

Le titre même du roman : L’Enfant ne dénote pas forcément un projet autobiographique, au contraire, il donne au livre une porté beaucoup plus générale, quasi universelle.

De même, la dédicace : « A tous ceux qui crèvent d’ennui au collège ou qu’on fit pleurer dans la famille[…] » qui apparaît en tête du livre montre que Jules Vallès se propose de prêter sa voix aux nombreuses victimes de l’oppression familiale ou du système scolaire.

Cela dépasse donc de beaucoup son destin individuel.

Une autre caractéristique originale de la narration par rapport à d’autres œuvres autobiographiques est l’effacement du narrateur adulte.

Certes le JE est prépondérant dans le récit.

Mais ce pronom représente tantôt le personnage-enfant, tantôt le narrateur adulte ; l’emploi du présent de narration contribue à brouiller les pistes, de même que le style indirect, qui laisse une certaine incertitude sur l’identité du narrateur.

On a donc bien ici affaire à un roman, présenté et conduit comme une œuvre de fiction.

Certes, Vallès parle de son enfance et nourrit ce livre de son expérience et de ses souffrances.

Mais, par pudeur et aussi pour donner à son livre une plus grande portée, il transpose ce qu’il a vécu pour en faire une véritable création littéraire.

III) Un livre qui décrit la société L’Enfant n’a certainement pas pour propos d’égaler les grands romans naturalistes de son époque, tels ceux de Zola qui nous tracent un tableau précis et quasi complet de la société du temps.

L’expérience du narrateur appartenant à l’histoire qu’il raconte est forcément limitée, surtout s’il s’agit d’un enfant.

Cependant dans le cadre de cette jeune vie , le roman nous apporte des vues intéressantes et pittoresques sur certains aspects de la société française entre 1840 et 1850.

Les parents Vingtras ont pour objectif de s’élever dans la société.

Issus de la paysannerie, ils désirent accéder à la bourgeoisie.

La différenciation tiendra au niveau de vie, d’où l’importance de l’argent, du langage, mais aussi de la toilette, thème essentiel dans le roman, et enfin à ce que l’on pourrait appeler des « signes extérieurs de richesse » comme le fait d’engager une bonne.

Jacques, écolier, de par la volonté de ses parents, retrouve sa spontanéité dans le monde paysan et, plus tard pense découvrir sa vocation comme ouvrier.

Ce sont ces trois milieux que nous dépeint essentiellement le roman.

Il nous décrit également. »