Les grandes caractéristiques du drame romantique

« L'opposant Philippe Strozzi rêve d'une république à l'antique dirigée par une aristocratie.

Lorenzo, lui, est plus attentif à ce qui se passe dans le peuple: J'ai recueilli les discours des gens du peuple, j'ai vu l'effet que produisait sur eux la tyrannie;j'ai bu dans des banquets patriotiques le vin qui engendre la métaphore et la prosopopée [ ...

] (III, 3) Cette peinture n'est pas sans faire allusion à l'opposition démocratique qui apparaît dans la France des années 1830, avec notamment la parution d'un manifeste de la Société des droits de l'homme, dans La Tribune du 22 octobre 1833.

Plus tard, au lendemain des élections de 1846, une véritable campagne des banquets développera la fronde républicaine en province.

L'homme providentiel.

L'histoire selon le drame romantique reste dominée par le mythe napoléonien de l'homme providentiel, finalement vaincu: Et l'aigle impérial, qui, jadis, sous ta loi, Couvrait le monde entier de tonnerre et de flamme, Cuit, pauvre oiseau plumé, dans leur marmite infâme! (Ruy Blas, III, 2) Dans Ruy Blas, l'absence de pouvoir politique en Espagne est comblée un temps par le héros éponyme, mais les lois du monde politique de l'époque mise en scène rendent impensable une telle solution: un laquais, même méritant, reste un laquais.

Dans Lorenzaccio, l'action est suspendue au rêve du jeune Lorenzo de sauver sa ville par un acte unique, providentiel.

Mais cette aspiration ne tient pas devant la profondeur de la décadence de Venise.

Cette figure du héros providentiel n'est qu'un des aspects de l'in­ dividualisme qui caractérise le drame romantique.

La mise en avant de l'individu Le drame romantique reflète la montée d'un fort courant d'individua­ lisme qui caractérise le XIXe siècle en Europe.

Son héros présente deux caractères principaux: sa solitude (exclu ou révolté, souvent de modeste origine, le héros n'est soutenu par aucun groupe social important) et son ambition conquérante (le héros cherche à dominer la société à laquelle il s'oppose).

Ces deux traits contradictoires expliquent un troisième aspect du personnage romantique: sa fragilité.

Comme Napoléon, le héros finit broyé par le monde qu'il a voulu contraindre, mais son échec, loin de le condamner, prouve sa supériorité sur le monde corrompu.

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