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Les Obsèques de la Lionne (La Fontaine. VIII, 14). Commentaire complet

Publié le 13/02/2012

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fontaine

 

Vous ferez ressortir l'ironie qui fait le fond de cette fable. Vous vous arrêterez sur les mots les plus caractéristiques, non pas seulement pour en donner le sens, mais pour montrer comment La Fontaine a employé tel mot, telle métaphore, telle périphrase afin de mieux traduire sa pensée. Insister sur la coupe et la musique des vers. D'ailleurs, toute liberté vous est laissée; on vous demande seulement de prouver que vous comprenez à peu près un texte de La Fontaine.

Ce serait une grossière erreur que de rechercher, dans les Obsèques de la Lionne, une allusion aux funérailles de Marie-Thérèse : la reine de France mourut en juin 1683, or le VIIIe livre des Fables avait paru en 1679....

fontaine

« b) Les Obseques.

- Le Lion s'y montre ce qu'il doit etre dans cette pa- rade, desole jusqu'au desespoir : Le prince aux cris s'abandonna. Pour temoigner leur sympathie, les assistants simulent une douleur exces- sive : le roi avait crie; on entendit Rugir en leur patois messieurs les courtisans; c'est de bon ton et habile.

Ainsi, a la mort du grand Dauphin, Saint-Simon verra les courtisans a tirer leurs soupirs de leurs talons...

et les plus fins d'entre eux s'inquieter déjà de la sante du roi et se savoir bon gre de conserver tant de jugement parmi ce trouble.

n C'est bien aussi ce qui arrive aux animaux.

La desolation ne les absorbe pas jusqu'a leur faire perdre de vue Ia preoccupation de se pousser, de cheminer plus avant dans la faveur royale, comme s'exprimerait La Bruyere, en consommant la ruine du Cerf deja mal en tour.

c) Episode de ?accusation et de la defense du Cerf.

-Au milieu de la foule hurlante des courtisans, le cerf etait demeure impassible : ...la reine avait jades Etrangle sa femme et son fits. Devait-il simuler une douleur hypocrite et faire Pelage de Ia morte? Bref, it ne pleura point.

Un fiatteur ?ally dire. Et bien que le Cerf n'eilt point affiche la joie que pent-etre 11 ressentait, un courtisan ...soutint qu'on ravait vu Jeter ainsi une note discordante parmi « ces gemissantes voix », quelle audace! Le Lion ne s'informe pas si I'accusation est fondee; aussi bien, lui fournit-elle l'occasion de se montrer avec ostentation le gardien jaloux de la memoire de Ia reine.

Comme it n'efit pas Re seant que l'epoux eplore se transformat subitement en bourreau, et que d'ailleurs ce lui serait un deshonneur de s'abaisser jusqu'a appliquer ses a sacres ongles sur les inembres profanes » de l'irreverent et « chetif hote des bois n, c'est aux loups qu'est confie le soin de .4 venger la reine n. Les executeurs des basses oeuvres de Sa Maieste allaient done immoler le cerf, quand celui-ci presenta une si habile defense, qu'elle lui valut d'être non seulement acquitte, mais comble de presents.

La reine, de son vivant couchee au milieu des os sanglants de ses victimes, lui est apparue envi- ronnee de fleurs, et elle lui a defendu de pleurer! Elle a daigne l'appeler son a ami n et lui faire connaitre qu'apres avoir a goOte mine charmes aux Champs-Elyseens >>, elle monte c chez les dieux n, pour y prendre rang parmi eux.

Encore que peu nature', le compliment ne manquait pas d'habi- lete : l'apotheose de in reine ajoutait a la majeste du roi reserve aux memes honneurs. d) Denouement et moralite.

- Le Lion se montra satisfait.

- Passant de l'apologue a la realite, La.

Fontaine termine sa fable par un jugement severe sur les rois, non plus les rois lions, mais chefs de peuples.

Il leur reproche de se payer a d'agreables mensonges n, de s'entourer de flatteurs ehontes devenus leurs amis.

Nul blame pour les courtisans qui les trompent : s'exer- ceraient-ils a leur métier de flatteurs, si les grands ne se montraient pas si empresses a a gober l'appat » qu'ils leur presentent? III.

IRONIE DANS LA PEINTURE VRAIE DES CARACTERES.

- Quelle ironie re- pandue dans la fable! Non que La Fontaine s'y montre, ce que plusieurs ont cru, detracteur systematique des pouvoirs etablis; mais it critique avec une cruelle justesse les ridicules et les vices des puissants.

La sincerite se trouve- t-elle dans leur vie jetee en dehors, oil tout est ostentation? Les funerailles d'un parent leur sant une occasion, et non des moindres, d'etaler un faste insolent.

La Fontaine ne nous presente en pleine lumiere que le caractere du Lion et celui du Cerf.

Les autres demeurent dans la penombre; toutefois, on les devine, par ce qu'en dit le narrateur, conformes a ce qu'ils sont en telle autre fable oil leur role est plus nettement defini. a) La Lionne.

- Deux traits la signalent a l'attention : la cruaute et la vanite : b) Les Obsèques.

- Le Lion s'y montre ce qu'il doit être dans cette pa­ rade, désolé jusqu'au désespoir : Le prince aux cris s'abandonna.

Pour témoigner leur sympathie, les assistants simulent une douleur exces­ sive : le roi avait crié; on entendit Rugir en leur patois messieurs les courtisans; c'est de bon ton et habile.

Ainsi, à la mort du grand Dauphin, Saint-Simon verra les courtisans « tirer leurs soupirs de leurs talons...

et les plus fins d'entre eux s'inquiéter déjà de la santé du roi et se savoir bon gré de conserver tant de jugement parmi ce trouble.

» C'est bien aussi ce qui arrive aux animaux.

La désolation ne les absorbe pas jusqu'à leur faire perdre de vue la préoccupation de se pousser, de cheminer plus avant dans la faveur royale, comme s'exprimerait La Bruyère, en consommant la ruine du Cerf déjà mal en cour.

c) Episode de l'accusation et de la défense du Cerf.

- Au milieu de la foule hurlante des courtisans, le cerf était demeuré Impassible : ...

la reine avait jadis Etranglé sa femme et son fils.

Devait-il simuler une douleur hypocrite et faire l'éloge de la morte? Brèf, il ne pleura point.

Un flatteur l'alla dire.

Et bien que le Cerf n'eût point affiché la joie que peut-être il ressentait, un courtisan ...

soutint q1ion l'avait vu rire.

Jeter ainsi une note discordante parmi «ces gémissantes voix», quelle audace! Le Lion ne s'informe pas si l'accusation est fondée; aussi bien, lui fournit-elle l'occasion de se montrer avec ostentation le gardien jaloux de la mémoire de la rein.e.

Comme il n'eût pas été séant que l'époux éploré se transformât subitement en bourreau, et que d'ailleurs ce lui serait un déshonneur de s'abaisser jusqu'à appliquer ses « sacrés ongles sur les membres profanes» de l'irrévérent et «chétif hôte des bois», c'est aux loups qu'est confié le soin de «venger la reine ».

Les exécuteurs des basses œuvres de Sa Majesté allaient donc immoler le cerf; quand celui-ci présenta une si habile défense, qu'elle lui valut d'être non seulement acquitté, mais comblé de présents.

La reine, de son vivant couchée au milieu des os sanglants de ses victimes, lui est apparue envi­ ronnée de fleurs, et elle lui a défendu de pleurer! Elle a daigné l'appeler son « ami » et lui faire connaître qu'après avoir « goûté mille charmes aux Champs-Elyséens », elle monte « chez les.

dieux », pour y prendre rang parmi eux.

Encore que p.eu naturel, le compliment ne manquait pas d'habi­ leté : l'apothéose de la reine ajoutait à la majesté du roi réservé aux mêmes honneurs.

d) Dénouement et moralité.- Le Lion se montra satisfait.

-Passant de l'apologue à la réalité, La Fontaine termine sa fable par un jugement sévère sur les rois, non plus les rois lions, mais chefs de peuples.

Il leur reproche de se payer « d'agréables mensonges », de s'entourer de flatteurs éhontés devenus leurs amis.

Nul blâme pour les courtisans qui les trompent : s'exer­ ceraient-ils à leur métier de flatteurs, si les grands ne se montraient pas si empressés à «gober l'appât» qu'ils leur présentent? III.

IRONIE DANS LA PEINTURE VRAIE DES CARACTÈRES.

- Quelle ironie ré­ pandue dans la fable! Non que La Fontaine s'y montre, ce que plusieurs ont cru, détracteur systématique des pouvoirs établis; mais il critique avec une cruelle justesse les ridicules et les vices des puissants.

La sincérité se trouve­ t-elle dans leur vie jetée en dehors, où tout est ostentation? Les funérailles d'un parent leur sont une occasion, et non des moindres, d'étaler un faste insolent.

La Fontaine ne nous présente en pleine lumière que le caractère du Lion et celui du Cerf.

Les autres demeurent dans la pénombre; toutefois, on les devine, par ce qu'en dit le narrateur, conformes à ce qu'ils sont en telle autre fable où leur rôle est plus nettement défini.

a) La Lionne.

- Deux traits la signalent à l'attention : la cruauté et la vanité :. »

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