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Les Poètes du Moyen Age

Publié le 22/02/2012

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Les oeuvres lyriques sont très tôt signées, avant tout pour y apporter un supplément de sens que nous ne pouvons, souvent, plus comprendre. La propriété ne vient qu'ensuite. Les auteurs restent mystérieux ; d'une part, historiquement, il est difficile de retrouver leurs traces parce qu'ils se cachent sous des noms d'emprunt (comme Villon-Des Loges), ou que les archives ont, pour des raisons politiques (guerres, croisades), disparu. Nous ne savons bien souvent d'eux et des conditions d'écriture de leur oeuvre que ce qu'ils veulent bien nous dire. Des vidas peu authentiques dressent des troubadours des biographies trop merveilleuses.

« Les poèmes mettent en scène trois types d'acteurs : l'amant méprisé (auquel s'identifie le poète), la dameabandonnée (à laquelle s'identifie la poétesse) et le coup/e formé par la dame et l'amant.

La séparation entre lespersonnages est montrée de façon frappante par les textes épiques : Roland meurt sans penser à Aude, et Audesans demander exactement comment Roland est mort.

Il n'y a pas d'intersection entre le monde des amants et desamantes.

Toute la poésie est donc remplie des plaintes désespérées d'êtres abandonnés.

Les chansons de toile, aubonheur léger, les rondeaux printaniers n'en sont qu'un lointain écho.

Vers la fin du Moyen Age, les opposants sontmis face à face, mais le dialogue s'avère impossible, magnifiquement exprimé par Christine de Pizan (« Balladesd'Amant et de Darne ») et Alain Chartier (« La Belle Dame sans merci »).

L'incommunicabilité mène à la mort unamant qui ne s'exprime que par des lieux communs courtois et une dame qui, au-delà des mots, recherche lesentiment vrai. 3.

Le style des écrivains 1.

Poète et hérosLe Moyen Age ignore la psychologie.

La poésie est donc nécessairement narrative et l'auteur en est le personnage.Dans la poésie lyrique, il est déchiré par sa passion.

Dans la tradition occitane pleine d'énigmes, il est au bord dusilence, sa raison vacille, aux limites de l'évanouissement.

Il ne parle que par négations, et les beautés simples dumonde, au lieu de le consoler, le plongent plus profondément dans sa dépression (le chant de l'alouette de JaufréRudel).

Il est même impossible de nommer la dame (Tristan, nom d'homme pour Bernard de Ventadour ou Bon Voisinpour Guillaume IX).

La tradition d'oïl est moins noire ; le poète a entre ses mains une arme puissante : son talent, etil entend se battre jusqu'au bout.

Il ne cède pas au néant, mais il élabore une stratégie complexe et énergique,alternant désespoir et prières, références et citations pour, du moins, sauver son intégrité mentale.

Il n'y a pas detrait de style qui n'ait sa finalité, propre à chaque oeuvre.

Restons donc toujours prudent devant le « je » qui parle. 2.

Le plaisir de la langueL'être qui aime est au bord de la catastrophe, à cause de tourments peut-être bien réels, dont seuls les motspeuvent le sauver.

Il lui faut donc utiliser toutes les subtilités d'un savoir-faire poétique consommé.

Il pousserajusqu'au bout les mots pour en extraire tout le sens ou les en détourner pour les saisir par anthèse.

Dansl'abondance des procédés, on remarquera la stricte observance des formules caractéristiques de l'épique(l'énumération dans l'horreur des membres arrachés, qui met en relief l'évanouissement de Roland, emporté sur soncheval comme par son destin).

Les répétitions instaurent un climat, litanie obsédante (« mort » de Hélinant) ousimplicité désarmante (« seulette » de Christine de Pizan).

L'emploi des proverbes sert tantôt à coder un sens («Nous en avons la pièce et le couteau » de Guillaume IX) à interpréter librement, tantôt à exprimer une véritéd'autant plus douloureuse qu'elle est commune à tous (« Le temps perdu ne se peut retrouver »).

Inversement, enprocédant par détournement et jeu de mots (il n'y a pas d'orthographe, c'est-à-dire de graphie fixée, au MoyenAge), on fait surgir le sens d'une pièce entière (lai-legs de Villon).

Le détotunement thématique sera subtilement filéet apprécié par un public cultivé : variation d'une anecdote antique (Pygmalion pour Guillaume de Machaut dans « Jepeux bien comparer ») ; jeu où la fiction et la réalité se mélangent (« Bestiaires », ou les « Faits merveilleux » deMolinet) ; contraintes surmontées avec aisance (le deuil du perroquet dans « L'amant vert » et son suicide) ;parodie systématique de la courtoisie chez Villon (« La grosse Margot ») à des fins obscènes ou, tout à faitsymétriquement, Gautier de Coinci adressant son amour tout profane à la Vierge ou Jaufré Rudel se remettant à unSeigneur à la fois Dieu et suzerain.

Tout ce jeu se fait avec un rare bonheur, qui contraste avec la douleur dupropos : rébus, devinettes, jeux à vendre ont autant de musicale beauté que le « pur néant » des troubadours.

Lepoète est un séducteur qui sait manier les mots et les images, pour nous faire compatir sur son sort, et avec quelsuccès, lorsqu'on voit le destin légendaire de Rutebeuf ou ' du pauvre Villon, entrés dans la légende des poètesmaudits par la force de leurs images. 3.

Vers un statut socialPeu à peu le poète cesse d'être un conteur ou un « saint amoureux » pour devenir un conseiller, un hommeconscient de son art qui estime avoir un rôle à tenir dans la littérature et dans la société.

De professionnel, ildevient artiste et réfléchit sur son talent (dans des traités d'art poétique).

Deschamps égale, en quelque sorte, parla symétrie de leurs déplorations funèbres, Machaut à Du Guesclin.

Les troubadours, eux, sont restés à l'écart dumonde ; ils n'ont montré de la réalité qu'une vision diffractée (les croisades pour Rudel ne sont qu'une métaphore del'amour).

Pour les trouvères, au contraire, la reconnaissance passe par l'argent, par le protecteur (Colin Muset).L'acte poétique n'évoque plus seulement un destin abstrait, il intègre à une société (les Congés de Bodel, le «Testament » de Villon), il attache à une ville, à une terre, à une langue (la Provence de Peire Vidal, Arras pourConon de Béthune).

L'amour enfin fait fructifier la poésie : la dame trésorière (pour Adam de la Halle) rendra le poèteriche. 4.

Les thèmes principaux 1.

La nature.Comme dans la tradition antique, la nature est le décor de toute passion.

Le printemps révèle les sentiments.

Il est. »

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