LES ROMANCIERS CATHOLIQUES
Publié le 13/04/2012
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Les déceptions de la guerre et de la paix. La guerre allait-elle, en 1914, lui offrir l'occasion d'une vie héroïque, comme à Péguy? Sur le front, Bernanos gagne des blessures et des décorations, mais cette lutte contre l'ennemi de la France lui semble dérisoire. « J'ai servi au sens le plus strict «, dira-t-il dans Les enfants humiliés, « servi comme un serviteur, un homme à tout faire, un homme de peine, un homme qui n'a pas de métier, un manoeuvre. « Ce combat, il le pressent, ne profitera qu ·aux politiques.
«
bablement le thème fondamental de son œuvre
romanesque.
De ce combat, il ne pouvait lui
même
sortir que victorieux grâce à sa certitude
d'un rapport personnel avec Dieu.
En revanche, ,
il laisse souvent ses personnages dans les affres
de J'agonie.
« Un catholique qui écrit des romans »
Mauriac a refusé d'être un « romancier catho
lique » et s'est défini comme « un catholique qui
écrit des
romans ».
C'est-à-dire qu'au lieu d 'étu
dier, à la manière de Bloy
ou de Bernanos, les
états d'une conscience catholique, il présente,
dans une perspective catholique, le monde des
passions et
du péché.
« Des mal-aimés » (1).
Passionnés, les person
nages mauriaciens sont en général des per
sonnages passifs qui se laissent entraîner, sans
Je
comprendre et parfois sans qu'on Je comprenne
clairement, dans la voie du péché.
La paresse de
Maria Cross (Le désert de l'amour), Je lent
glissement de Gisèle de
Piailly dans la sensualité
(Le fleuve de feu, 1923), la manière dont Thérèse
Desqueyroux s'abandonne peu à peu à la
tentation du meurtre en sont de parfaites illus
trations.
Cette passivité du personnage n'aurait
d'égale, si l'on en croit Claude-Edmonde Magny,
que la passivité dans laquelle Mauriac veut
maintenir son lecteur en s'aidant des sortilèges
de
son style : il nous ferait accepter (et Sartre
dans un article célèbre le lui a reproché) non
seulement ses personnages, mais encore le juge
ment
qu'il porte sur eux soit à la faveur d'une
parenthèse du texte (Thérèse « bête puante »
ou « désespérée ») soit dans le titre-étiquette
(La pharisienne, Le sagouin).
Le mystère du salut.
En fait, il y a quelque injus
tice à
reprocher à Mauriac d'avoir « mal aimé »
ses personnages.
Il semble refuser de se pro
noncer sur Je terme de leur destinée.
Et, s'il
choisit des pécheurs, des créatures odieuses,
comme il le dit dans la préface de Thérèse Des
queyroux,
il ne nous présente pas pour autant
un « Enfer ».
La passion, même coupable, nous
découvre
le mystère d'une âme; mais, note-t-il
dans La fin de la nuit (1935) -qui est aussi la
fin de
l'aventure humaine de Thérèse Desquey
roux -, « toute une vie de souillures n'altère
pas cette splendeur d'un être ».
Bien plus, dira-
François Mauriac jeune, à Arcachon.
t-il dans Les anges noirs ( 1936), « ceux qui sem
blaient voués
au mal, peut-être étaient-ils élus
avant les autres, et la
profondeur de leur chute
donne la mesure de leur vocation ».
C'est
pourquoi il a préféré aux enfants sages, aux
saints, les violents, ceux qu'il appelle
« les mau
vaises têtes ».
L 'érolution du romancier.
Cette indulgence
est un
terme plus qu'un point de départ.
Le
premier
Mauriac est, il ne s'en cache pas, « amer
et dur» (Le baiser au lépreux, 1922).
On l'a parfois
qualifié de
« janséniste ».
Une grave crise de
conscience, intervenue
aux alentours de la qua
rantaine, devait amener l'illumination décisive :
« il n'existe pas, pour le Fils de l'homme, de
cas désespéré
» (Souffrances et bonheur du
chrétien, 1931 ).
L'écrivain dans le monde
1 C .
L'évolution de Mauriac déborde largement ,
: ettc expr~sston est le titre d'une des rares pièces de theatre composees par Mauriac (1945).
, celle de son art de romancier.
Certes, il avait été.
»
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