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Les sources françaises d’Hernani

Publié le 17/01/2020

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Les duos d’amour

Les chants lyriques d’amants à la veille de leur séparation forcée possèdent une force émotive dont les dramaturges ont souvent joué. Ces duos figurent également dans Le Cid. Comme Hernani et dona Sol chantent leur bonheur qu’ils savent menacé (III, 4), Chimène et Rodrigue l’évoquent pour, pensent-ils, la dernière fois. Obligé de s’enfuir, Hernani demande à dona Sol de ne pas lui en vouloir : « Je ne vous en veux pas », lui répond-elle (III, 4, v. 1016). « Va, je ne te hais point », réplique Chimène à Rodrigue (Le Cid, III, 4). Les deux femmes promettent de ne pas survivre à la mort, l’une de Rodrigue, l’autre d’Hernani.

Le plaidoyer du vieillard amoureux

Pour mieux plaider sa cause auprès de dona Sol, don Ruy Gomez dévalorise les élans amoureux des jeunes gens : ils sont trop inconstants. Les « vieux » ont en revanche « l’aile plus fidèle », sont plus solides et plus protecteurs (III, 1, v. 751-770). Dans la comédie L’École des femmes de Molière (1662), Arnolphe tient sur le fond le même discours à Agnès : « Tu seras cent fois plus heureuse avec moi », lui dit-il (XZ, 4, v. 1591). Comme don Ruy Gomez, la passion l’égare :

Enfin à mon amour rien ne peut s’égaler :

Quelle preuve veux-tu que je t’en donne, ingrate, Me veux-tu voir pleurer ? Veux-tu que je me batte ? Veux-tu que je m’arrache un côté de cheveux ?

Veux-tu que je me tue ?

(L’École des femmes, V, 4, V. 1599-1603).

L’un et l’autre avancent des arguments souvent semblables. La différence, majeure, est que le traitement dramaturgique n’est pas le même : Arnolphe est un vieux « barbon » promis au ridicule ; don Ruy Gomez tirera de sa défaite sentimentale le mobile de son implacable vengeance.

Hernani reprend donc des éléments qui appartiennent à la tradition théâtrale mais sous un éclairage nouveau.

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