LES VENDANGES EN TOURAINE

Nous arrivâmes à l'époque des vendanges, qui sont en Touraine de véritables fêtes. Les fruits sont tous mûrs. La moisson est faite, le pain devient moins cher, et cette abondance rend la vie heureuse. Enfin, les craintes qu'inspirait le résultat des travaux champêtres, où s'enfouit autant d'argent que de sueurs, ont disparu devant la grange pleine et les celliers prêts à s'emplir : la vendange est alors comme le joyeux dessert du festin récolté. Le ciel sourit toujours en Touraine, où les automnes sont magnifiques. Dans ce pays hospitalier, les vendangeurs sont nourris au logis. Ces repas sont les seuls où ces pauvres gens aient, chaque année, des aliments substantiels et bien préparés. Aussi courent-ils en foule dans les maisons où les maîtres les traitent sans lésinerie. La maison est donc pleine de monde et de provisions. Les pressoirs sont constamment ouverts. Il semble que tout soit animé par ce mouvement d'ouvriers tonneliers, de charrettes chargées de jeunes filles rieuses, de gens qui, touchant des salaires meilleurs que pendant le reste de l'année, chantent à tout propos. D'ailleurs, autre cause de plaisir, les rangs sont confondus : femmes, enfants, maîtres et gens, tout le monde participe à la cueillette.

BALZAC.

QUESTIONS

1° L'impression dominante est indiquée dès les premières lignes ; citez le mot essentiel qui annonce cette impression et commentez-le en relevant dans la suite du texte les détails qui justifient cette impression. 2° a) Expliquez la phrase : la vendange est alors comme le joyeux dessert du festin récolté. b) Qu'est-ce que : la lésinerie ? c) Que signifie : les rangs sont confondus (dernière phrase) ? 3° a) Analyse logique de la phrase : « Il semble que tout soit animé... chantent à tout propos «. b) Justifiez le mode employé dans : où ces pauvres gens aient chaque année, des aliments substantiels ; que tout soit animé.