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L'espace, entre réalité et imagination (Rousseau)

Publié le 23/06/2015

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rousseau

Une nature sauvage et solitaire

À la fin du Livre IV, le narrateur détaille les caractéristiques des lieux qu'il aime. « On sait déjà ce que j'entends par un beau pays «, écrit-il (p. 227). Il s'exprime alors sur un ton exigeant' : « il me faut des torrents, des rochers, des sapins, des bois noirs, des montagnes, des chemins raboteux à monter et à descendre, des précipices à mes côtés qui me fassent bien peur « (ibid.). Bien avant le début du xixe siècle, Rousseau détaille les composantes de ce qui deviendra le paysage romantique. Les rêveurs nostal­giques qui lui succéderont (notamment Chateaubriand et Lamartine) rechercheront à leur tour une nature sauvage et aus­tère, propice à la méditation.

 

Jean-Jacques aime les décors sévères et solitaires. Son tem­pérament intrépide lui fait apprécier torrents et précipices. Ce promeneur conquérant veut s'emparer de sites difficiles où reten­tissent le « mugissement « des cascades et « les cris des corbeaux et des oiseaux de proie « (ibid.). Alors qu'il est sujet au

rousseau

« se déroulent dans un laps de temps assez court.

Ils se situent entre 1728 (date de la fuite hors Genève) et 1731 (date de J'ins­ tallation à Chambéry chez Mme de Warens).

Un autre élément montre l'aisance acquise par Jean-Jacques dans l'art du voyage: il devient autonome.

Dans un premier temps (exception faite de la fugue genevoise), il évite de se lancer seul sur les routes.

Il lui faut la compagnie des Sabran pour aller à Turin, et celle de Bâcle pour en revenir.

Puis il s'aguerrit et c'est lui qui sert de guide à ses compagnons.

Il conduit ainsi M.

Le Maître jusqu'à Lyon et ramène Merceret à Fribourg.

Dans le Livre IV, il est devenu un promeneur solitaire et peut affirmer avec fierté: «Je voyageais, je voyageais à pied, et je voyagea1s seul » (p.

21 0).

La répétition du verbe a quelque chose de triomphant.

Par la marche, Jean-Jacques opère un double mouvement de conquête.

Il s'approprie d'abord l'espace qui l'environne.

L'ivresse du parcours lui assure la possession des lieux : « Je dispose en maître de la nature entière» (p.

215).

Il découvre ensuite sa vraie personnalité : « Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans les voyages que j'ai faits seul et à pied » (ibid.).

La conquête du monde est aussi une conquête de soi.

L'ESPACE RËVÉ ET L'ESPACE RÉEL L'espace que traverse Jean-Jacques est un lieu d'épanouis­ sement et de liberté, que le promeneur recrée à sa fantaisie.

La recréation des lieux Le parcours de Jean-Jacques est jalonné de souvenirs de ses lectures qui enrichissent sa vision des lieux.

À chaque étape, le héros croit trouver « des trésors » et « des maîtresses » (L.

Il, p.

79), comme dans les contes ou les romans qu'il a lus enfant.

Quand il se dirige vers Turin, il s'identifie à HannibaJl traversant 1.

Rousseau écrit« Annibal».

Ce général carthaginois (qui vécut au 119 et au 1118 siècles av.

J.-C.) décida d'attaquer Rome en passant par le nord de l'Italie.

Parti d'Afrique du Nord (Carthage est sur le territoire de 46. »

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