L'esthétique de Montaigne dans les « essais » (I, 31 et III, 6)

À côté d'une rhétorique de l'ouverture (voir Question traitée n°6), nous avons chez Montaigne une esthétique du discours qui ne relève pas de la composition clairement ordonnée et suivie. Le sujet de l'essai semble se construire au fur et à mesure, d'où une vivacité et une mobilité d'esprit qui font toute la fraîcheur de l'écriture de Montaigne.

I - UNE ESTHÉTIQUE DU DISCONTINU

LE DÉSORDRE APPARENT. On ne trouve pas de structure claire et rationnelle d'un bout à l'autre des deux « essais « ; l'argumentation vigoureuse reste au demeurant ponctuelle ; les liaisons thématiques (« Notre monde vient d'en trouver un autre «, III, 6, p. 169) concurrencent le système des articulations logiques ; les digressions sont abondantes et généralement clairement assumées (« Pour revenir à notre his¬toire «, I, 31, p.312 ; « Retombons à nos coches «, III, 6, p. 177). À noter aussi le rôle des images du mouvement (coches, combats, couleuvre...).