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Lettre de Mme de Sévigné à sa fille, Mme de Grignan

Publié le 17/02/2011

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A Paris, lundi 5 février 1674 ... L'Archevêque de Reims revenait hier fort vite de Saint-Germain, comme un tourbillon. S'il croit être grand seigneur, ses gens le croient encore plus que lui. Ils passaient au travers de Nanterre, tra, tra, tra ; ils rencontrent un homme à cheval, gare, gare ! Ce pauvre homme se veut ranger, son cheval ne le veut pas ; enfin le carrosse et les six chevaux renversent cul par-dessus tête le pauvre homme et le cheval, et passent par-dessus, et si bien par-dessus que le carrosse en fut versé et renversé : en même temps l'homme et le cheval, au lieu de s'amuser à être roués et estropiés, se relèvent miraculeusement, et remontent l'un sur l'autre, et s'enfuient et courent encore, pendant que les laquais et le cocher, et l'Archevêque même, se mettent à crier : « Arrête, arrête le coquin, qu'on lui donne cent coups. « L'Archevêque, en racontant ceci, disait : « Si j'avais tenu ce maraud-là, je lui aurais rompu les bras et coupé les oreilles. «

L'agrément du style fait souvent l'intérêt principal des lettres de Mme de Sévigné. On le dit « primesautier «, c'est-à-dire de premier saut, d'un naturel absolu et exquis. Gardons-nous de croire pourtant qu'elle ait toujours écrit « au fil de la plume «. Le souci d'art est incontestable quand il se manifeste par le choix des termes et leur agencement. Quel meilleur exemple pourrait-on en donner que la lettre du 5 février 1674 à Mme de Grignan où sa mère lui conte l'accident qui arriva à l'Archevêque de Reims dans la traversée de Nanterre ?

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