LETTRE V: Sur la religion anglicane (Lettres philosophiques de Voltaire)
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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beaucoup de perfidie.
C'est d'abord une façonde dire que le clergé français manque demoralité.
Ensuite, quand il prétend illustrer lasupériorité morale des prêtres anglicans,Voltaire ne manque pas de sous-entendre que lavertu de ces derniers n'est jamais que laconséquence obligée de conditions extérieures :marié, « un évêque est forcé de se contenterde » sa femme par exemple.
Le jeune abbéfrançais, dont Voltaire entreprend la satire*, neconnaît pas ce genre d'embarras.
L'auteurironise allègrement sur un état qui autorise tousles débordements et dénonce l'hypocrisie d'uneÉglise catholique qui permet à des « jeunesgens connus par leur débauche » de se nommer « hardimentles successeurs des apôtres » ; ces jeunes abbéssont le symbole des compromissions de l'Église.
En matière d'anticléricalisme, Voltaire, quand ilcondamne les abus de l'Église et reproche auxecclésiastiques des mœurs incompatibles avec leurhabit, s'inscrit dans une tradition qui remonte auMoyen Âge.
Mais sa critique est plus radicale : ilaccuse l'Église d'imposture et voit en elle un obstacleà la liberté et à la paix.
La solution anglaise
Voltaire se plaît à décrire les prêtres anglais commedes despotes contrariés.
Il faut alors se prémunircontre les appétits de pouvoir de l'Église.
L'Angleterre,dans ce domaine, offre une solution.
L'Égliseanglicane, depuis la réforme d'Henri VIII et l'Acte desuprématie de 1534, se trouve sous tutelle politique :le roi en est le chef spirituel et temporel et lesévêques doivent lui jurer fidélité.
En arrivant enAngleterre, Voltaire découvre donc une Églisedépendante d'une autorité politique exercée de faitpar le Parlement, et cette solution agrée fort bien ànotre philosophe, qui ne souhaite pas la disparition dela religion en raison de son utilité sociale (consoliderles bonnes moeurs et la moralité du peuple), mais laveut soumise à l'autorité de l'État.
L'ironie de Voltaire
Voltaire déploie dans cette lettre un véritable arsenalrhétorique contre le clergé et l'Église et y exprimepleinement son talent ironique.
Traditionnellement onvoit dans l'antiphrase* la figure principale de l'ironie ;l'antiphrase consiste à employer un mot, ou uneexpression, dans un sens contraire à son sensvéritable mais dans un contexte qui ne laisse pasd'ambiguïté (ex : s'extasier sur l'élégance de quelqu'unparticulièrement mal vêtu pour se moquer de sanégligence).
C'est une figure à laquelle Voltairerecourt volontiers.
Dans les expressions « pieuses ambitions » (d'être lesmaîtres), « saint zèle » (contre les non-conformistes)et « saints privilèges », qui toutes se rapportent auxprêtres, les adjectifs ne sont évidemment pas àprendre au sens propre : rien de pieux ni de saint dansla volonté de puissance, dans l'appel à.
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