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LITTÉRATURE DE L'ÉGYPTE ANCIENNE

Publié le 22/10/2011

Extrait du document

Pas plus qu'une statue, un bas-relief ou une peinture n'étaient alors compris comme objets à regarder, un texte ne fut d'abord conçu comme destiné à la seule lecture. De même que la forme sculptée ou peinte était un réceptacle virtuel de vie, susceptible (dans certaines conditions) de s'animer, de même le mot, s'il était prononcé, engendrait une réalité vivante : celle qu'il exprimait. Ainsi l'art et la littérature (deux modes de l'expression graphique) étaient...

« fouilles, les découvertes complètent périodi­ quement notre connaissance de la plus vieille littérature du monde.

On peut véritablement parler de genres lit­ téraires : non seulement parce que le conten u de ces textes diffère, mais parce qu'ils m ette nt en œuvre des procédés différents pour chacune de ces catégories : procédés d'expos ition, pro­ cédés de style; tout cela dans un esprit une fois encore différent du nôtre; comme pour l'iconographie, il existait un répertoire· de thèmes et de procédés (surtout, naturellement, dans les rituel s religieux, les tex tes m agi ques : un m o t, une formule reconnus bénéfiques sont inlassablement reproduits, comme une attitude statuaire qui a prouvé son efficience).

Mais cela n'entraîne pas nécessair ement monotonie et re­ dites lassantes; car, autour de chaque thème et de chaque procédé brode l'imagination égyp­ tienne, éprise de vie, et ayant un goût démesuré pour la parole; les mots , les Egyptiens en jouent en poètes; de même que le sculpteur, dépass ant le catalogue des attitudes, parv enai t à tran smettre une émotion par les suggestions de la ligne , de même l'homme qui écrit, outre­ passant les procédés traditionnels, traduit la vie par le pouvoir suggestif des mots : allité­ rations , assonances font chanter la langue au rythme d'une harmonie visuelle et auditive; les hymnes sont naturellement le domaine privilégié de ces élans personnels.

Enfin , au­ delà des procédés, au-delà des émotions trans­ mises , la littérature égyptienne relève d'un légendaire , d'une mythologie, aux multiples courants : vaste complexe de croyances, dont les sources sont à rechercher en Afrique et dans l'ensemble du bassin méditerranéen (romans et contes y puisent largement) .

Cette double origine (géographique et spiri­ tuelle), la langue égyptienne aussi en atteste : langue à syntaxe sémitique, à vocabulaire pour une grande part sémitique, mais comportant également des racines africaines .

Toutefois, cette langue présente, en son expression écrite notamment, une incontestable originalité : sys­ t ème pictographique, composé d'idéogrammes et de phonogrammes s'ajustant pour définir, de la mani ère la plus précise et la plus concrète pos­ sible, les objets et les actions - langue émine­ nemment suggestive, faite pour exprimer les réalités de la vie beaucoup plus que les concep­ tions philosophiques abstraites.

Tels sont les formes, le sens et la nature de cette littérature , en général.

Une évolution, avec des caractéristiques par­ ticulières à chaque époque, est, bien sûr, déce­ lable; évolution (comme celle de l'art) liée à l'histoire : suivant le rythme des événements intérieurs (rompant parfois violemment l'équi­ libre social et celui des consciences) ou des événements extérieurs : commerce, invasions ou conquêtes , affrontant l'Egyptien à l'étranger au royaume de la vallée.

L'EPANOUISSEMENT INITIAL : littérature religieuse et humaniste (Ancien Empire : 2780-2280 av.

J.C.) Les plus anciens textes que l'on possède sont les textes religieux sculptés sur les parois intérieures des pyramides de cinq souverains appartenant aux V• et VI• dynasties me mphites (les trois grandes du plateau de Gizeh sont anépigraphes).

Ces textes, qui contiennent le rituel récité lors de s offrandes funéraires quo­ tidiennes, sont esse nti ellement un recueil de formul es magique s, de charmes, destinés à assu­ rer la montée au ciel du roi mort et sa survie solaire : fils de Rê, le roi se joint au dieu dans so n périple quotidien autour du monde; ces formules, courtes et simples dan s la pyramide d'Ounas, deviennent ensuite plus complexes au fur et à mesur e que les croyances osiriennes se dével oppent (Osiris, dieu agraire à l'origine, associé au cycle végétal, donne, par son aven­ ture-passion, l'exemple de la résur rec tion).

Le style est souvent allégorique, mais la poésie nous atteint : p oésie lyrique, qui saisit par la grandeur des images simples et évocatrices, poésie typiqu ement orientale, avec le souci de parallélisme des terme s, ses rythm es évidents, ses images allitérantes; beauté de ces textes de vie dont les mot s, au jour du premier rituel, frappaient, comme autant de charmes, le corps embaumé du roi mort , dans la pénombre du temple funéraire.

« Rév eille-toi, réveille-toi 1 Lève-toi 1 Assieds-toi 1 Secoue la terr e loin de toi 1 - Je viens 1 Il monte au ciel comme les fau cons Ses plumes sont com me celles des oies Il embrasse le ciel comme le fau con Il saute au ciel comme la sauterelle Il s'envole loin de vous, homm es, il n'est plus sur la terre Il est au ciel, auprès de ses frères les dieux / ...

- Tu trouves Rê debout, il te prend par la main ...

- Il trouve l e s dieux debout, drapés dans leurs vêtemen ts , le urs sandales blanches aux pieds, Ils jettent leurs sandales blanches, ils enlèvent leurs vêtements : « Notre cœur n 'a pas connu la joie avant ton arrivée :t ••• - J 'étends le bras vers les hommes Les dieux viennent à moi en s'inclinant.

De ton éclat, ô Rê , je me suis fait des degrés sous mes pieds.

:t Le texte révèle aussi l'orgueil d'une monar­ chie magnifiée et trouve un écho plastique dans la divine image du Sphinx .

Dans quelques hymnes à Osiris, la poésie, plus humaine, suggère la grande joie de la nature, à l'époque de la crue fécondante : - Les champs rient, les rives reverdissent, les offrandes divines descendent,. »

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