LITTERATURE: Marcel Proust ?

« Marcel Proust est l'auteur d'une immense fresque romanesque en sept parties, A la recherche du temps perdu, parue entre 1913 et 1927.

Habité par une vocation artistique précoce , Proust multiplie d 'abord essais littéraires et expériences mondaines.

Puis , à partir de 1909, jusqu 'à sa mort en 1922, il consacre toutes ses forces à écrire son remarquable chef-d 'œuvre , qui va exercer une influence considérable sur la litt é rature du XX" siècle.

N é en 1871 , Marcel Proust appartient à une famille bourg eo ise parisienne: son père, médecin, a épousé la fille d' un agent de change israélite .

Dès 9 ans, il souffre de violentes crises d'asthme qui vont altérer sa santé toute sa vie durant.

Après de solides études au lycée Condorcet , puis comme étudiant en droit et en sciences politiques, Proust s'oriente vers une car­ rière de bibl iothécaire .

Mais , engagé à la biblio­ thèque Mazarine, il se met rapidement en congé , préférant mener une vie de dilettant e et d'esthète.

Il fréquente les salons de la haute société parisienne, dont ceux de la princesse Mathilde et de la comtesse Gretfulhe.

Il y côtoie les célébrités du monde artistique et celles de l'aristocratie: ce seront là autant de sources d ' observations pour son œuvre future.

Une vie consacrée à l'art En réalité , la vocation d'écrivain de ce jeune dilet­ tante est profonde , même si elle va mettr e du temps à s ' accomplir.

Proust se lie avec des jeun es gens passionnés de littérature , et ses débuts sont & Photo tirée du film Un amour de Swann A (1984), de Volker Schlondorff.

Le cinéaste allemand a illustré un épisode de Du côté de chez Swann en faisant appel à quelques grandes vedettes internationales : ici, Jeremy Irons dans le rôle de Swann et Ornel/a Muti dans celui d'Odette.

préco ces : il fonde ainsi une revue littéraire en 1892 ...

Ce sont ensuite des articles, des chroniques dans des revues et journaux à la mode.

Pub liés en 1896 , Les Plaisirs et les Jours , un recuei l de textes courts préfacé par Anato le France , laissent déjà per­ cer l e style part iculier et les préoccupations d u futur grand romancier.

En 1900 , il rencontre à Venise le critique d' art anglais John Ruskin , dont il tradui t plusieurs œuvres.

Entre 1896 et 1904 , il ébauche un roman , Jean Santeuil , rest é inachevé.

En 1908 , il précis e ses conceptions l ittéraires dans un essai , Contre Sainte-Beuve.

Ces deux textes seront pub liés bien après sa mort , dans les années 50.

Proust tra­ vaille également" sa plume •• en pastichant les écri­ vains qu'il admire: Balzac, Flaubert, Saint-Simon , les frères Goncourt , Michel et.

..

(ses Pastiches et Mé langes seront pub liés en 19 1 9).

Cependant, Proust est l'homme d 'une seu le grande œuvre, et tous les écrits qui la précèdent ne const ituent que des travaux d'approche , des esquisses préparatoires .

Sans doute incité, par la mort de ses parents -celle de son père en 1903 et surtout , en 1905 , celle de sa mère qu'il adorait - , à se consacrer exclusivement à la littérature , il arrête le plan de son ouvrage en 1909 e t rédige le prem ier état d'À la recherche du temps perdu.

Il écrit avec ass iduité , s 'enfermant dans sa chambre parisienne ......

Portrait de Marcel Prou_st, par le peintre Jacques-E_mile Blanche.

Si le personnage principal d 'A la recherche du temps perdu se prénomme Marcel, comme l'auteur, le roman n 'est pourtant pas auto- o biographique.

Entre Proust , l'auteur, et ~ Marcel , le narrateur, il y a la même distance 0 qu 'entre la vie réelle et l' œuvre d 'art.

où le retiennent l e désir d 'achever son roman, puis les jour.ssombres de la guerre de 1914- 1918, e t enfin son asthme qui , de plus en plus , épuise ses forces et le con traint à vi vre e n véri table reclus .

Grâce à un travail acharné , le roman prend rapidement des proportions immenses.

Proust multiplie les ajouts qui viennent accroître la beau t é du texte ini t ial: il surcharge ses cahiers de papiers collés («pape­ raies ••), réécrit sur ses manuscrits dactylographiés , pu is mod ifie encore les épreuves d 'imprimerie .

Prous t édite le premier volume , Du côté de chez Swann , à comp te d' auteur, ma is son roman est tout d 'abord ma l accuei llie par la critique.

Pourtant le succès ne se fait pas attendre longtemps: le deuxième volume, À l'ombre des jeunes filles en fleurs , est couronné par le prix Goncourt en 1919 .

À sa mort , en 1922 , l'œuvre est quasiment achevée: les quatre premières par ties sont déjà publiées et les trois dernières paraîtront entre 1923 et 1927.

Un cycle monumental Il est impossib le de résumer une telle somme roma­ nesq ue, ma i s on peut tracer son dessin généra l : un cercle .

Lors d'un épisode célèbre , dans le premier volume intitu lé Du côté de chez Swann , le narra­ teur, après avoir goû té une made leine trempée dans du thé , voit ressurgir de manière involontaire des souvenirs passés.

Arrachés à l'oubli, à l'indifférence , il s semb lent animés d'une vie intense, source d'enchantement pour celui qui les retrouve.

Dans le dern ier volume, Le Temps retrouvé , des années plus tard , le narrateur se rendant chez la duchesse de Guermantes trébuche sur les pavés inégaux de la cour: la sono rité provoque en lui une extase iden­ tique à cell e goû tée avec la madeleine.

Il a a lo rs la révé la tion de son des tin d'écrivain .

Ces éblouisse­ men ts, ces bonheurs fugaces provoqués par la mémo ire invo lontaire, seu le l'œuvre d'art peut les saisir, les fixer , donnant ainsi au monde et aux êtres réa li té et consistance , mais surtout un sens et une vérité à la vie.

Le roman suit donc une trajectoire qui. »