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Livre IX des Fables de La Fontaine (résumé et analyse)

Publié le 17/01/2022

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1. « Le dépositaire infidèle » commence par une réflexion sur les fables qui, « sous les habits du mensonge / Nous offre(nt) la vérité ». Suit alors une fable double qui illustre l'idée que, face à la mauvaise foi, il faut renchérir et non combattre au moyen de la raison. 2. Dans « Les deux pigeons » La Fontaine décrit l'affection que se portent deux pigeons ; mais l'un désire voyager tandis que l'autre s'inquiète de l'imaginer loin de lui. Après bien des péripéties le voyageur retournera auprès de son ami. Dans le dernier mouvement du poème, La Fontaine prend la parole pour confier, sur le mode élégiaque, ses propres regrets : « Ai-je passé le temps d'aimer ? »
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« « Les deux pigeons » (IX, 2) met précisément en scène l'amour (et l'amitié) aux prises avec les craintes de l'absence: il se trouve que ces craintes sont justifiées puisque les péripéties, énoncées d'abord, vont véritablement seproduire.

En outre, l'éloignement de l'aimé révèle le déséquilibre dans la communauté amoureuse ; déséquilibre issude cette « humeur inquiète » (v.

20) dont témoigne le pigeon qui veut voyager.

On peut imaginer que la forceamoureuse est ce qui permet au pigeon qui voulait voyager de revenir en effet au bercail, porté par l'idée desretrouvailles : « Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à juger / De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines » (v.63-64).

Les fables elles-mêmes peuvent enfin apparaître comme ces lieux de retrouvailles où La Fontaine entre enconversation avec ses amis et avec ses lecteurs. IL LA FABLE ET LE MENSONGE Le statut de la fable Dans « Le dépositaire infidèle » (IX, 1), la fable est considérée comme un mensonge, mais il ne s'agit pas d'un récit fallacieux ; au contraire : le mensonge per met de dire, par un détour, la vérité d'une façon efficace (voir VIII, 18) ; elle est même capable de neutraliser le vrai mensonge (celui du dépositaire) et de le dénouer dans la mesure où le « trafiquant » (commerçant) amplifie le propos mensonger, le réfléchit de façon hyperbolique en utilisant le même code et en y introduisant, par l'outrance, la critique même du mensonge.

C'est donc le code qui est dénoncé et l'intégrité du menteur qui semble diplomatiquement épargnée. Déjouer les sophismes Non seulement la fable permet de dénoncer et neutraliser les mensonges mais elle permet aussi de déjouer lessophismes ; comme dans « La souris métamorpho sée en fille » (IX, 7), La Fontaine, dans le commentaire qui suit l'apologue, s'étonne que dans la croyance à la métempsycose, les âmes puissent indistinctement passer de l'homme à l'animal et, en l'occurrence, du « soleil » au « rat ».

Il dénonce donc un « argument circulaire » et apparie, de manière ironique, une fille, qu'il compare à la belle Hélène, à un rat.

Dans « Le loup et le chien maigre » (IX, 10), c'est le chien qui fait figure de sophiste et il parvient à déjouer la loi du plus fort à son profit ; mais il est évident que le loup saura bientôt déjouer ce type de sophisme : « Ce loup ne savait pas encor bien son métier ».

Quant au milan, il ne se laisse pas prendre au discours du rossignol, bien que le rossignol lui propose un véritable échange (ma vie contre mon chant) ; mais ici le rossignol incarne moins un sophiste que le poète lui-même qui doit se tenir sur son quant-à-soi lorsqu'il évolue parmi les grands et les puissants. La fable et la superstition La position de La Fontaine vis-à-vis de la divinité demeure complexe : on considérera que le passager qui manque de respect à Jupiter est justement puni (IX, 13) ; mais dans « Le statuaire et la statue de Jupiter » (IX, 6), La Fontaine dévoile, dans une perspective épicurienne, que ce sont les hommes qui ont créé leurs propres dieux sousl'effet de la peur.

C'est même le poète qui « des dieux (...) fut l'inventeur, craignant la haine et la colère » (v. 19- 20).

Sans doute s'agit-il du poète antique païen et donc étranger à la révélation de l'Évangile.

Par ailleurs, dansl'esprit de La Fontaine, il est une autre sorte de poètes ou de sages, qui proposent des œuvres remplies de songes qui sont donnés pour tels ; ils invitent donc au plaisir et ne suscitent pas la crainte : « ils excluent, en se donnant sans tromperie pour fiction, toute possibilité de croyance superstitieuse » (M.

Fumaroli). III.

LA FABLE PHILOSOPHIQUE L'unité du monde : des animaux et des hommes La position de La Fontaine par rapport à l'âme des bêtes est en accord avec la tradition antique et la vision de la Renaissance en ce sens que tout être, même le plus infime, participe de la nature de Dieu et retourne à lui après sa dissolution dans la mort (voir Virgile, Géorgiques, IV).

L'idée essentielle est qu'il y a une continuité des êtres, que ceux-ci sont tous solidaires et appartiennent ainsi à l'ordre de l'uni vers caractérisé par une profonde unité. À partir du moment où l'on pense, comme Descartes, que les animaux sont fondamentalement différents des hommes, on Introduit le dualisme dans l'univers et l'on rend impossible une compréhension glo bale.

Une image rend compte de tout cet univers cartésien qui nous resterait étran ger dans son mécanisme car il a été remonté par Dieu au tout début de sa création comme une montre, et dont les animaux ne seraient que l'expression privilégiée : « Mainte roue y tient lieu de tout l'esprit du monde » (« Discours à Madame de La Sablière », v. 36). La diversité du monde S'il faut concevoir, selon la philosophie antique (Épicure, Lucrèce), un ordre du monde (doté d'un centre divin, où s'exprimerait le grand Tout), il faut signaler que les éléments qui constituent ce monde sont alors perçus comme des combinaisons diverses d'atomes ; en d'autres termes, la matière et les éléments du monde sont diversifiés à l'extrême et le cierge qui veut s'exposer au feu pour acquérir la dureté de la brique « ne savait grain de philosophie » (« Le cierge », IX, 12, v.

16). « La souris métamorphosée en fille » (IX, 7) montre que chaque âme est gouvernée par un destin particulier. L'ordre et l'excès S'il est vrai, par ailleurs, que la démesure gouverne le monde, les excès érigés en système trouvent finalement à se. »

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