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L'OEUVRE DE CHATEAUBRIAND

Publié le 30/05/2012

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chateaubriand
Le petit chevalier, qu'on n'avait désiré que pour suppléer à la
perte possible de l'aîné, poussa comme il plut à Dieu, sur le pavé
de Saint-Malo, au bord des grèves, plus rudoyé que surveillé, polissonnant
tout le jour, rentrant au logis les vêtements en loques
et l'oreille parfois déchirée. Il reçut une instruction assez décousue,
aux collèges de Dol, de Rennes, de Dinan : on le destinait à l'état
de marin, puis il déclara vouloir être prêtre. Cependant il passâit
ses vacances, et, lorsqu'il eut échappé aux collèges, il fit un long
séjour au triste- chàteau de Combourg; le paysage avec ses forêts, ...
chateaubriand

« ses landes, ses marais, etait âpre ct désolé; le château était une autre solitude, plus écra:;anle : le soir, après avoir couru Jans la campagne sauvage, le chevalier écoutait passer les heures, dans la vaste salle à peine éclairée, que son pere parcourait cu silence d'un pas invariable : puis il allait coucher dans une tourelle isolée, tout seul, face a face avec les terreurs de la nuit.

Sa compagrue, sa joie, son an1our, c'était sa sœur Lucile, nature exaltée, nerveuse, avec qui il nlva de vies merveilleuses, de courses lointaines, el de sensations toujours renouvelées.

Ainsi se forma, dans l'effroi de ce père farouche, dans l'ennui de celle vic vide, dans l'amitié de celte sœur mal équilibrée, ainsi se forma le Chateaubriand qui séduisit le monde: incapable de choisir une action limitée, mais aspirant à lous les modes de l'action en vue d'obtenir tous les modes de la sensation, fuyant le réel mes­ quin ou blessant pour s'enchanter de rêves grandioses el Jouee­ ment amers, évitant surtout d'approfondir, d'analyser, ne deman­ dant à la nature que des apparences où il pût loger ses fantaisies, timide, orgueilleux, mélancolique, éternellement inassouvi et las.

Dans de rares lectures il ne cherchait pas une provision d'idées, une extension de sa connaissance, un exercice de son jugement, mais une direction de rêverie, des matières de sensations, des modèles d'images.

Des sermons de .Massillon même, il tirait des troubles et des plaisirs sensuels; d'un amalgame de souvenirs littéraires et de visages entrevus, il forma son idée de la femme, un « fantôme d'amour» qu'il devait exprimer dans tous ses livres, chercher en toutes ses amies.

Enfin il fallut choisir une carrière; il choisit d'aller explorer l'Amérique, de servir aux Indes : c'était le lointain, J'indéterminé.

Le père, sensément, substitua à ces vagues élans un tri·s réel brevet de sous-lieutenant au régiment de Navarre.

Et voici le che­ valier menant la vie de gamison, tâtant de Paris, présenté à la cour, suivant, effaré, la chasse du roi, versifiant dans l'Almanach des Muses.

La Révolution éclate; son père était mort : il réalise un de ses rèves anciens, et débarque à Baltimore, en 1/!H 1 • Le prétexte était de chercher le passage du ~ord-Ouest : il partait sans études préalables, sans renseignements, sans préparatifs, en touriste.

Il alla au Niagara, descendit J'Ohio jusqu'à sa rencontre avec Je Kentucky : on peut croire, si l'on tient à lui faire plaisir, qu'il descendit le Mississipi et vit la Floride; les lambeaux de son journal de voyage, mèlés d·extraits de ses lectures, laissent entendre qu'il parcourut d'immenses espaces.

1.

Il partit vers le 10 avril, et oe rembarqua le 10 décembre pour le Havre, ou il arriva le 2 janvier 179'2.. »

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