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L'oeuvre de Molière

Publié le 16/02/2011

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Molière, le plus varié et le plus profond de nos poètes comiques, a donné dans ses chefs-d'œuvre un vif tableau des hautes classes et de la bourgeoisie du XVIIe siècle; par la vérité intense et ridicule des portraits, il a élevé certains caractères à la hauteur de types immortels. Grand écrivain, animateur génial de ses personnages, il professe une morale large, mais sensée et honnête.    Molière fut à la fois auteur et comédien.    Jean-Baptiste Poquelin (1622-1673), qui prit dès ses débuts le nom de Molière, accomplit comme membre puis directeur d'une troupe dramatique, d'abord intitulée l'Illustre-Théâtre, plusieurs tournées dans le Midi de la France ; étant revenu se fixer à Paris (1658) il fut protégé par le Roi et fonda la maison qui est devenue la Comédie-Française. Mort en jouant Le Malade imaginaire.    Les difficultés matérielles, les chagrins, les cabales, la maladie enfin expliquent l'accent d'amertume qui transpire parfois de ses ouvrages : cependant, à l'ordinaire, nourri de la tradition des auteurs du XVIe siècle, de Rabelais et de Régnier, entraîné dans la vie agitée des comédiens, il couvre d'une gaieté un peu grosse un fond de bonté simple et de loyauté.    Molière tend, bien plus que ses prédécesseurs à peindre la vie réelle.    Depuis le début du siècle le théâtre comique avait rencontré un grand succès :    Farces burlesques, accompagnées de pantomimes grossières (Scaramouche).

« Molière ne représente le peuple (paysans, servantes) que d'une manière incidente ; il est au contraire le peintre dela haute société et de la bourgeoisie. La noblesse.

Molière flétrit son inconduite en la personne de Dom Juan, le « grand seigneur méchant homme », fier,séduisant, impie, qui parjure tous ses serments d'amour et demeure cynique devant les ravages moraux qu'ildétermine ; il s'en prend à la fatuité des « petits marquis » en la personne d'Acaste, Clitandre, Oronte, les jeunesmondains du Misanthrope, présomptueux et bavards, vains de leur costume ou de leur esprit. La bourgeoisie.

Molière raille la naïveté dévote ou vaniteuse de cette classe dans Tartuffe, et dans Le Bourgeoisgentilhomme, montrant les erreurs auxquelles aboutissaient parfois dans des milieux mal préparés soit des élans depiété mal comprise, soit le désir avide des enrichis d'accéder aux honneurs des « gens de qualité ».

Les FemmesSavantes étudient un cercle plus relevé : la Ville, c'est-à-dire la haute bourgeoisie où l'on imite les manières de laCour, où fleurissent dans des groupes trop cultivés des prétentions au féminisme (Philaminte) et au bel esprit(Trissotin). Les médecins.

Molière les crible de sarcasmes, tournant en dérision leur jargon latin, leur costume, l'empirisme deleurs méthodes qui couvre leur ignorance (rôle de Diafoirus dans Le Malade Imaginaire). C'est une erreur d'opposer systématiquement les comédies de caractères aux comédies de mœurs : dans toutes sespièces, Molière « fait reconnaître les gens de son siècle ».

Le Misanthrope par exemple est avant tout la peinturedes salons de l'époque, avec leurs entretiens spirituels, leurs analyses morales (scènes de portraits), leurs intriguesgalantes.

Mais il est exact que, dans ses chefs-d'œuvre, Molière a subordonné les contingences d'actualité à la miseen évidence d'un caractère donné : il a peint, dans Tartuffe, l'imposteur, l'hypocrite sensuel et cupide sousl'affectation des maximes pénitentes : « Laurent, serrez ma haire avec ma discipline » ; dans Harpagon, l'Avare qui aperdu toute dignité, toute affection paternelle et n'a plus de cœur que pour sa cassette. Dans Célimène, il personnifie la légèreté d'une femme coquette et insouciante qui se joue de ceux qui la courtisent,et, dans Alceste, l'homme généreux, d'ailleurs brusque, qui se heurte aux conventions d'une vie raffinée. De tels caractères sont mis en plein relief : leur humeur, l'idée qui les obsède se traduisent spontanément dans lesgestes et les moindres paroles (Harpagon fouillant les poches de ses domestiques, Tartuffe jetant un mouchoir sur lesein de Dorine) ; d'ailleurs Molière ne craint pas, en exagérant, de grossir un peu l'effet dramatique pour laisser uneimpression plus forte : aussi ses créations s'imposent comme les types classiques d'un travers, d'une passion.

Leurvérité profonde dépasse l'intérêt purement actuel et nous pouvons transposer dans nos conditions modernes de vieOrgon, Chrysale, Philaminte, M.

Jourdain, Philinte, etc., bien qu'ils n'aient rien d'allégorique en soi et que Molière lesait toujours situés dans le milieu concret qu'il avait sous les yeux : la société du XVIIe siècle. La peinture des caractères est toujours relevée par le comique des situations ou des personnages. Tandis que la richesse d'observation du théâtre de Molière paraît plutôt à la lecture, ses qualités de comiquefrappent surtout à la scène.

Chez lui la psychologie n'est jamais terne ni insipide, et il abonde en moyens d'égayer lespectacle depuis les plus matériels jusqu'aux plus délicats : « trucs » traditionnels, maladresse, pitrerie ouimpertinence d'un valet, bousculades et soufflets ; — répétition plaisante d'un jeu de scène, rencontres imprévuesou contretemps qui impatientent un personnage ou le mettent en position de dupe ; réitération de propos ridiculesou embarrassés («Le pauvre homme! », « Je ne dis pas cela! »). Mais Molière préfère le comique qui est révélateur d'un caractère, résultant soit des discussions contradictoires oùs'engagent les acteurs (Alceste et Philinthe ; Alceste et Oronte ; Vadius et Trissotin), soit de l'affirmationinconsciente de leur manie : Ce sont vingt mille francs qu'il m'en pourra coûterMais pour vingt mille francs j'aurai droit de pesterContre l'iniquité de la nature humaineEt de nourrir pour elle une immortelle haine ! déclare Alceste. Mais, Frosine, explique Harpagon, as-tu entretenu la mère touchant le bien qu'elle peut donner à sa fille? Lui as-tudit qu'il fallait qu'elle s'aidât un peu, qu'elle fît quelque effort, qu'elle se saignât pour une occasion comme celle-ci?Car encore n'épouse-t-on point une fille, sans qu'elle apporte quelque chose. Même dans les situations les plus tendues, un trait d'esprit vient dissiper l'impression trop lourde produite par lagravité des circonstances (dénouement de Tartuffe) ; à plus forte raison, dans les pièces où « nous nous laissonsaller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles », la gaieté est-elle spontanée et presquecontinuelle. Le discours tenu par Sosie à sa lanterne dans Amphytrion, certaines situations de L'École des Femmes, les scènes. »

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