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L'Orbe d'Or de LECONTE DE LISLE (Poèmes tragiques.)

Publié le 12/02/2012

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de lisle

L'orbe d'or du soleil tombé des cieux sans bornes S'enfonce avec lenteur dans l'immobile mer, Et pour suprême adieu baigne d'un rose éclair Le givre qui pétille à la cime des normes. En un mélancolique et languissant soupir, Le vent des hauts, le long des ravins emplis d'ombres, Agite doucement les tamariniers sombres Où les oiseaux siffleurs viennent de s'assoupir. Parmi les caféiers et les cannes mûries, Les effluves du sol, comme d'un encensoir, S'exhalent en mêlant dans le souffle du soir A l'arôme des bois l'odeur des sucreries. Une étoile jaillit du bleu noir de la nuit, Toute vive, et palpite en sa blancheur de perle ; Puis la mer des soleils et des mondes déferle Et flambe sur les flots que sa gloire éblouit. Et l'âme, qui contemple, et soi-même s'oublie Dans la splendide paix du silence divin, Sans regrets no désirs, sachant que tout est vain, En un rêve éternel s'abîme ensevelie.

 

Paysages exotiques et scènes de la vie animale passent, aux yeux de beaucoup, pour la meilleure partie de l'oeuvre poétique de Leconte. Elle est, à coup sûr, la moins discutée. Le texte intitulé l'Orbe d'Or appartient à la première catégorie. Aucun animal n'y figùre; à peine une mention des «oiseaux siffleurs «. Tandis qu'en d'autres poèmes - le Rêve du Jaguar, le Sommeil du Condor- la Nature sert seulement de cadre au fauve et à l'oiseau de proie, elle est ici le motif principal, sinon unique. Tandis que dans les morceaux précités la pensée semble absente, ici elle apparaît à la cinquième strophe, et le tableau s'achève en méditation philosophique. Si donc ces vers ne nous permettent pas de dégager tous les caractères de la poésie de Leconte de Lisle, du moins nous fournissent-ils sur l'art du paysagiste et sur les idées de l'auteur quelques précisions intéressantes...

 

de lisle

« ce singulier contraste: ses montagnes - dont le « Piton des Neiges » atteint plus de 3.000 metres - portent a leur base la vegetation des tropiques, tandis que leur tete est glacee.

L'impression d'exotisme est plus accusee encore dans les deux strophes suivantes.

Le vent des hauts...

Ainsi parlent les habitants de la Reunion.

Les hauts sont les mornes, les hauteurs qui dominent les ravins, et d'oa tomhe, le soir, une brise rafraichissante.

Dans les hauts vallons, poussent les tama- riniers, grands arbres de 20 a 25 metres, importes des Indes, et qui ont trouve dans l'ile un climat favorable (simple hasard, ou delicate attention : ce sont des tamariniers qui ombragent les tours du Lycee Leconte de Lisle, a Saint- Denis).

Tout sert dans les tamariniers: feuilles, fleurs, fruits, bois.

A vrai dire, cette essence n'est pas dominante it l'ile Bourbon.

On y voit surtout des cocotiers, des dattiers, des lataniers, des bananiers, des palmistes, des avocatiers, des manguiers, mais de ce nom se &gage une forte saveur d'exotisme et c'est bien eux qu'on trouve dans les « ravins » des « hauts ». Ce ne sont pas non plus des oiseaux quelconques qui logent dans ces arbres, ce sont des oiseaux siffleurs - sans doute les 4 merles au gosier limpide ou le cardinal rouge.

Les cafeiers ne sont, eux, que des arbrisseaux, mais tres caracteristiques. Longtemps le cafe, la canne a sucre et la vanille ont enrichi la Reunion.

Le café de Bourbon passait pour le meilleur apres le moka.

Quanta la canne sucre, detronee aujourd'hui par la betterave, elle eouvrait encore, it y a un demi-siecle, plus de 50.000 hectares de Pile.

Les efftaves du sol, on le devine, sont charges de parfums capiteux: ceux des cafeiers, des girofliers, des vanilliers en fleurs; les bois ont leur arorne et la plaine cultivee a le sien : l'odeur des sucreries.

Celles-ci ne sont plus que 16 dans l'ile; elks etaient 116 en 1860! Cette strophe centrale, consacree aux parfums, est pent-etre la plus evocatrice, puisque Pe lie enchantee » s'appefle aussi hien l'« ile des parfums ».

Les derniers chantres de Bourbon, MM.

Marius et Ary Leblond, ecrivaient naguere: « Les girofleries embaumerent...

tons les poemes de Leconte de Lisle ».

ne les rnentionne pas ici, mais a coup stir it les corn- prend parmi ces effluves qui s'exhalent du sol a l'heure du serein.

II est plus difficile de discerner ce qui, dans la quatrieme strophe est spe- cifiquement « reunionnals »; neanmorns cette nuit etoilee, dans son ensemble, est nettement exotique.

Nos cieux europeens n'offrent pas a nos regards de pareils spectacles.

Its ne flambent pas, ils ne nous eblouissent pas...

Tandis que chez Hugo, chez de Vigny, chez Musset, et meme chez Chateau- briand, l'exotisme est, le plus souvent, un simple jeu de l'imagination, avec des relents de dictionnaire, celui de Leconte de Lisle, nous venons de le prouver, est de -meilleur aloi.

Ajoutons qu'il est aussi eminernment pitto- resque.

Le toucher du soleil forme une grandiose entrée en matiere, un tableau magistral, traits de large maniere.

Tandis que l'Orbe d'Or s'enfonce avec lenteur dans l'Ocean, une autre scene, s'offre it nos regards : nn rose eclair bcdgne les blanches times des mornes.

Si nous en croyons les auteurs pre- cites, « une sensualite de Peell pour les nuances roses » serait un des came- teres du « genie creole », nouvelle preuve d'exotisme authentique.

Il n'est donne qu'au poke de 4 peindre le vent ».

Nous voyons celui que repre- smite Leconte de Lisle.; nous le suivons dans l'emb -re des ravins et parmi les tamariniers aux fleurs .jaunes on roses.

De laterite pour les parfmns; ils echappent l'ceil du peintre, tandis que l'artiste en vers nous les rend sen- sibles en evoquant les objets d'oft ils emanent : cafeiers, cannes a sucre, bois, sucreries.

Le paysage nocturne, on les feux du ciel Neu noir se marient aux flots ebloms; l'etoile palpitante en sa blancheur de perle, ees details harmonieusement combines sont d'un pittoresque acheve.

Et Pon est force de conclure : l'auteur de ce poeme est un grand artiste; it sait voir, it sait faire voir. Ik*It En rnerne temps que la beanie propre de ces visions Iointaines, ce qui nous frappe it premiere lecture, c'est la beau*, secondaire mais d'un merite sin- gulier, de in langue et des vers. Les Parnassiens rfont point &convert le pouvoir rnagique des mots; Hugo l'avait Mare dans un manifeste bruyant.

Ma's ils ont professe culte quasi idolfttrique pour les vocables on pins rares, ou plus senores, ou plus pleins que leurs synonymies.

Ne parions pas de crux qui rendent un son exotique, nous axons pu nous convaincre deja gulls sont facteura ce sinaulier contraste: ses montagnes- dont le «Piton des Neiges» atteint plus de 3.000 mètres - portent à leur base la végétation des tropiques, tandis que leur tête est glacée.

L'impression d'exotisme est J.?lu~ accusee encore.

dans les de~x ~trophes suivantes.

Le vent des hauts ...

Amsi parlent les habitants de la Reumon.

Les hauts sont les mornes, les hauteurs qui dominent les ravins, et d'où tombe, le soir une brise rafraîchissante.

Dans les hauts vallons, pous·sent les tama­ rinier;, grands arbres de 20 à 25 mètres, importés des Indes, et qui ont trouvé dans l'île un climat favorable (simple hasard, ou délicate attention : ce sont des tamariniers qui ombragent les.

c~urs du Lycée Leconte ~e Lisl~, à Saint: Denis).

Tout ·sert dans les tamarimers: feuilles, fleurs, frmts, bms.

A vrm dire cette essence n'est pas dominante à l'île Bourbon.

On y voit surtout des 'cocotiers, dces dattiers, des lataniers, des bananiers, des palmistes, des avocatiers, des manguiers, mais· de te nom se dégage une forte saveur d'exotisme et c'est bîen eux qu'on trouve dans les .«ravins» des «hauts».

Ce ne sont pas non plus des oiseaux quelconques qm logent dans· ces arbres, ce sont des oiseaux siflleurs - sans doute les « merles au gosier limpide » ou le cardinal rouge.

Les caféiers ne sont, eux, que des arbrisseaux, mais très caractéristiques.

Longtemps le café, la canne à sucre et la vanille ont enrichi la Réunion.

Le café de Bourbon passait pour le meilleur après le moka.

Quant à la canne à sucre, détrônée aujourd'hui par la betterave, elle couvrait encore, il y a un demi-siècle, plus de 50.000 hectares de l'île.

Les ef!luves du sol, on le devine, sont chargés de parfums capiteux: ceux des caféiers, des girofliers, des vanilliers en fleurs; les bois ont leur arome et la plaine cultivée a le sien : l'odeur des sucreries.

Celles-ci ne sont pius que 16 dans l'île·; elles étaient 116 en 1860! Cette strophe centrale, consacrée aux parfums, est peut-être la plus évocatrice, puisque l'« île ·enchantée :.

s'appelle aussi bien l'« île des 1?arfums ».

Les derniers chantres de Bourbon, MM.

Marius et Ary Leblond, ecrivaient naguère: « Les .girotleri'f!s embaumèrent...

tous les poèmes de Leconte de Lisle ».

Ii ne les mentionne pas ici, mais à coup sûr il les com­ prend parmi ces effluves qui s'exhalent du sol ·à l'heure du serein.

Il est plus difficile de discerner ce qui, dans la quatrième strophe est spé­ cifiquement « réunionnais » ; néanmoins cette nuit étoilée, dans son ensemble, est nettement exotiqne.

Nos cieux européens n'offrent pas à nos regards de pareils spectacles.

Ils ne flambent pas, ils ne nous éblouissent pas ...

Tandis que chez Hugo, chez de Vigny, chez Musset, et même chez Chateau­ briand, l'exotisme est, le plus souvent, un simple jeu de l'imagination, avec des relents de dictionnaire, celui de Leconte de Lisle, nous venons de le prouver, est de meilleur aloi.

A~outons qu'il est aussi éminemment pitto­ resque.

Le coucher -du solei'l forme une grandiose entrée en matière, un tableau magistral, traité de l-arge manière.

Tandis que l'Orbe d'Or s'ell{otwe Q.Vec lenteur.

dans l'Ocré an, une autre scène, s'offre à nos regards : nm rose éclair baigne les blanches cimes d·es mGr•nes.

Si nous e·n croyQns les auteurs pré­ cités, « une sensu1!llité de l'œil pour les nuances rQses » serait un des carac­ tères du « génie creole »' nouv·elle !preuve d'exotisme authentique.

- Il n'est donné qu'au poète de ~< peind.re fe vent».

Nous v-o:yons celui que repré­ sente Leconte de Lisl-e.; nous le suivons d-ans f.ombre ·des ravins et parmi les.

tamariniers aux fleurs jaunes üU roses.

Be mêm·e pour, les parfums; ils échappent à l'œil du peintre, tandis que l'artiste en vers nous les rend sen­ sibles en évoquant les objets d'où ils émanent : caféiers, cannes à sucre, bois, suct'eries.

Le paysage no·ctu'rne, où ftes feux du ·del b1e'lll.

noir se martent aux flots éblouis; !''étoile pgtlpitante en sa blancheur de pel"le, "Ces détails harmonieusement combinés sont d'un pittoresque achevé.

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