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MAETERLINCK Maurice : sa vie et son oeuvre

Publié le 26/11/2018

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MAETERLINCK Maurice (1862-1949). Écrivain belge d’expression française. A l’époque où naît Maeterlinck, Gand, sa ville natale, semble engourdie dans la splendeur médiévale qui l’a chargée d’histoire. Aisée et comblée, l’enfance du jeune Maurice se déroule donc entre une ville un peu fantomatique où il fréquente des institutions socialement sélectives, et la propriété campagnarde d’Oostakker, d’où il peut apercevoir les paquebots qui remontent le canal Gand-Terneuzen. A ce cadre propice aux songes, à la suspension du temps et à la contemplation des merveilles de la nature, les jésuites du collège Sainte-Barbe ajouteront le sérieux d’humanités un peu morbides, imprégnées de morale victorienne. Dès cette époque, Maeterlinck se lie d’amitié avec le futur poète de la Chanson d'Ève, Charles Van Lerberghe. A partir de 1881, le jeune homme poursuit ses études de droit à Gand, tout en publiant ses premiers vers dans la Jeune Belgique. L’année 1885 le voit obtenir son diplôme de docteur en droit et s’inscrire comme stagiaire chez l’avocat Edmond Picard, plaque tournante du monde culturel belge progressiste. En même temps, le jeune auteur rencontre Rodenbach et découvre les textes du mystique flamand Ruysbroeck l’Admirable, qu’il traduira six ans plus tard. En 1889, c’est la parution, à tirage limité, du recueil Serres chaudes, ainsi que d’une pièce, la Princesse Maleine, à laquelle Octave Mirbeau consacre l’année suivante, dans le Figaro, un article dithyrambique.

 

Subitement. Maeterlinck, qui publie deux autres pièces en 1890 (l'intruse et les Aveugles), se trouve projeté sur la scène internationale. Ses textes, perçus comme l’expression de la sensibilité d’une époque, sont systématiquement traduits dans les principales langues européennes. Tout en traduisant Ruysbroeck et Novalis, il donne coup sur coup les Sept Princesses (1891), Pelléas et Mélisande (1892), Alladine et Palomides, Intérieur et la Mort de Tintagiles (1894). En cinq ans, ces huit pièces et le recueil Serres chaudes donnent au symbolisme de langue française forme et renom : ils en deviennent la quintessence. A l’instar de la phrase du poète, tout s’est passé comme en un souffle.

 

C’est l’heure (1895) où la destinée fait rencontrer à Maeterlinck l’actrice française Georgette Leblanc, qui

 

sera durant quelque vingt ans sa compagne, son égérie et l’impétueuse propagatrice de ses textes. C’est aussi l’heure où l’œuvre entame un mouvement vers des formulations plus positives. Que Georgette Leblanc y ait joué un rôle est indiscutable... On doit toutefois mettre le phénomène en rapport avec des démarches analogues chez, par exemple, Claudel et Verhaeren; considérer également le fait comme un symptôme d’époque et le relier à la disparition successive des Verlaine, Rodenbach et Mallarmé. En France, l’affaire Dreyfus est proche. En Belgique, Maeterlinck collabore au Coq rouge!...

 

Dès 1896, paraissent, dans les trois genres que cultive l’auteur de Pelléas, trois textes-charnières. Les Douze Chansons (qui deviendront Quinze Chansons en 1900) délaissent une partie de l’appareil imaginaire du symbolisme et sa langueur rythmique pour retrouver le mètre des berceuses populaires, utiliser une langue presque blanche et se concentrer, dans un étrange mélange d'angoisse et de sérénité, sur l’énigme de l’absence et de la mort. Dans l’ordre du théâtre, Aglavaine et Sélysette marque également une transformation puisque les personnages cherchent concrètement une issue à l’impasse dans laquelle ils sont enfermés et qui finit par triompher d’eux. Énfin le Trésor des humbles, qui connaîtra d’emblée un grand succès, entraîne, par le biais de l’essai, le processus d'élaboration discursive d’une sagesse concrète assimilable par un large public. Directement issues de l’interrogation tragique que les fictions avaient creusée de façon lancinante, ces proses limpides visent à permettre à l'homme moderne, sevré du secours boiteux des religions, de se situer dans le monde, devant lui-même et devant la mort. Elles le font en cherchant à dégager un avenir pour l’homme à partir de ce qui, en lui, échappe aux fanfaronnades aveugles de la maîtrise rationnelle ou de l’immédiateté sensuelle. C’est pourquoi les différents textes qui composent le volume insistent tous sur la vertu du silence, capable de faire apparaître entre les êtres et les choses ce qui dépasse leur concret immédiat : Maeterlinck nomme « âme » cette insaisissable béance. Pour créer chez le lecteur le sentiment de vide presque mystique, l’auteur recourt à une langue simple et à une phrase fluide, sans accrocs, et sans véritable fin. Tant il est vrai qu’il s’agit pour lui de laisser affleurer ce monde inconnu à travers « les doubles et pauvres vitres de corne des mots et des pensées » conçus pour un autre usage.

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