MAHADEVI VARMA

« habad, et, chose rare pour une Indienne, elle apprivoise des chats.

Bien que chaleureuse dans son accueil et apparemment gaie, elle donne l'impression de faire seule son chemin et de subir une lutte intérieure qui caractérisa autrefois la princesse Meera (xve siècle), célèbre poétesse de la littérature médiévale en hindi.

Pourvue d'une grande sensibilité, aimant la nature et la solitude qui lui permettent de réfléchir sur le sens profond de la vie, Mahadevi a écrit plusieurs ouvrages de poèmes et des chants, dont Nihar (la Rosée); Rasmi (le Rayon); rama (la Nuit); NiraJa (le Lotus); Sandhyageet (le Chant du crépuscule) et Deepsikha (la Flamme de la lampe).

Chacune de ces œuvres marque un pas décisif dans l'évolution de son génie poétique.

Nihar raconte une expérience sentimentale.

Comme tous les êtres humains, à une époque de la vie, une rencontre a marqué et bouleversé la vie du poète, et son souvenir le tourmente.

Se détachant de l'existence, Mahadev1 se réfugie dans la réflexion sur l'instabilité et la précarité de toute chose et s'écrie : « 0 mon ami! Tout cela est transitoire comme une goutte de rosée.

)) Elle se tourne vers la nature qu'elle trouve en harmonie avec son chagrin.

Son amour de la nature s'exprime, d'ailleurs, dans toute son œuvre.

Au début, Mahadevi regardait la nature, comme la vie, avec curiosité, elle se contentait de la décrire tout simplement, qu'il s'agisse des fleurs parfumées, de la brise douce, de la lune, du printemps intoxi­ cant, ou du ciel étoilé.

Mais plus tard, la nature s'est intégrée à son expérience personnelle, comme dans le rama et dans la plupart des chants de la Deepsikha, et de la Sandhyageet.

Ainsi elle a même personnifié la nature, lui attribuant la grâce, le charme et la beauté de la femme, et la décrivant dans une langue particulièrement musicale.

Toute l'œuvre poétique de MahadeVI se caractérise par une imagination sublime, par l'inten­ sité de son expérience émotive et par la profondeur d'une douleur résultant d'une longue sépara­ tion loin de son bien-aimé.

Douleur de la vie, pour elle, symbolise le poème humain et nous lie avec le monde entier; le poète ne fait qu'identifier sa vie avec celle du monde et confondre sa souffrance avec la souffrance universelle comme une goutte d'eau dans l'Océan.

Comme si elle était engagée dans une recherche éternelle, Mahadev1 insuffle à sa poésie de la mélancolie et même une certaine tragédie.

Serait-elle l'expression de sa vie dont elle révèle le paradoxe dans ces mots : « En effet, il doit être incompréhensible pour beaucoup de voir que dans la vie, mêlée de bonheur et de malheur, je mets toujours l'accent sur la tragédie.

Il est vrai que, dans ma vie personnelle, je ne connais rien de ce que le monde appelle le malheur ou le besoin; en revanche, j'ai été gâtée par la joie; j'ai recueilli beaucoup d'estime et de tendresse et je n'ai jamais connu l'ombre même du malheur.

Mon amour de la tristesse, serait-il dû à ce bonheur exceptionnel? )) Mais en dépit de la mélancolie de ses poèmes, la réflexion née de l'intelligence tient une grande place dans toute l'évolution intellectuelle de Mahadev1, de sorte que la connaissance de la vie et la réflexion ont donné une profondeur à sa souffrance et une direction active à sa vie.

Et bien qu'impassible au bonheur et au malheur matériels, elle essaie d'apporter au monde par sa poésie un peu de joie en soulageant ainsi un peu de misère.

Mahadev1 n'est pas seulement poète, elle excelle comme prosateur.

Signalons son Atit ke Chal Chitra (les Images du passé) et son Smriti ki rekhayen (les Traces du souvenir).

Dans ces deux ouvrages, le goût poétique de l'auteur s'exprime encore et les tableaux banals de la vie de famille sont devenus de vivants portraits; son langage, généralement sanscritisé, s'adapte sans effort au contexte.

Mahadev1 compte sans aucun doute parmi les plus grands écrivains contemporains de l'Inde et la première femme-écrivain qui enrichit actuellement la littérature hindie; elle a mérité l'honneur national et les prix littéraires qui lui ont été décernés.

JAGBANS KISHORE BALBIR 495. »