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MARCABRUN ou MARCABRU : sa vie et son oeuvre

Publié le 26/11/2018

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MARCABRUN ou MARCABRU (XIIe siècle). Le visage poétique de Marcabrun est suggéré par l’œuvre elle-même, marquée de l’orgueil de la signature, et où le nom de la mère, Marcabruna, prend un air d’agressivité populaire. Même si l’on renonce aux renseignements des Vidas qui dérivent de cette œuvre mais ne l’expliquent pas, on s’accorde aujourd’hui à faire de ce troubadour gascon un fils du peuple, sinon un enfant trouvé, qui eut de très illustres protecteurs, mais demeura un joglar, un interprète de métier.

 

C’est probablement cette situation sociale qu'on lit en arrière-plan d'un texte d’une force singulière. Marcabrun, à la différence des mondains aristocrates, a une culture cléricale précise. Ses citations des Écritures ressortissent, comme ses violences satiriques, au sermon-naire. Ses obscénités de même. Il est bien possible que, dans le deuxième tiers du XIIe siècle, l'Église ait trouvé dans ce poète d'humble origine, qu'elle a formé, le militant d’une reconquête des milieux mondains. Si l’on admet la thèse qui fait de Guilhem IX, « inventeur » de la poésie d’amour en langue vulgaire, le grand ennemi de l’ordre clérical autant par cette laïcisation du chant que par les actes de sa vie, on comprendra l’intervention de Marcabrun comme un réinvestissement de la mode poétique par ceux contre qui elle avait été lancée.

« de très illustres protecteurs, mais demeura un joglar, un interprète de métier.

C'est probablement cette situation sociale qu'on lit en arrière-plan d'un texte d'une force singulière.

Marca­ brun, à la différence des mondains aristocrates, a une culture cléricale précise.

Ses citations des Écritures res­ sortissent, comme ses violences satiriques.

au sermon­ naire.

Ses obscénités de même.

Il est bien possible que, dans le deuxième tiers du xue siècle, 1' Église ait trouvé dans ce poète d'humble origine, qu'elle a formé, le mili­ tant d'une reconquête des milieux mondains.

Si l'on admet la thèse qui fait de Guilhem IX, « inventeur» de la poésie d'amour en langue vulgaire, le grand ennemi de 1 'ordre clérical autant par cette laïcisation du chant que par les actes de sa vie, on comprendra l'intervention de Marcabrun comme un réinvestissement de la mode poétique par ceux contre qui elle avait été lancée.

Il faut, à cet égard, bien lire des poèmes comme le fameux « Estornèl, cuèlh ta volada » : Marcabrun ne s'y adonne pas aux poncifs de la poésie troubadouresque, de la troba N'Eblon, comme il dit lui-même, se démarquant de l'école d'Ebles; il en fait la caricature pour les dénoncer.

Dans la majeure partie des chansons où il traite de l'amour, il s'en veut l'ennemi, se vantant de n'avoir jamais aimé ou été aimé.

Exactement, en instaurant la distinction entre amor falsa et fina amor, il condamne sous la première l'hypocrisie d'une société qui a élevé J'adultère poético-sentimental à la hauteur d'une morale.

Il ménage la place et le rôle dans la société de sentiments purs, qu'ils s'adressent à Dieu ou qu'ils soient sanctifiés par le mariage.

Le thème sacré d'un monde en perpé­ tuelle décadence enveloppe cette charge : un moraliste chrétien ne saurait parler autrement.

Marcabrun dénonce donc l'amour courtois comme une innovation récente et contingente et.

sur un autre plan, comme Je péché même, en œuvre dans le temps.

Son attaque contre Je vice d'hy­ pocrisie déborde d'ailleurs le domaine de l'amour : il lui arrive de la lancer contre les «faux prêtres >>.

Marcabrun a vécu à la cour de Poiliers, puis en Espa­ gne, surtout à la cour de Castille.

C'est là qu'il est devenu une sorte de poète officiel de la Reconquista.

Il a prêché la c:roisade hispanique dans son magnifique Chant du lavoir.

li n'est pa5 indifférent pour la compréhension de son rôle poétique de rappeler qu'il est aussi le premier auteur connu de pastourelle : il y met en scène la fille qui, par santé populaire, refuse 1' amour des aristocrates et rejoint la fraîcheur du sentiment naturel.

Le style de Marcabrun est célèbre par ses obscurités.

Elles proviennent à la fois de son érudition ou sacrée ou gnomique populaire.

et de son art de la fermeté, qui marque historiquement l'entrée dans le rrobar elus (la poésie >, plutôt que « fermée >> ).

[Voir aussi TROUBADOURS!.

B tBLI OGRAPHlE J.-M.-L.

Dejeanne.

Poésies complètes d11 1roubadour Marco­ bru.

« Bibliothèque méridionale», Toulouse, 1909; reprint, New York.

1971.

A consulter.

- C.

Errante.

Marcabru e lefonri sacre dell'anrica lirica romanza.

Fire!)ze.

Sansoni, 1948; R.

Taylor, la Litrérawre occitane du Moyen Age.

univ.

Toronto, 1977 (bibliographie).

O.

BOUTET. »

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