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«Marine-Terrace», nuit du 30 mars 1854. Victor Hugo, Les Contemplations, Livre VI, XVI Horror, IV (5 dernières strophes)

Publié le 26/02/2011

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hugo

Pour qui luis-tu, Vénus(1)? Où roules-tu, Saturne(1)? Ils vont. Rien ne répond dans l'éther(2) taciturne. 20 L'homme grelotte, seul et nu. L'étendue aux flots noirs déborde, d'horreur pleine ; L'énigme a peur du mot ; l'infini semble à peine Pouvoir contenir l'inconnu. 25 Toujours la nuit ! jamais l'azur ! jamais l'aurore ! Nous marchons. Nous n'avons point fait un pas encore ! Nous rêvons ce qu'Adam(3) rêva; La création flotte et fuit, des vents battue ; Nous distinguons dans l'ombre une immense statue, 30 Et nous le disons : Jéhovah(4) !

«Marine-Terrace«, nuit du 30 mars 1854. Victor Hugo, Les Contemplations, Livre VI, XVI Horror, IV (5 dernières strophes)

(1) Vénus, Saturne : deux des sept planètes. Vénus est appelée parfois « l'étoile du berger « ; Saturne passe pour une planète froide et malfaisante. (2) Ether : les espaces célestes, demeure des dieux antiques. (3) Adam : nom du premier homme dans l'Ancien Testament. (4) Jéhovah : Dieu, dans l'Ancien Testament.  

Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez, par exemple, vous demander quels moyens poétiques (originalité de la composition, images, etc.) rendent sensible l'angoisse du penseur devant l'énigme de la condition humaine.   

hugo

« Ne jamais séparer l'étude du fond de celle de la forme. • Les remarques techniques porteront sur : a) Le vocabulaire: «Sombre peuple, les mots vont et viennent en nous» (V.

Hugo). — Ici termes de couleur: sombre... « ombre — ténèbres — dans la nuit — obscurité — flots noirs — toujours la nuit ! ombre » ; — ou d'effroi (tonalité tragique) : « frissonnants — a peur — d'horreur pleine » et de mort : «tombe — funèbre — tombeau sourd» — «il tombe, il meurt » ; — ou de poids : «courbé sous», et de lien : «forçat — chaînes — cachot.

b) Forme et longueur des phrases : — brèves : «ils vont» ; — à déroulement lent sur plusieurs vers ; — phrases interrogatives, exclamatives, nominales (= sans verbe)... c) Les tournures : — images : «...

au vent de son aile » «...

flocons de la neige éternelle»... — dans Y adjectif (très goûté de V.

Hugo) : « création bègue » ; tombeau sourd, éther taciturne, gouffre agité » ; — dans le verbe : «homme grelotte, étendue déborde, création flotte et fuit, des vents battue » ; — dans la juxtaposition de deux substantifs (image double condensée) : «esprit forçat», «ciel cachot», véritableimages composées comme l'est un mot composé ; — antithèses : en parallèle sur un même vers : «le bas # le haut», «ouverture # cachot» (1re strophe), «nuit # azur; aurore» (5e strophe), «nous marchons ^ nous n'avons point fait un pas»...

(id.) ; — chiasmes : ou parallélisme, opposition en croix: A B «neige, éternelle B' A' dans l'éternelle obscurité », schéma : ABB'A'. »

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