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MARTIAL D'AUVERGNE : sa vie et son oeuvre

Publié le 24/11/2018

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MARTIAL D'AUVERGNE (après 1430-1508). Ce juriste, procureur au parlement pendant cinquante ans, notaire au Châtelet, habitant l’île de la Cité, a rimé, sous le titre de Vigiles de Charles VII, la chronique de Jean Chartier, en adoptant un schéma d’office liturgique : la narration représente les psaumes. Les morceaux lyriques, satiriques et didactiques servent d’antiennes, de leçons et de répons chantés par France, Noblesse, Marchandise, Clergé... L’intention en est polémique, opposant le temps de la paix retrouvée (« Depuis quarante ans/L’on ne vit les champs/Tellement flouris/Regner si bon temps/ Entre toutes gens ») et la triste époque de Louis XI, où toute joie est morte (« Adieu dames, bourgeoises, damoiselles/Festes, dances, joustes et tournoie-ments/Adieu filles gracieuses et belles/Plaisirs mondains, esbatements »). Les Matines de la Vierge, sur un autre modèle religieux, perpétuent la tradition de la « prière farcie ».

 

Mais l’œuvre la plus connue de Martial d’Auvergne, les Arrêts d’Amour (1460), qui fut l’un des livres les plus lus à la fin du Moyen Âge (on compte trente-cinq éditions jusqu’en 1734), repose sur la parodie du langage juridique et marque l’aboutissement du type lyrique des cours d’amour, ainsi que la fin des remous suscités par la Belle Dame sans mercy. Chacun des cinquante et un « arrêts » est un « cas » de casuistique amoureuse, un procès débattu devant Prévôt de Deuil, Bailli de Joie, Viguier d’Amour, Conservateur de ses hauts privilèges, ou devant la Cour de céans, les Dames du conseil d’Amour, la Cour d’Amour. Chaque arrêt est divisé en trois : énoncé de la cause, débat, où chaque partie développe ses arguments, lecture du jugement; chacun de ces chapitres constitue ainsi une véritable nouvelle. La peine la plus grave est le bannissement de l’empire d’Amour; mais souvent les châtiments sont aussi insignifiants que les causes elles-mêmes : la dame doit donner un baiser; le galant de l’arrêt 51 est condamné à « estre dépouillé tout nu et en cest état baillé et délivré par le bourreau à quatre vieilles chambrières d’étuves... »

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